À force de vivre le nez dans nos smartphones, le double menton précoce est devenu l’une des obsessions de la beauty sphère. Décryptage et pistes de solution.
«Le travail, c’est la santé», assure le dicton populaire. À en croire les simulations du futurologue britannique William Higham, l’adage semble avoir ses limites. Chargé de simuler à quoi ressemblerait notre collègue de bureau – ou nous – d’ici quinze ans, il a créé Emma, une statue de cire dont le dos voûté, le teint pâle, la peau flasque et le double menton, l’une de nos imperfections les moins assumées, ont de quoi faire frémir.
Le constat du chercheur est sans appel: nos jobs de plus en plus sédentaires nous amèneront à passer l’équivalent de huit années de notre vie assis à notre bureau. Le télétravail – pratiqué sur le canapé ou à la table de la salle à manger sur un ordinateur portable pas du tout ergonomique – n’arrange rien à la chose.
Si le relâchement de l’ovale du visage est longtemps resté perçu comme une conséquence inéluctable du temps qui passe, il survient aujourd’hui beaucoup plus tôt qu’avant. Le temps perdu à scroller sur nos smartphones a favorisé l’apparition du «tech neck», ce bas du visage plissé et engorgé à l’excès par la tête courbée vers le bas, allant jusqu’à empâter la mâchoire et déformer les traits.
«Cette posture courbée renforce l’impact de la gravité sur nos traits, alerte Stéphanie Jacquet, fondatrice du Bliss You Face Studio, à Bruxelles, spécialisé dans le yoga du visage. Du cou, au visage et au crâne, ce ne sont pas moins de cinquante muscles qui sont à l’œuvre sans que nous en ayons vraiment conscience.
Si on en néglige certains, d’autres surcompensent.
À force d’être tendus, les muscles se raccourcissent, les fascias se contractent. La circulation du sang est freinée et les cellules moins bien irriguées.» Avec des conséquences prouvées sur la production de collagène et d’élastine, entre autres.
Au rayon beauté, le cou fait donc désormais l’objet de toutes les attentions: crèmes dédiées, outils de massage, appareils à microcourants, masques led ciblant le cou et le décolleté, soins «liftant» en institut…, la panoplie visant ce nouveau mal du siècle ne cesse de s’élargir.
«Tout a son utilité et les actions peuvent même être complémentaires… à condition de faire preuve de constance, pointe Rodolphe Bories, créateur des protocoles de massage chez La Mer.
Inutile d’investir dans une crème ou un outil coûteux si c’est pour l’utiliser seulement une fois par mois. Comme pour le sport ou l’alimentation, il faut une intention claire. Que le cerveau prenne conscience du but que l’on cherche à atteindre. C’est essentiel si on veut que ces nouveaux gestes s’intègrent dans une routine quotidienne de façon quasi automatique, comme quand on se brosse les dents.»
Voici nos six pistes pour y aller crescendo.
1. On relâche les tensions
À force de serrer les dents − au propre comme au figuré –, nos mâchoires se crispent. «Si les muscles masséters, à l’arrière de la mâchoire, sont tendus, ils empêchent la lymphe qui arrive par les glandes lymphatiques localisées à la base du cou de circuler normalement», détaille Stéphanie Jacquet. On commence donc par les masser en faisant des petits mouvements circulaires avec le bout des doigts.
Même constat du côté d’un autre muscle qui rapporte gros au Scrabble, le platysma, sorte de châle fin allant des mandibules jusqu’aux clavicules.
«Quand il est comprimé, il a tendance à tirer tout le visage vers le bas, ajoute la facialiste Sarah Vandendriessche. Il suffit de l’étirer en douceur avec la tranche de la main, le long de la partie latérale du cou, pour le détendre.» Pour activer le système lymphatique, la praticienne suggère des mouvements très légers de pompage le long des clavicules, puis derrière l’oreille et sous le menton.
«Si vous n’avez que quelques minutes par jour, focalisez-vous sur le cou. C’est la charpente du visage.»
Autre bon plan: suivre un cours en ligne chez une spécialiste ou s’abonner à un service de vidéos en ligne bien sourcé.
blissyou-facestudio.com
2. On hydrate
«La peau du cou est 25% plus fine que celle du visage, note Rodolphe Bories. On a pourtant tendance à la négliger et à croire que le visage s’arrête à la mâchoire, alors qu’il faut le voir comme un tout allant du front jusqu’au dessus des seins.»
