Si vous pensiez que le golf était réservé aux (vieux) riches, pensez-y à deux fois. Les influenceurs ont en effet transformé un sport guindé en un divertissement toujours plus populaire – surtout chez les jeunes.
Les meilleurs golfeurs font paraître chaque drive, chip et putt d’une facilité déconcertante, mais quiconque a déjà tenu un club sait qu’un coup peut potentiellement mal tourner de mille manières embarrassantes. Grant Horvat, un talentueux golfeur amateur, s’est fait un nom en ligne en illustrant le fossé entre les professionnels et les joueurs du week-end. Ses vidéos ont été visionnées plus de 250 millions de fois sur YouTube, et dans une série, il rencontre des pros et tente de les battre sur quelques trous.
Pour promouvoir la Ryder Cup, un tournoi biennal opposant des équipes d’Amérique et d’Europe, la Professional Golfers’ Association (PGA) a mis en scène un duel entre M. Horvat, et Tommy Fleetwood, un golfeur professionnel britannique. Ils ont joué à Bethpage Black, parcours redoutablement difficile de New York qui a accueilli la compétition cette année. Et Grant Horvat, à qui l’on avait accordé une avance de trois trous avec seulement cinq à jouer, a remporté la partie.
Il est révélateur que les organisateurs de l’un des tournois les plus prestigieux du golf aient fait appel à un YouTuber.
Le sport est extrêmement populaire en ligne: sur Instagram, plus de 40 millions de publications portent le hashtag #golf, et sur TikTok, celui-ci cumule 125 milliards de vues.
À l’inverse, les audiences télévisées traditionnelles sont en déclin depuis longtemps. Cela s’explique en partie par la scission entre les meilleurs joueurs professionnels, répartis entre le PGA Tour et le LIV, une tournée concurrente financée par l’Arabie saoudite et créée en 2021, qui a rendu les compétitions officielles moins complexes et moins palpitantes.
Mais c’est aussi parce que les vidéos de golf sont tout simplement très divertissantes.
La relève du golf
Une nouvelle génération de fans célèbre les aspects les plus enthousiasmants du sport tout en laissant de côté son côté guindé. Quelqu’un comme Bob Does Sports met par exemple en scène la camaraderie sur le green. Ses pitreries, qui mêlent souvent alcool fort et coups puissants, ont accumulé 285 millions de vues sur YouTube.
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D’autres créateurs se concentrent sur les coups spectaculaires, mettant ainsi en valeur la dextérité et la précision dont les meilleurs joueurs doivent faire preuve, tout en rappelant aux spectateurs pourquoi le golf est si difficile à maîtriser.
En 2021, Matt Scharff, membre du collectif Good Good Golf, a réalisé un trou en un depuis 261 mètres; la vidéo a été vue près de 6 millions de fois. Un duo appelé Max et Harry tente, lui, de frapper des œufs, des bouteilles de vin et des vases à distance.
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Bryson DeChambeau, double vainqueur de l’US Open et originaire de Californie, s’est lui aussi lancé dans cette nouvelle dynamique. Autrefois perçu comme un joueur un peu austère en raison de son obsession quasi scientifique pour la physique appliquée à son swing, il s’est réinventé en ligne. Dans ses vidéos YouTube, qui totalisent 450 millions de vues, il relève divers défis semi-sérieux (« Puis-je battre le record d’un parcours public en une seule tentative ? ») ou dispute une partie avec une personnalité connue, comme Donald Trump. Une nouvelle facette qui l’a rendu encore plus populaire.
Les marques de golf rémunèrent désormais des YouTubers et des TikTokers, ainsi que de jeunes talents prometteurs, pour promouvoir leurs produits.
Kai Trump, la petite-fille adolescente du président, coche ces deux cases: elle ambitionne de devenir golfeuse professionnelle après l’université et compte déjà 3 millions d’abonnés sur TikTok.
Ce qui lui a permis de signer des contrats lucratifs avec TaylorMade, fabricant d’équipements de golf, entre autres.
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Le monde du golf a eu raison d’embrasser cette vague de créateurs de contenu. Tout joueur débutant le sait: se présenter pour la première fois dans un club peut être intimidant. On craint le regard des membres, leurs remarques sur vos chaussures ou leurs moqueries après un drive raté… À l’inverse, nombre des vidéos de golf les plus populaires sur les réseaux sociaux donnent une image plus conviviale et accessible du sport. LIV, la tournée financée par l’Arabie saoudite, a ainsi produit une série de vidéos associant ses professionnels à des amateurs venus de YouTube. De son côté, le PGA Tour a organisé l’an dernier des compétitions réservées aux influenceurs, baptisées « Creator Classics ».
Pourtant, les organisateurs pourraient mieux exploiter le potentiel de ces célébrités du web.
Grant Horvat, par exemple, a récemment refusé une invitation du PGA Tour à participer à l’un de ses tournois, car il n’aurait pas été autorisé à filmer sa partie.
Les partenaires de diffusion du PGA Tour ne devraient pas considérer les YouTubers comme des rivaux: la National Basketball Association (NBA), par exemple, partage des extraits vidéo avec certains influenceurs triés sur le volet afin qu’ils les republient sur leurs propres chaînes.
De fait, les YouTubers et TikTokers sont peut-être en train de préparer la relève du golf. Enfant, Rory McIlroy — vainqueur du Masters en avril — s’exerçait à envoyer ses balles dans la machine à laver de sa mère.
Il ne suffit parfois que d’une vidéo virale pour qu’un jeune se découvre la passion du swing.