Avec le Bruxellois Jonas Zimmer (Sweety), la pâtisserie devient un jeu d’enfant

© Frédéric Raevens
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

En imaginant des vidéos alléchantes labélisées Sweety, le Bruxellois Jonas Zimmer a créé la sensation pâtissière du moment. La recette? Du sucre, un soupçon de vitesse et une bonne dose de débrouille.

« Je suis en amour avec toutes vos vidéos. » « J’ai testé ce plat ce soir, une véritable tuerie, à tomber à la renverse. » « Je vais immédiatement refaire cette recette. » « J’adore ce que tu fais. Choix des musiques, façon de filmer et techniques pro adaptées au grand public, bref au top ! »

Sur la page Facebook Sweety, les commentaires positifs se comptent par centaines et viennent des quatre coins du globe. Il faut dire que les petites séquences d’environ deux minutes sont imparables. Joliment montées et dopées à la vanille ou à la pâte feuilletée, elles donnent l’impression que la pâtisserie est un jeu d’enfant, un Lego sucré et fruité.

En bonus, Jonas Zimmer, le talent qui se cache derrière le concept, livre le déroulé intégral des recettes par écrit. Mieux, il prend la peine de répondre à la moindre question des internautes. « Je n’ai pas de bâton de cannelle, puis-je mettre de la poudre ? » Réponse endéans les dix minutes : « Oui bien sûr, un tout petit peu. »

Il y a aussi les remarques des experts. Comme pour ce gâteau au caramel-noisettes-chocolat au lait qui se prend le « Dommage, pas bonne température pour la mousse qui a grainé » d’un fin observateur. Beau joueur, Zimmer bat sa coulpe : « Oui, la forte chaleur de la journée et des projecteurs ont eu raison de ma mousse. » Le tout ponctué d’un émoticône qui pleure.

Pas de doute, Sweety synthétise les obsessions d’une époque qui aime la bouffe, le sucre, les échanges, l’immédiateté, qui veut tout faire par elle-même et, sans doute, entend faire main basse sur le beurre et l’argent du beurre.

A 19 ans seulement, Jonas Zimmer est bien parti pour rafler la mise. Il fait partie de cette génération qui a grandi avec les émissions culinaires… jusqu’à saturation. Le gavage ayant ses limites, il a instinctivement compris qu’un autre format était nécessaire, plus intuitif et surtout plus participatif. Le succès du modèle américain Tasty, dont les vidéos cartonnent, l’inspire.

Avec le Bruxellois Jonas Zimmer (Sweety), la pâtisserie devient un jeu d'enfant
© Frédéric Raevens

La réponse ne se fait pas attendre. En deux mois à peine, la petite trentaine de vidéos postées a récolté pas moins de… 5 millions de vues. A elle seule, sa recette de pastéis de nata, des petits flans crémeux portugais, a été visionnée plus de 2 millions de fois. Quand on le rencontre, le Bruxellois n’a rien du geek à boutons que l’on aurait pu imaginer. Au contraire, le jeune homme a une carrure de rugbyman. Clairement BG, « beau gosse » en parler jeune, il respire l’équilibre malgré le rythme éreintant de ses productions. « Il faut environ douze heures de travail pour une vidéo de deux minutes », explique-t-il patiemment.

Comment on en arrive là ? « J’avais demandé à mes parents de m’inviter dans un restaurant gastronomique pour la réussite de ma quatrième année secondaire. J’ai eu un flash sur un financier aux noisettes, c’était le meilleur gâteau que j’avais mangé depuis ma naissance. En rentrant, j’ai fouillé le Net de fond en comble pour le refaire. J’y suis arrivé après dix tentatives. Quelque chose en moi s’est déclenché. »

La suite ? Elle coule de source. Terminer les études ; rejoindre, pour une formation de huit mois, l’Ecole nationale supérieure de pâtisserie imaginée par Alain Ducasse et Yves Thuriès ; faire des stages notamment chez Christophe Michalak à Paris… Et puis se dire que l’on préfère rouler pour soi. C’est à ce moment-là que Jonas s’est mis à réaliser ces petits clips en apprenant à maîtriser un reflex Canon 70D et le logiciel Adobe Premier Pro via des tutoriels.

Traversée par un échafaudage métallique qui soutient des éclairages, sa chambre est désormais transformée en studio dans lequel on est prié de ne pas le déranger. Pour cause, à coups d’éclairs à la fraise ou de macarons chocolat, son futur s’y précise un peu plus chaque jour, suivi par 50 000 followers et les grandes marques de l’agro-alimentaire qui lui font déjà de l’oeil.

Page Facebook de Jonaz Zimmer / Sweety/

Bio express

21 octobre 1996 Naissance à Bruxelles.

Juin 2012 Est bouleversé par un financier.

Juin 2014 Rejoint l’Ecole nationale supérieure de pâtisserie (ENSP).

1er juillet 2016 Première vidéo en ligne sur la page Facebook Sweety.

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