Les dermatologues et les médecins esthétiques cherchent chaque jour une solution aux complexes et problèmes de peau de leurs patients. Mais qu’en est-il des leurs? Quels traitements sont leur arme secrète? Pour en avoir le coeur net, nous leurs avons posé directement la question.
Quelle est la meilleure routine de soins pour mon type de peau? Vers quel âge vaut-il mieux commencer le Botox, et comment faire pour conserver un résultat naturel? Les dermatologues et médecins esthétiques sont submergés par les questions de patients qui souhaitent paraître plus jeunes ou à tout le moins plus « frais », et ce pour toujours plus longtemps. Grâce à une communication transparente et à des recommandations professionnelles, ils guident leurs patients vers un visage qui résiste en beauté aux marques du temps qui passe. Et qui mieux qu’eux-mêmes pour incarner les résultats des traitements esthétiques qu’ils préconisent? Mais est-ce parce qu’il proposent un soin en cabinet qu’ils le pratiqueraient forcément sur eux-mêmes?
Pour le déterminer, on démarre notre enquête à Liège, au centre Medesthétique, dont le fondateur a répondu sans filtre à nos questions.
Dr. Bruno Slaviero, médecin esthétique
Quels sont les traitements que vous pratiquez (sur) vous-même?
« J’adore reconstruire les volumes naturels des visages, tant au niveau des tempes que des pommettes ou encore du menton, grâce à des injections de toxine botulique et d’acide hyaluronique pour un rajeunissement global » confie celui qui n’a pas hésité à y avoir recours pour son propre visage, et avoue également être fan du peeling profond au phénol. « On applique sur la peau une substance exfoliante qui va pénétrer jusqu’au niveau du derme profond, et permettre un renouvellement cutané important avec production de collagène et d’élastine, avec un effet lifting et tenseur. Ca permet en prime de lisser les rides profondes et de resserrer les pores ».
Autre traitement auquel le médecin esthétique liégeois ne résiste pas? Les séances de laser fractionné etherea-mx® dualmode. « Le dual fait référence aux deux effets qu’on obtient, soit un effet ablatif, qui enlève une partie de l’épiderme et du derme et offre un effet tenseur et rajeunissement, tandis que le deuxième tir chauffe les fibres de collagène qui sont dans le derme pour gagner en fermeté. J’adore également le Nefertiti lift, qui consiste à injecter de la toxine botulique dans le bas du visage et dans le haut du cou pour améliorer la ligne mandibulaire » et rendre ainsi un aspect plus ferme et dessiné à une zone du visage qui a tendance à « s’effondrer » au gré des années.
Le Dr. Slaviero exerce au Centre Medesthétique, à Liège.
Dr. Dagmar Ostijn, dermatologue
Quels sont les traitements que vous pratiquez (sur) vous-même?
« Les personnes de mon âge, 55 ans en l’occurence, peuvent avoir des rides. Je n’ai d’ailleurs pas l’ambition de vivre avec un visage totalement lisse. Je veux garder un front expressif, et je laisse donc la toxine botulique, ou Botox, de côté pour cette zone. Cela dit, j’utilise tout de même ce relaxant musculaire entre les sourcils pour éliminer une ligne de froncement qui me donnait l’air fâché et triste. Comme j’ai recours au Botox depuis quinze ans, j’ai un peu désappris à froncer. Même lorsque le produit est totalement dissipé, ma ride ne réapparaît pas immédiatement. Je laisse donc quatre à cinq mois avant de refaire une injection. Pour les personnes qui commencent tout juste ou qui s’y mettent plus tard, c’est bien sûr différent.
Beaucoup ont peur du Botox. On craint un résultat trop artificiel, trop visible.
Mais cela ne doit pas forcément ressembler à ce que l’on voit parfois dans les médias. Chaque année, je fais aussi du Tixel, une méthode de raffermissement cutané similaire à celle d’un laser CO₂ fractionné, mais avec un temps de récupération plus court. Les rides marquées ne disparaîtront pas grâce au Tixel, mais les fines ridules s’atténuent et la peau se raffermit.
