À Anvers, un penthouse vintage mêlant bois et béton avec subtilité
Durant 33 ans, Mirjam Van den Akker a collaboré avec Ann Demeulemeester. Son logis anversois, conçu par Nathalie Van Reeth, marie les textures contrastées, les couleurs chaleureuses et les objets vintage judicieusement choisis.
Le matin, quand Mirjam Van den Akker ouvre les rideaux de sa chambre, dans son penthouse anversois, le soleil se lève derrière la tour de l’église Saint-Laurent, un magnifique édifice néo-byzantin de la fin des années 30.
On pourrait croire qu’elle vit dans une cabane perchée, tant les cimes des arbres feuillus du parc voisin Hof van Leysen sont proches.
« Notre terrasse est un merveilleux espace de vie. Dès que possible, nous vivons dehors , nous confie-t-elle. Les couchers de soleil sont magnifiques. Les teintes rougeoyantes plongent notre appartement dans une lueur chaleureuse. »
Déco Chaleureuse
La chaleur n’est pas ce qui manque chez cette créatrice. Grâce à l’architecte d’intérieur Nathalie Van Reeth, tout son intérieur jongle avec des couleurs ardentes et des matériaux sensuels, qui invitent au toucher.
« Une ambiance brésilienne, mais avec moins de soleil, s’amuse l’architecte qui a pris plaisir à jouer avec les contrastes. Par exemple, les plafonds en béton apparent et les murs en plâtre affichent un caractère rugueux, tandis que les armoires laquées noires et les salles de bains en Mortex sont lisses.
Le sol en travertin, qui continue sur la grand terrasse, équilibre joliment le travail sur mesure en noyer. Et le canapé Soriana en velours orange profond appelle à être caressé. « Notre maison est une sorte de suite d’hôtel où nous aimons nous retirer à deux. C’est notre refuge privé », résume l’habitante.
Parcours sans fautes
Que ce soit des tapis, la moquette, les rideaux ou les tissus d’ameublement, on retrouve ici énormément de beaux textiles. Et ce n’est pas étonnant car Mirjam Van den Akker a travaillé trente-trois ans comme bras droit créatif d’Ann Demeulemeester.
« J’ai étudié la mode à Amsterdam, mais je suis venue à Anvers chercher un stage, car les Six d’Anvers faisaient alors fureur », se rappelle-t-elle.
Elle fait ainsi allusion aux six diplômés de l’Académie de mode d’Anvers qui ont bouleversé la mode internationale au début des années 80 avec leurs collections révolutionnaires et radicales – Dries Van Noten, Walter Van Beirendonck, Dirk Bikkembergs, Ann Demeulemeester, Marina Yee, Dirk Van Saene.
L’après Ann Demeulemeester
Et de poursuivre : « Quand j’ai postulé chez Ann Demeulemeester, je n’ai même pas eu à montrer mon portfolio. Elle m’a regardée et a intuitivement dit : « Tu peux commencer lundi. » Après mon stage, j’ai travaillé un moment au bureau de tendances de Li Edelkoort à Paris. Mais Ann m’a rappelée.
C’étaient les années pionnières de sa marque. Avec notre petite équipe, nous faisions vraiment de tout, de l’élaboration des collections à la sélection des tissus, de la tenue des showrooms à la visite des fabricants.
Lorsqu’Ann a annoncé sa retraite fin 2013 par une lettre, cela a également signifié la fin de l’association de Mirjam avec la griffe. Depuis, cette dernière a été reprise par des Italiens, mais l’équipe a été entièrement renouvelée.
Ann, avec son partenaire Patrick Robyn, s’est consacrée au design, à la céramique et à sa propre ligne de parfums, tandis que Mirjam est devenue styliste et consultante de mode.
Les influences de la mode
« Créer mon propre label n’était pas une option pour moi. Je n’ai jamais vraiment caressé ce rêve, avoue-t-elle. Dès mon enfance, il était évident que je me dirigerais vers ce secteur. J’avais 6 ans et je me mettais déjà à la machine à coudre. J’ai fait la connaissance d’une dame âgée, très coquette, chez qui je pouvais aller tous les vendredis pour apprendre à l’utiliser. Nous prenions toujours le thé ensemble. Elle était couturière. Elle apportait des chutes de tissu du marché, que je devais assembler. Une merveilleuse formation. »
La vision de la mode de Mirjam a été marquée par ce parcours avec l’avant-garde belge. Et cette esthétique se ressent également dans son penthouse, où des éléments féminins, plus sensuels, et masculins, plus robustes, se complètent harmonieusement.
Tableau fondateur
Les meubles vintage confèrent au lieu un vécu, tandis que des accessoires ethniques judicieusement choisis créent une atmosphère de vacances. Un des points forts de l’intérieur est la peinture de l’artiste anversois Floris Jespers (1889 – 1965).
« Elle est actuellement posée au sol, car je n’ose pas encore percer un trou dans le mur », rit-elle. Il s’agit d’une œuvre d’inspiration africaine des années 50, époque à laquelle l’artiste s’est rendu trois fois au Congo pour rendre visite à son fils Marc, qui y était médecin. Jespers y a souvent peint des scènes de marché vibrant de couleurs et de mouvement. Un style qui sied parfaitement à celui de cette habitation.
« J’ai laissé Mirjam aménager la maison selon ses propres envies, explique Nathalie Van Reeth. Mais si c’était vraiment hideux, je serais intervenue. Certains architectes d’intérieur préfèrent tout contrôler eux-mêmes, jusqu’aux canapés, à la vaisselle et aux verres. Moi, je laisse les gens décider jusqu’où ils veulent aller. Mirjam et Bruno avaient beaucoup de goût et de beaux objets qui s’intègrent parfaitement ici. Pour moi, c’est une collaboration idéale. »
En bref : Mirjam Van den Akker
Elle a grandit aux Pays-Bas et étudié la mode à l’École de Couture Charles Montaigne à Amsterdam.
Elle a fait un stage au bureau de tendances Li Edelkoort à Paris, avant qu’Ann Demeulemeester ne l’invite à venir travailler à Anvers.
Elle a été durant trente-trois ans le bras droit d’Ann Demeulemeester, une des Six d’Anvers.
Elle est aujourd’hui consultante en mode, styliste, designer et conceptrice d’intérieurs.
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