Les tapis et les coussins de style bohème se marient à merveille avec le sol en travertin. A droite de la paire de chaises longues Eames se trouvent des meubles d’extérieur massifs conçus par l’architecte brésilien Carlos Motta. © Jan Verlinde

À Anvers, un penthouse vintage mêlant bois et béton avec subtilité

Durant 33 ans, Mirjam 
Van den Akker a collaboré avec Ann Demeulemeester. Son logis anversois, conçu par Nathalie Van Reeth, marie les textures contrastées, les couleurs chaleureuses et les objets vintage judicieusement choisis.

Le matin, quand Mirjam Van den Akker ouvre les rideaux de sa chambre, dans son penthouse anversois, le soleil se lève derrière la tour de l’église Saint-Laurent, un magnifique édifice néo-byzantin de la fin des années 30.

On pourrait croire qu’elle vit dans une cabane perchée, tant les cimes des arbres feuillus du parc voisin Hof van Leysen sont proches.

« Notre terrasse est un merveilleux espace de vie. Dès que possible, nous vivons 
dehors , nous confie-t-elle. Les couchers de soleil sont magnifiques. Les teintes rougeoyantes plongent notre appartement dans une lueur chaleureuse. »

sol pierre terrasse
Le sol en pierre semble se prolonger à l’extérieur, brouillant les frontières entre le salon et la terrasse. © Jan Verlinde

Déco Chaleureuse

La chaleur n’est pas ce qui manque chez cette créatrice. Grâce à l’architecte d’intérieur Nathalie Van Reeth, tout son intérieur jongle avec des couleurs ardentes et des matériaux sensuels, qui invitent au toucher.

« Une ambiance brésilienne, mais avec moins de soleil, s’amuse l’architecte qui a pris plaisir à jouer avec les contrastes. Par exemple, les plafonds en béton apparent et les murs en plâtre affichent un caractère rugueux, tandis que les 
armoires laquées noires et les salles de bains en Mortex sont 
lisses.

salle de bains travertin
La moquette s’étend jusqu’à la salle de bains, où l’élément mural en 
travertin attire le regard. La robinetterie est l’œuvre de Piet Boon. © Jan Verlinde

Le sol en travertin, qui continue sur la grand terrasse, équilibre joliment le travail sur mesure en noyer. Et le canapé Soriana en velours orange profond appelle à être caressé. « Notre maison est une sorte de suite d’hôtel où nous aimons nous retirer à deux. C’est notre refuge privé », résume l’habitante.

terrasse pierre parasol
La terrasse offre un nid d’aigle remarquable sur le parc voisin. © Jan Verlinde

Parcours sans fautes

Que ce soit des tapis, la moquette, les rideaux ou les tissus 
d’ameublement, on retrouve ici énormément de beaux textiles. Et ce n’est pas étonnant car Mirjam Van den Akker a travaillé trente-trois ans comme bras droit créatif d’Ann Demeulemeester.

« J’ai étudié la mode à Amsterdam, mais je suis venue à Anvers chercher un stage, car les Six d’Anvers faisaient alors fureur », se rappelle-t-elle.

Elle fait ainsi allusion aux six diplômés de l’Académie de mode d’Anvers qui ont bouleversé la mode internationale au début des années 80 avec leurs collections révolutionnaires et radicales – Dries Van Noten, Walter Van Beirendonck, Dirk Bikkembergs, Ann Demeulemeester, Marina Yee, Dirk Van Saene.

cuisine compacte
Mirjam a délibérément voulu une cuisine compacte qui ressemble à un meuble. Le fauteuil est de Bas Van Pelt et la table d’appoint des Eames. 
Au-dessus de la table à manger est suspendue une lampe Pac Man de Superstudio pour Poltronova. Au sol, une œuvre de Floris Jespers. © Jan Verlinde

L’après Ann Demeulemeester

Et de poursuivre : « Quand j’ai postulé chez Ann Demeulemeester, je n’ai même pas eu à montrer mon portfolio. Elle m’a regardée et a intuitivement dit : « Tu peux commencer lundi. » Après mon stage, j’ai travaillé un moment au bureau de tendances de Li Edelkoort à Paris. Mais Ann m’a rappelée.

