La seconde guerre des boutons: 10 questions pour venir à bout de l’acné adulte
30 printemps et toujours bourgeonnant! Si l’acné reste pour beaucoup un traumatisme d’ado, nombre d’adultes, surtout des femmes, y sont également confrontés. Comment y échapper et que faire pour s’en débarrasser? Nos spécialistes répondent aux questions.
L’âge avançant, ce sont souvent les rides que l’on craint de voir surgir dans le miroir. Et puis, oh surprise, c’est en réalité l’acné qui pointe (à nouveau) le bout de son nez. Selon une étude publiée dans les Annales de Dermatologie et de Vénéréologie, en décembre 2010, cet ennemi des ados toucherait 40% des adultes. Ces petits boutons, comédons et kystes douloureux peuvent avoir une influence psychologique considérable, entraîner des cicatrices ou une hyperpigmentation post-inflammatoire. Et « comme toute inflammation cutanée, elle favorise le vieillissement de la peau », explique Barbara Geusens, docteur en dermatologie et fondatrice de la ligne de cosmétique Nomige. Que faire alors? Manger moins de chocolat? Deux expertes nous éclairent.
1. L’acné, c’est quoi?
Des pores bouchés et une production de sébum accrue forment le terrain de reproduction favori des bactéries qui causent les boutons, les cutibacterium acnes et le staphylocoque doré. On parle aussi souvent de points noirs ou blancs, et éventuellement de kystes.
2. Quelle différence entre l’acné juvénile et celle chez les adultes?
Selon le docteur Dagmar Ostijn, dermatologue pour Dermadent, » chez les adolescents, l’acné se présente principalement sur la zone T, c’est-à-dire le front, le nez et le menton. Les jeunes ont aussi typiquement la peau grasse, ainsi que les cheveux. Chez leurs aînés, l’acné se situe surtout dans la zone U: la mâchoire, le menton et le cou. »
3. Hommes et femmes sont-ils égaux?
Les secondes sont plus souvent touchées. Selon des études, cette affection cutanée concerne 40% des femmes entre 25 et 40 ans et 5% des plus de 40 ans. « Mais chez les hommes, les cas sont souvent plus sévères, et se développent surtout sur la poitrine, le dos et les avant-bras, explique le docteur Ostijn. Leur visage est la plupart du temps épargné. Chez les femmes, les boutons se concentrent sur la zone U, et parfois dans le décolleté. »
4. Quelques boutons et comédons, c’est déjà de l’acné?
Oui. Les dermatologues distinguent quatre types d’acné. Le grade 1 est le plus léger, avec principalement des comédons ouverts et fermés (points noirs et blancs) et quelques petites taches rouges. « Le grade 4 est le plus sévère, avec de nombreux kystes profonds et des pustules remplies de pus, ajoute Dagmar Ostijn. Il est moins fréquent chez les adultes, qui souffrent plutôt de grade 2 ou 3. »
5. Quelles sont les causes?
Chez nombre de femmes, on pointe les hormones, qui influencent la production de sébum et l’apparition de boutons, notamment au moment des règles. Selon notre dermatologue: « Une semaine après l’ovulation, nombreuses sont celles qui remarquent une poussée d’acné. Cela arrive également durant une grossesse, à cause du syndrome des ovaires polykystiques, après l’arrêt de la pilule, avec la prise d’une pilule progestative ou après la pose d’un stérilet hormonal. » D’autres facteurs peuvent aussi entrer en jeu: prédisposition génétique, cigarette, pollution, UV, traitement médical, cosmétiques, port du masque prolongé… et stress (souvent coupable chez les plus de 30 ans). Le chocolat noir ne favorise par contre pas le bourgeonnement intempestif, mais les sucres à indice glycémique élevé et les protéines bien.
6. Comment éviter l’acné?
Votre patrimoine génétique ne changera jamais, et se défaire du stress est ardu, mais pour beaucoup, une adaptation du moyen contraceptif fonctionne. « Prendre des antibiotiques contre l’acné n’a aucun sens si celle-ci est causée par votre stérilet », précise le docteur Ostijn. Vous pouvez aussi éviter les sucres rapides, arrêter de fumer ou changer de cosmétiques. Beaucoup cherchent à exfolier leurs boutons et points noirs au moyen de peelings (ce qui ne fait qu’aggraver les choses) et à se débarrasser de leur sébum (idée tout aussi peu judicieuse). Barbara Geusens, qui a elle-même souffert d’acné, croit en une approche plus douce. « En donnant les bons lipides à votre peau, avec de l’huile de jojoba par exemple, elle pensera avoir produit assez de sébum et n’en fabriquera plus. Les produits qui éliminent le sébum stimulent eux la peau à en produire davantage. Optez également pour une crème au pH bas (autour de 4). Vous pouvez en évaluer l’acidité en utilisant une bandelette indicatrice. Dans un milieu acide, les bactéries ne peuvent pas grandir. » Le docteur Geusens conseille d’utiliser des laits ou des huiles pour enlever le make-up, les cellules mortes, le sébum et la pollution qui obstruent les pores. Dagmar Ostijn, elle, suggère des solutions non comédogènes qui ne bouchent pas les pores. « Ce terme n’est pas protégé légalement, mais nous pouvons supposer que les grandes marques pharmaceutiques ne mentent pas à ce sujet. Troquez aussi vos fonds de teint épais pour une poudre minérale ou un produit pour peau acnéique. »
7. J’ai des boutons, donc j’ai de l’acné?
Pour le profane, toute rougeur ou bouton fait penser à l’acné, mais ce n’est pas aussi simple. « La rosacée, la dermatite périorale, la folliculite ou l’acné due à la cortisone ressemble à de l’acné classique, car elles entraînent l’apparition de boutons, mais ceux-ci ne sont jamais des comédons », décrypte Dagmar Ostijn. Un dermatologue fera la différence.
