Ducasse perd la Tour Eiffel au profit de Marx et Anton, un duo de chefs 5 étoiles
Les chefs Frédéric Anton et Thierry Marx, choisis vendredi pour diriger la restauration de la tour Eiffel au détriment d’Alain Ducasse, sont deux quinquagénaires qui cumulent cinq étoiles Michelin et ont en commun, outre une certaine ressemblance physique, d’avoir été jurés dans des émissions TV.
Frédéric Anton, 53 ans, qui sera aux manettes du Jules Verne, le restaurant gastronomique du 2e étage, actuellement auréolé d’une étoile, s’est fait connaître du grand public par « Master Chef », dont il fut un des membres du jury pendant quatre saisons (2010-2013).
Pour une poignée de gourmets et de privilégiés, cet homme à l’allure de boxeur chauve est déjà connu pour sa cuisine raffinée au Pré Catelan, restaurant du Bois de Boulogne où aucun mets n’est facturé à moins de 100 euros, sinon « L’os à moelle », son plat signature à… 95 euros.
Depuis 2007, l’établissement figure dans le prestigieux club des trois étoiles au Michelin. Une consécration obtenue à 43 ans pour ce Meilleur ouvrier de France 2000.
Né le 15 octobre 1964 à Nancy, Frédéric Anton qui se rêvait ébéniste, opte finalement pour l’art culinaire. Il en gardera le goût de la précision et de la simplicité, sa cuisine d’auteur tablant sur l’épure.
Après le lycée hôtelier de Gérardmer (Vosges, Est), il se forme auprès de maîtres de la cuisine classique française, Gérard Veissière, Robert Bardot et Joël Robuchon, dont il devient chef de cuisine jusqu’en 1996.
L’année suivante, le Pré Catelan, propriété du groupe Lenôtre, lui propose de prendre les rênes du restaurant gastronomique. Il y affirme son style: deux ans plus tard, le restaurant obtient deux étoiles.
A la tête d’une brigade d’une vingtaine de personnes, ce père d’une fille d’une vingtaine d’années avait en 2014 renvoyé un chef de partie qui avait volontairement brûlé un apprenti.
Capital médiatique
Le très médiatique Thierry Marx, qui s’occupera de la brasserie du premier étage de la tour Eiffel et de la vente à emporter, est un hyperactif aux multiples projets, qui conjugue ses activités gastronomiques avec un engagement social, par le biais de ses centres de formation pour personnes marginalisées.
Aux commandes du Sur Mesure, restaurant deux étoiles du palace parisien Mandarin Oriental, le chef de 58 ans est un adepte de la cuisine moléculaire, très influencé par l’Asie.
Parisien aux faux airs de Bruce Willis, Thierry Marx a grandi dans le quartier populaire de Ménilmontant au sein d’une famille d’immigrés polonais. Ancien cancre, ceinture noire de judo, il a été casque bleu pendant la guerre au Liban avant de s’engager dans la gastronomie.
Formé comme Compagnon du Devoir en pâtisserie, passé dans des restaurants de renommée internationale, notamment Ledoyen, Taillevent et Robuchon, cet ancien juré de l’émission « Top Chef », anime Cuisine mode d’emploi(s), un réseau hexagonal de centres de réinsertion et de formation aux métiers de la restauration qu’il a fondé à Paris en 2012.
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Il a aussi créé, avec le chercheur en physico-chimie Raphaël Haumont, le Centre français d’innovation culinaire (CFIC), à Orsay, à l’université Paris-Sud.
Outre le Sur Mesure, il est à la tête d’une brasserie à la gare du Nord à Paris, d’une autre au sein de l’hôpital Edouard-Herriot de Lyon, d’un restaurant japonais à l’aéroport de Roissy, d’une boulangerie -bientôt deux- et prévoit d’ouvrir en septembre 2018 un fast-food « sain et gourmand » à Paris.
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