C’étaient les années pionnières de sa marque. Avec notre petite équipe, nous faisions vraiment de tout, de l’élaboration des collections à la sélection des tissus, de la tenue des showrooms à la visite des fabricants.

Lorsqu’Ann a annoncé sa retraite fin 2013 par une lettre, cela a également signifié la fin de l’association de Mirjam avec la griffe. Depuis, cette dernière a été reprise par des Italiens, mais l’équipe a été entièrement renouvelée.

Ann, avec son partenaire Patrick Robyn, s’est consacrée au design, à la céramique et à sa propre ligne de parfums, tandis que Mirjam est devenue styliste et consultante de mode.

deco retro
Autour de la table basse des années 70 se trouvent des canapés Soriana d’Afra et Tobia Scarpa pour Cassina. Grâce à son expérience dans le monde de la mode, Mirjam a un sens particulier des couleurs, des tissus et des textures. © Jan Verlinde

Les influences de la mode

« Créer mon propre label n’était pas une option pour moi. Je n’ai jamais vraiment caressé ce rêve, avoue-t-elle. Dès mon enfance, il était évident que je me dirigerais vers ce secteur. J’avais 6 ans et je me mettais déjà à la machine à coudre. J’ai fait la connaissance d’une dame âgée, très coquette, chez qui je pouvais aller tous les vendredis pour apprendre à l’utiliser. Nous prenions toujours le thé ensemble. Elle était couturière. Elle apportait des chutes de tissu du marché, que je devais assembler. Une merveilleuse formation. »

chambre bois meuble sur mesure
Un meuble sur mesure en noyer fait office de tête de lit. La tapisserie vintage est l’œuvre de l’artiste finlandais Impi Sotavalta. © Jan Verlinde


La vision de la mode de Mirjam a été marquée par ce parcours avec l’avant-garde belge. Et cette esthétique se ressent également dans son penthouse, où des éléments féminins, plus sensuels, et masculins, plus robustes, se complètent harmonieusement.

Tableau fondateur

Les meubles vintage confèrent au lieu un vécu, tandis que des accessoires ethniques judicieusement choisis créent une atmosphère de vacances. Un des points forts de l’intérieur est la peinture de l’artiste anversois Floris Jespers (1889 – 1965).

«  Elle est actuellement posée au sol, car je n’ose pas encore percer un trou dans le mur », rit-elle. Il s’agit d’une œuvre d’inspiration africaine des années 50, époque à laquelle l’artiste s’est rendu trois fois au Congo pour rendre visite à son fils Marc, qui y était médecin. Jespers y a souvent peint des scènes de marché vibrant de couleurs et de mouvement. Un style qui sied parfaitement à celui de cette habitation.

meuble noyer sur mesure mur bois
L’appartement mêle diverses textures et couleurs pour un ensemble des plus chaleureux. © Jan Verlinde

« J’ai laissé 
Mirjam aménager la maison selon ses propres envies, explique Nathalie Van Reeth. Mais si c’était vraiment hideux, je serais intervenue. Certains architectes d’intérieur préfèrent tout contrôler eux-mêmes, jusqu’aux canapés, à la vaisselle et aux verres. Moi, je laisse les gens décider jusqu’où ils veulent aller. Mirjam et Bruno avaient beaucoup de goût et de beaux objets qui s’intègrent parfaitement ici. Pour moi, c’est une collaboration idéale. »

En bref : Mirjam Van den Akker

Elle a grandit aux Pays-Bas et étudié la mode à l’École de Couture Charles Montaigne à Amsterdam.
Elle a fait un stage au bureau de tendances Li Edelkoort à Paris, avant qu’Ann Demeulemeester ne l’invite à venir travailler à Anvers.
Elle a été durant trente-trois ans le bras droit d’Ann Demeulemeester, une des Six d’Anvers.
Elle est aujourd’hui consultante en mode, styliste, designer et conceptrice d’intérieurs.

© Jan Verlinde

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