8. Quels produits choisir?
Il n’existe pas de remède miracle, mais certains ingrédients peuvent aider. Les acides AHA et BHA exfolient par exemple la peau afin qu’aucune cellule morte ne vienne obstruer les pores. De plus, l’acide salicylique (BHA) nettoie ces pores de l’intérieur et apaise la peau. L’acide azélaïque, quant à lui, combat les rougeurs et l’hyperpigmentation post-inflammatoire. « Le niaciamide, anti-inflammatoire, et le zinc peuvent également être utiles », ajoute le docteur Ostijn. Tout comme les rétinoïdes, dérivés de la vitamine A. « S’ils sont utilisés dans une solution adaptée! Dans une huile pure et occlusive, le rétinol peut entraîner une augmentation des éruptions cutanées », nous avertit Barbara Geusens. Les probiotiques aident à maintenir notre microbiome en équilibre. C’est pourquoi la marque belge YUN ajoute des lactobacilles actifs à ses crèmes contre l’acné. D’autres labels utilisent des ferments, des lysats ou des composants prébiotiques, dans le but de nourrir les (bonnes) bactéries de notre peau. En résumé: en nourrissant les bonnes bactéries ou en en ajoutant, ces crèmes empêchent les mauvaises bactéries de proliférer, car celles-ci n’auront plus assez de place. Une piste intéressante qui fait l’objet de nombreuses recherches aujourd’hui.
9. Que peut faire le dermatologue?
Seuls, les cosmétiques sont souvent insuffisants. Le dermatologue établira un traitement au cas par cas. « Pour les comédons, nous travaillons avec des rétinoïdes, du peroxyde de benzoyle, qui a un effet anti-inflammatoire, et des acides glycoliques, salicyliques et azélaïques, énumère Dagmar Ostijn. Pour les papules et les pustules, nous prescrivons des crèmes antibiotiques. En cas de kyste, celles-ci ne fonctionnent pas, car elles ne pénètrent pas au coeur de l’infection. Les antibiotiques à prise orale, oui. Nous les combinons à un traitement topique pour six mois maximum. En cas d’acné sévère, nous utilisons l’isotrétinoïne. Un traitement certes efficace, mais qui, à forte dose, peut assécher la peau et entraîner une infertilité. » Selon le docteur Geusens, puisque les antibiotiques tuent également les bonnes bactéries, il vaut mieux essayer les probiotiques en premier lieu, « en accord avec un dermatologue ». Les peelings pros, les traitements au laser, le microneedling ou les techniques HydraFacial peuvent aider en cas d’acné et surtout de cicatrices, mais il vaut mieux consulter un dermatologue avant.
10. Peut-on percer ses boutons?
« Non, car vous en libéreriez les bactéries qui causent d’autres comédons », répond le docteur Geusens. Laissez cette tâche aux professionnels.
Ces produits aident à combattre l’acné. Mais demandez conseil à votre dermatologue pour trouver la solution adaptée à votre peau.
1. Retinol Clearing Oil, Dermalogica, 89 euros.
Antiacnéique et anti-âge, cette huile de nuit enrichie en rétinol, acide salicylique et lipides s’attaque aux boutons, imperfections, rides et taches de pigmentation.
2. Sébium Night Peel, Bioderma, 18,76 euros.
Cette cure de nuit contient 15 % d’acide glycolique, du D-panthenol et des antioxydants, pour une peau plus lisse et rayonnante et moins de boutons en seulement un mois.
3. Skin Perfecting 2% BHA Liquid Exfoliant, Paula’s Choice, 34 euros.
Avec ces 2% d’acide salicylique, cet exfoliant culte ouvre et nettoie les pores.
4. Acne Deep Cleanse, Verso, 40 euros.
Un nettoyant exfoliant à base d’acide salicylique, de niaciamides, de curcuma et de zinc.
5. Cleanance Women Serum Correcteur, Avène, 24,50 euros.
Le P-RefinylTM, un composant à base d’acide lactique et glycolique, matifie la peau et aide à garder la production de sébum sous contrôle.
6. ACN+ peau normale à grasse, YUN, 39 euros.
Les bactéries vivantes de cette crème permettent de contrôler les bactéries responsables de l’acné.
7. Normaderm Phytosolution Soin quotidien, Vichy, 18,95 euros.
Probiotiques, acides hyaluronique et salicylique pour combattre les imperfections et renforcer les défenses de la peau.
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