L’IPL (Intense Pulsed Light) traite les taches pigmentaires et la couperose. Autrefois, j’allais souvent au sauna, ce qui fait qu’aujourd’hui mes vaisseaux sanguins se contractent moins bien. J’ai surtout des rougeurs en hiver ou lorsque je fais du sport, donc je me fais traiter une à deux fois pendant la saison froide. En plus de cela, je fais des peelings et du microneedling tout au long de l’année. Je me laisse aussi tenter de temps en temps par le fameux Vampire Facial, ou PRP (Plasma Riche en Plaquettes, également plébiscité par le Dr. Slaviero NDLR): on injecte le plasma de votre propre sang dans le visage via microneedling, ce qui offre un résultat plus frais et rajeuni.
Je mise principalement sur ce type de traitements réparateurs ou de soins qui améliorent la qualité de la peau. Faire une séance quatre fois par an suffit déjà à ralentir considérablement le processus de vieillissement ».
Y a-t-il des traitements ou interventions qui figurent encore sur votre liste de souhaits?
« Tôt ou tard, j’aurai recours à une blépharoplastie, pour corriger mes paupières tombantes ».
Quel traitement ne comptez-vous plus refaire?
« Je ne referai pas de sitôt le HIFU, ou High Intensity Focused Ultrasound. Ses ondes ultrasonores concentrées sont notamment utilisées pour raffermir la ligne de la mâchoire. On ressent une chaleur profonde jusqu’au derme, et pour moi, c’est trop douloureux. Les personnes qui disent n’avoir ‘rien senti’ lors d’un traitement HIFU chez une esthéticienne ont eu une séance qui n’était pas assez puissante. Dans ce cas, il ne faut pas s’attendre à un véritable résultat ».
Le Dr. Ostijn est la fondatrice de la clinique Skinical, à Melle.
Dr. Chris Crambé, médecin esthétique et régénératif
Quels sont les traitements que vous pratiquez (sur) vous-même?
« Je me fais injecter du filler dans le menton, et depuis quinze ans, j’ai aussi recours au Botox pour la ride du lion, les pattes-d’oie et le front. J’en fais au maximum deux à trois fois par an. Si l’on s’injecte toutes les douze semaines, l’effet devient trop figé. Pour éviter cet aspect trop “tendu”, il est préférable de laisser le produit se dissiper complètement avant de reprendre rendez-vous.
Le Radiesse est un biostimulateur qui stimule la production naturelle de collagène. Je fais ce type de traitement tous les deux ans au niveau de la mâchoire, pour la renforcer et prévenir son affaissement.
Je suis également adepte du PRP Vampire Lift, que je fais une fois par an. Récemment, j’ai testé le Morpheus8, un traitement qui favorise la fermeté et la production de collagène. Il peut s’appliquer au visage et au cou, mais je n’ai fait traiter que mon visage ».
Le Dr. Crambé exerce à la clinique Lightfalls, à Melle.
Y a-t-il des traitements ou interventions qui figurent encore sur votre liste de souhaits?
« Pour moi, tout tourne autour de la fraîcheur du visage. Bien sûr, on souhaite préserver une certaine jeunesse, mais je n’ai aucune envie d’avoir l’air d’avoir dix-huit ans pour toujours. J’ai des rides sur le front et je tiens aussi à conserver toute ma mimique ».
Quel traitement ne comptez-vous plus refaire?
« Il n’y a rien que j’aie fait que je ne referais pas, mais tout doit se faire avec mesure. Le plus beau compliment que mes patients me font, c’est quand leur entourage ne remarque même pas qu’ils sont passés chez moi ».
Dr. Ingrid van Riet, dermatologue et médecin esthétique
Quels sont les traitements que vous pratiquez (sur) vous-même?
« À quarante ans, j’ai fait un lipofilling (une intervention chirurgicale qui utilise sa propre graisse pour traiter une perte de volume) parce que mon visage était devenu plus maigre après un traitement orthodontique. Mis à part cela, en tant que dermatologue, je me suis toujours concentrée sur les traitements régénératifs et l’amélioration de la qualité de la peau.
Avec l’aide de skinboosters et de traitements Sculptra (un injectable à base d’acide poly-L-lactique), je stimule la production de collagène et la fermeté de ma peau. Je répète ces deux traitements une fois par an.
J’utilise le Sculptra sur le visage, le cou et les mains, car il faut veiller à ce que ces trois zones n’aient pas l’air d’avoir un âge différent.
Parce que ma peau le permet, je suis légèrement accro aux peelings, des soins externes aux acides ou acides gras. J’intègre des peelings à ma routine quotidienne à la maison et, toutes les deux à quatre semaines, je fais un peeling plus profond. Ce type de traitement améliore le grain de peau, atténue les ridules et resserre les pores. Je suis ce rythme depuis une vingtaine d’années pour le visage, le cou et le décolleté.
