Delphine Kindermans
Coupe du Monde: « Le poids des mots, le choc des sponsors »
« Les marques sont prêtes à payer cher pour profiter de cette formidable lucarne médiatique. »
Trente-deux Etats en compétition, soixante-quatre matchs, douze stades pour les accueillir en Russie et un milliard de budget : c’est sûr, ce Mondial 2018 voit grand, et les amateurs de foot vont s’en donner à coeur joie. En particulier ceux qui, en temps normal, taisent leur passion comme on cache un penchant avilissant. C’est qu’en cette période de Coupe du monde, on oublie la triste réputation du ballon rond pour se retrouver, tous unis, derrière nos couleurs. Dans notre dossier Le foot c’est beauf (et autres clichés à démonter), nous avons voulu savoir pourquoi ce sport-là a si mauvaise presse, surtout dans nos contrées, et avons pu constater que les choses sont en train de changer. Au point que, à côté des brasseurs ou des fabricants de junk food, le luxe se prend d’amour pour lui, la maison Louis Vuitton allant jusqu’à évoquer le » langage universel » d’une » discipline fédératrice, qui véhicule des valeurs « . » Si vous êtes ouverts d’esprit, insiste Michael Burke, CEO de ce fleuron du groupe LVMH, vous vous devez de participer à un tel événement. » Le fait que le malletier réalise le coffret recelant le précieux trophée, et dédie par ailleurs une édition limitée de ses sacs emblématiques à la manifestation, n’est sans doute pas étranger à ce parti pris affirmé.
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On le sait, entre partenariats avec les délégations et parrainages divers, l’enjeu est de taille pour les marques, qui sont prêtes à payer cher – mais pas vilain – pour profiter de cette formidable lucarne médiatique. Revers de la médaille : elles font entendre leur voix auprès des clubs, parfois davantage que certains ne le souhaiteraient. Ainsi, on se souvient que les arguments de Dominique Leroy, patronne de Proximus, avaient finalement eu plus de poids auprès de la Fédération que ceux des femmes qui s’étaient inquiétées avant elle du choix du rappeur Damso pour signer son hymne. Dès le mois de novembre dernier, en effet, Viviane Teitelbaum, au nom du Conseil des femmes, s’était insurgée qu’un chanteur qui se vante de » sécher les cours pour mouiller des chattes, ouais, ouais, ouais, ouais, ouais » et fait allusion à la quenelle de Dieudonné se voie confier une tribune censée rassembler. Il avait pourtant fallu attendre le 8 mars, le contexte sulfureux de l’affaire Weinstein, mais surtout la prise de position de la boss de l’opérateur téléphonique, gros sponsor de l’équipe nationale, pour que l’Union belge jette l’éponge…
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