Ne soyez donc pas avare en sérum ou en crème. Ou optez pour un soin «fermeté» formulé spécialement pour la zone.
3. On protège
Il est désormais démontré qu’un bon SPF reste le meilleur anti-âge qui soit. «De manière préventive et durant toute l’année, on applique donc en fin de routine et sur toute cette zone fragile une protection 50+», insiste Rodolphe Bories.
De plus en plus de marques proposent des protections dites «de ville» à la texture légère qui autorisent le maquillage par-dessus.
4. On se fait masser
Parce qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien et que ces massages ont un réel effet liftant – hélas à court terme –, ils peuvent en tout cas doper la motivation et vous encourager ensuite à faire vos exercices quotidiens à la maison pour en prolonger les effets entre deux séances.
Massage signature intra-buccal, 150 euros. Un soin d’1h20 qui promet un ovale redessiné, une mâchoire détendue, des pommettes repulpées et des sillons nasogéniens estompés.
Soin fermeté visage et cou Resveratol-Lift, 105 euros. Grâce à sa technologie de stimulation musculaire, ce soin de 50 minutes raffermit la peau, lisse l’ovale et booste l’éclat. be.
Kobido Lift, 150 euros. Ce soin mis au point par la marque Cosmetics 27 s’appuie sur les manœuvres précises de tonification du massage traditionnel Kobido afin de favoriser le renforcement des muscles, oxygéner la peau et libérer les toxines.
5. On se fait aider
Les outils de massage sont à la mode: de nombreuses marques – La Mer, Sisley, Clarins, Guerlain… – en proposent avec leurs soins et développent des mini protocoles à faire à la maison qui en boostent l’efficacité. Des tests cliniques l’ont démontré. Dans les derniers modèles sortis, les rollers à double embouts et les ventouses utilisées pour le «face cupping» restent les plus intuitifs à utiliser. T
rès en vogue, la brosse lymphatique brevetée par Cecily Braden est ultra douce et procure une réelle sensation de détente. Sur son site, l’Américaine propose une foultitude de tutorials gratuits. Le gua-sha est toujours aussi populaire mais nécessite plus de prudence: mal manipulé, il peut abîmer les tissus. Envie de monter en puissance? Les coûteux appareils à microcourant comme le Ziip Halo plébiscité par la journaliste britannique Sali Hugues réputée pour ses tests rigoureux et le Bear 2 de Foreo ont fait leur preuve, du moins auprès de ceux qui les utilisent avec diligence.
Une nouvelle génération de masques LED dédiée à la zone du cou est elle aussi en train de se faire une place de choix auprès des beauty addicts.
6. On se redresse
«Dès que vous le pouvez, pensez à rouvrir tout le dessus du corps en tirant les épaules vers l’arrière et à vous tenir droit, détaille Stéphanie Jacquet.
Veillez bien sûr à adapter votre poste de travail en plaçant votre écran à une hauteur suffisante pour garder la tête haute.
Forcez-vous à vous lever toutes les heures. Faites quelques pas. Si vous le pouvez, allez prendre l’air avant d’enchaîner avec une posture statique de «garde-à-vous», conseillée par les kinés.
Mettez-vous contre le mur, la tête, les épaules, les fesses et les talons contre celui-ci. Moins facile qu’il n’y paraît. Et parfait pour ressentir dans son corps les raideurs installées.»
Et au rayon beauté?
1. Le baume concentré cou et décolleté, La Mer, 385 euros.
2. Concentré décolleté et cou – Multi-Intensive, Clarins, 99 euros.
3. Crème pour le cou, Sisley, 169 euros.
4. Fluide quotidien SPF50+ Mineral 89, Vichy, 25 euros.
5. Crème hydratante légère SPF50 5% Vitamine C, Paula’s Choice, 54 euros.
6. Fluide SPF50+ Incroyable Douceur Invisible, Garancia, 22 euros.
7. The Lymphatic Brush, cecilybraden.com, 150 euros.
8. Gua-Sha, likami, 27 euros.
9. Ventouse de face cupping Easy Livin’, zalando.be, 10,95 euros.
10. Ziip Halo, Ziip, 399 euros.
11. Bear 2, Foreo, Foreo, 429 euros.
12. Masque LED cou et décolleté, Currentbody, 320 euros.