J’ai également fait du PRP (Platelet Rich Plasma) pour stimuler la repousse des cheveux. Et je fais du Botox depuis environ vingt-cinq ans, à faible dose, pour conserver ma mimique et parce que beaucoup de rides ne se sont jamais formées grâce à la prévention. Comme je ne paralyse pas les muscles à 100%, j’injecte trois, parfois quatre fois par an: la ride du lion, les pattes-d’oie, les coins des lèvres, ainsi qu’un peu le cou et le front. Je suis heureuse d’avoir commencé le botox assez jeune, dans la trentaine. Aujourd’hui, il est beaucoup plus courant que les trentenaires commencent à titre préventif, par exemple avec du “babytox”. Cela s’inscrit parfaitement dans la tendance actuelle du look naturel et intemporel ».
Y a-t-il des traitements ou interventions qui figurent encore sur votre liste de souhaits?
« Nous ne pouvons pas modifier la structure interne du visage — les os et les tissus profonds — avec des injections. Pour cela, il faut s’adresser à un chirurgien. J’ai déjà fait pratiquer une correction des paupières combinée à un lifting des sourcils. Si mon cou venait réellement à se relâcher, je l’aborderais aussi de manière chirurgicale.
Par ailleurs, je reste fidèle à mes deux piliers: d’abord maintenir une bonne qualité de peau grâce à une routine correcte à domicile, des peelings et éventuellement des traitements au laser. Ensuite, on complète avec des traitements régénératifs, comme les skinboosters et le PRP. Ce sont des méthodes sûres qui offrent, même après des années, un effet naturel ».
Quel traitement ne comptez-vous plus refaire?
« Je ne fais plus d’ultrasons, comme le HIFU par exemple. C’est extrêmement douloureux et je n’ai constaté que très peu de résultats.
C’est dommage qu’aujourd’hui, sous l’influence des réseaux sociaux, certaines techniques soient fortement mises en avant alors que leur efficacité n’est pas encore suffisamment démontrée. Prenez par exemple les injections à base de sperme de saumon: il n’existe pas assez de preuves qu’elles apportent réellement un changement. Il faut aussi être attentif au contexte dans lequel on réalise certains traitements. Le HIFU peut tout à fait donner de beaux résultats, mais pas chez tout le monde et pas dans toutes les situations ».
Le Dr. Van Riet exerce à la clinique Carpe, à Anvers.
Dr. Iulian Moga, médecin esthétique
Quels sont les traitements que vous pratiquez (sur) vous-même?
« Le Botox, au niveau du front, de la ride du lion et des pattes-d’oie. C’est le traitement le plus pratiqué dans mon cabinet, ce qui est logique: il est particulièrement efficace pour traiter les rides et les lignes d’expression. J’ai commencé à 26 ans parce que je trouvais que mon regard paraissait trop sévère. Je voulais aussi savoir ce que l’on ressentait pendant les injections et quel en était le résultat, afin de mieux accompagner mes patients. Mon regard est devenu plus doux et plus avenant ; un petit changement, mais avec un effet subtil sur la manière dont je me perçois, et dont les autres me perçoivent. Aujourd’hui, à 30 ans, je fais des injections en moyenne deux fois par an.
L’idée que le Botox donne un résultat artificiel est l’un des plus grands malentendus. Si c’est le cas, c’est qu’il y a un problème — il faut alors changer de praticien (rires).
C’est un traitement sûr, efficace et préventif: en relâchant les muscles concernés, on évite que les rides d’expression ne deviennent des plis permanents qui dérangent.
En parallèle, je mise surtout sur mon hygiène de vie. Un bon sommeil, la gestion du stress, une alimentation saine, une activité physique régulière, une exposition contrôlée au soleil et l’évitement des substances toxiques ont un impact visible sur l’apparence et le bien-être. La médecine esthétique vient en complément, mais ne doit jamais en être le substitut. L’essentiel se joue à la maison, chaque jour, sans aiguille ni crème ».
Y a-t-il des traitements ou interventions qui figurent encore sur votre liste de souhaits?
« En ce qui concerne les traitements, je prévois dans un avenir proche, en plus du Botox, de me faire du microneedling, éventuellement combiné à des injections de PRP — même si je dois encore rassembler un peu de courage pour ça (rires) — comme traitements préventifs d’entretien pour garder une peau uniforme.
