En backstage avec Peter Philips, make-up artist belge: « Les projecteurs ne m’ont jamais attiré »

peter philips dior backstage
Peter Philips dans les backstage du défilé Dior. © Michel Figuet
Lut Clincke Journaliste

Le Belge Peter Philips, directeur artistique de Christian Dior Make-up, a été formé dans la mode, avant de devenir un maquilleur de renommée mondiale. Rencontre en backstage.

Son enfance

C’est une bénédiction d’avoir la possibilité de s’affirmer dès l’enfance et de grandir sereinement. Malgré le divorce de mes parents, je garde un souvenir très positif de ma jeunesse. Ma mère nous a offert une éducation incroyable, à la fois libre et pétrie de bonnes valeurs. Mon frère et moi sommes totalement opposés: c’est un sportif, et moi, je suis un rêveur, ce qui m’a parfois posé problème lors de mon parcours scolaire. J’ai dû redoubler quelques fois, mais ma mère n’a jamais cessé de croire en moi. Elle nous a permis à tous les deux de nous affirmer, sans jamais tenter de nous pousser dans l’une ou l’autre direction. Résultat: à l’adolescence, je n’avais pas la moindre raison de me rebeller.

‘L’intimité dans laquelle je travaillais avant me manque.’

Son grand-père

Je suis heureux d’être né avant l’arrivée d’Internet. Jusqu’à mes 13-14 ans, j’étais encore un grand enfant. Je n’aimais rien tant que jouer dehors et j’étais dans une sorte de cocon d’innocence. Le week-end, j’allais souvent chez mes grands-parents, grâce auxquels j’entretiens un lien tout particulier avec le passé. Mon grand-père maternel est né en 1911, ce qui veut dire qu’il a connu les premières voitures, la Première et la Seconde Guerre mondiale, et la prospérité croissante qui les a suivies. Je suis très reconnaissant d’avoir pu partager les souvenirs de quelqu’un qui a vécu tous ces chamboulements historiques.

Sa vision des réseaux sociaux

L’avalanche d’informations disponibles aujourd’hui est à double tranchant. Bien qu’on puisse techniquement trouver réponse à tout, cela devient de plus en plus difficile de différencier le vrai du faux ainsi que de garder une vision globale sur les choses. Google n’existait pas encore aux débuts de ma carrière créative: mon inspiration provenait entièrement des livres et de ce que je voyais au quotidien. Autrement dit, des références authentiques. Aujourd’hui encore, je me protège tant que faire se peut des réseaux sociaux.

Sa devise

Le non est garanti, le oui peut s’obtenir. Ces sages paroles de ma grand-mère sont devenues ma devise. Et même si cela peut sembler simple, cela implique beaucoup d’efforts. Il faut oser demander, oser tenter des choses, même si on ne sait pas si cela sera couronné de succès. C’est comme ça qu’on avance dans la vie. Lors de mes études à l’Académie d’Anvers, j’ai réalisé que je ne voulais pas devenir créateur de mode, mais qu’il existait d’autres manières d’exprimer ma créativité dans le milieu, en développant mon propre style de maquillage. J’ai toujours suivi mon intuition et accepté des missions qui faisaient sens pour moi, même si ce n’était pas toujours évident pour les autres. C’est en faisant ce que j’aime que j’en suis arrivé où je suis aujourd’hui.

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Son instinct

Rien ne me comble plus que de créer quelque chose de toutes pièces. Je continue de faire confiance à mon instinct dans ma carrière. Malheureusement, les jeunes d’aujourd’hui semblent avoir perdu cette capacité. Créer quelque chose à partir de rien prend du temps, c’est un processus relativement lent. C’est d’ailleurs le plus grand défi auquel je fais face: trouver le temps.

Sa source de joie

Vieillir est ce qu’il y a de plus difficile dans la vie. Mon âge ne me pose aucun problème, au contraire: je trouve que vieillir est un privilège. Mais l’aspect physique du vieillissement est plus difficile à accepter. J’aurai bientôt 57 ans: j’aime toujours autant travailler dur, et mon travail reste une source de joie, mais il arrive que je sois confronté à mes limitations physiques. L’impact du décalage horaire, les longs trajets entre Paris et Anvers ou encore travailler des semaines sans interruption n’est plus aussi simple qu’avant.

Son rôle chez Dior

Travailler pour une grande maison à la riche histoire offre de nombreuses possibilités. L’ADN de la marque s’enrichit à chaque saison et à chaque nouvelle collaboration avec un nouveau créateur, qui en capture le zeitgeist. Si je fais le bilan des neuf dernières années, je dirais que j’ai réussi à affranchir Dior Make-up de son image élitiste. On continue à produire une gamme de luxe, extrêmement qualitative, mais qui n’intimide plus. Cette démocratisation est une étape importante, tout comme la disparition progressive des diktats de la mode.

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Ses défilés en tant que directeur artistique Make-Up

Ce qui se passe backstage est devenu presque aussi important que le front row. Car ces dernières années, les réseaux sociaux et les chaînes de mode ont tout bousculé. Personnellement, les projecteurs ne m’ont jamais attiré. Je leur préfère de loin les coulisses. J’ai appris à m’accomoder des caméras braquées sur moi, mais l’intimité dans laquelle je travaillais avant me manque.

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