Je ne m’attends pas, dans les prochaines années, à perdre du volume ou à souffrir d’un relâchement cutané important à mon âge. Lorsque cela se produira, j’aviserai à ce moment-là quelle est la prise en charge la plus adaptée. Qu’il s’agisse d’hydrater la peau avec un skinbooster, de la raffermir avec des biostimulateurs, ou de restaurer subtilement une perte de volume graisseux avec un filler à base d’acide hyaluronique: ce sont toutes des options que je juge possibles pour l’avenir. Et une correction des paupières à un âge plus avancé? Très probablement aussi ».
Quel traitement ne comptez-vous plus refaire?
« Ce n’est pas parce que j’ai toute une gamme de magnifiques produits dans mon armoire que je me traite avec n’importe lequel d’entre eux. Je ne réalise un traitement que si je peux réellement apporter une amélioration, tant chez mes patients que chez moi. Le bon traitement pour la bonne indication. Ce qui fonctionne sur TikTok pour l’un·e ne constitue en rien un modèle pour l’autre. Chaque visage est unique, et il doit le rester ».
Vous pouvez retrouver le Dr. Moga chez Lightfalls, mais aussi au Medisch Centrum de Wijnegem.
Dr. Louise Cuveele, médecin esthétique
Quels sont les traitements que vous pratiquez (sur) vous-même ?
« Depuis que j’ai commencé à travailler comme médecin esthétique en 2023, j’ai déjà testé de nombreux traitements sur moi-même. Le Botox en fait partie, et c’est d’ailleurs l’un des traitements les plus connus dans le monde. Grâce à des injections contrôlées, les signaux moteurs vers certains muscles sont temporairement bloqués. Les muscles se relâchent, ce qui atténue — voire fait disparaître — les rides d’expression, comme on le voit parfois chez les jeunes. Pour une peau plus mature, une correction supplémentaire avec un filler à base d’acide hyaluronique peut être recommandée pour les rides plus profondes.
J’ai toujours trouvé ma lèvre supérieure un peu fine, alors j’ai commencé à utiliser du filler pour les lèvres. En ajoutant subtilement du volume à ma lèvre supérieure, le rapport avec la lèvre inférieure est devenu plus harmonieux. L’effet des fillers peut durer de six à douze mois: le corps dégrade progressivement l’acide hyaluronique — une substance naturellement présente dans l’organisme — contenu dans les injections. Sous mes yeux, j’utilise du filler pour le sillon lacrymal.
En injectant l’acide hyaluronique juste sous les yeux, on recrée du volume, ce qui corrige les cernes creusés provoqués par l’ombre.
J’utilise également des skinboosters sur moi-même. Ils reposent sur une forme liquide d’acide hyaluronique destinée à améliorer la qualité de la peau. Le Profhilo est lui aussi une solution d’acide hyaluronique, une formule aqueuse à l’effet raffermissant. Je stimule la production de collagène et d’élastine grâce au Radiesse. Résultat: une peau plus ferme et plus élastique. Je l’utilise pour un “Happy Lift” au niveau des joues. Pour une peau encore plus lisse, plus ferme et un léger effet liftant, il y a aussi le Morpheus8, un traitement qui combine microneedling et radiofréquence pour favoriser la production de collagène.
Pour éliminer les taches pigmentaires, les dégâts du soleil et les petits vaisseaux rouges, je recours à un traitement à la lumière intense pulsée (IPL), appelé Lumecca. Je l’ai utilisé sur les ailes du nez, où j’avais de petites veines ».
Y a-t-il des traitements ou interventions qui figurent encore sur votre liste de souhaits ?
« Une correction des paupières figure certainement sur ma liste. Lors de cette petite intervention chirurgicale, l’excès de peau des paupières supérieures est retiré, ce qui donne un regard plus frais et plus ouvert. J’aimerais proposer cette intervention dans quelques mois, dans mon nouveau cabinet ».
Quel traitement ne comptez-vous plus refaire ?
« Tous les traitements que je propose dans ma pratique et que j’ai testés moi-même, je les recommanderais — à condition, bien sûr, de tenir compte des besoins spécifiques de chaque patient•e. C’est précisément pour cette raison que j’expérimente beaucoup sur moi-même: c’est ainsi que je peux conseiller au mieux les personnes qui viennent me voir ».
Le Dr. Cuveele a son propre centre médical, Cuveele’s Clinic, à Ixelles.