Comment les imprimés Ikea ont transformé les intérieurs du monde entier

Les imprimés sont au coeur de la collection Mävinn d'IKEA - SDP
Les imprimés sont au coeur de la collection Mävinn d'IKEA - SDP
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Aucune entreprise dans l’histoire n’a eu un impact aussi profond sur le design et le goût du quotidien qu’Ikea, et cela s’explique en partie par le choix d’imprimés du géant suédois. 

Même si vous ne vous êtes jamais retrouvé·e à serpenter dans un de ses magasins, ajoutant distraitement à votre chariot des bibliothèques « Billy », des cadres photo « Rodalm » ou des bougies chauffe-plat « Glimma », vous avez probablement déjà croisé des tapis « Stockholm », des torchons « Rinnig » ou des canapés « Ektorp » chez des amis ou dans un Airbnb. Il s’agit, après tout, d’une entreprise présente avec plus de 480 magasins dans 63 pays, qui a généré environ 45 milliards d’euros (52 milliards de dollars) de chiffre d’affaires l’an dernier. Ikea a démocratisé le minimalisme suédois, souvent sous la forme de panneaux de fibres à densité moyenne (MDF) blancs ou beiges. La marque est devenue synonyme de praticité et d’accessibilité — ainsi que de disputes conjugales autour des notices de montage de ses meubles en kit.

Pourtant, Magical Patterns, une nouvelle exposition à la Dovecot Studios d’Édimbourg, dévoile un visage plus audacieux et coloré de sa production, en mettant l’accent sur ses textiles.

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Les imprimés textiles comme vecteurs de l’identité visuelle d’Ikea

Les tissus n’étaient pas une priorité pour l’entreprise de mobilier lors de sa fondation en 1943. Nombre de ses articles en tissu étaient alors déclinés dans des teintes ternes de gris. Mais au milieu des années 1960, une véritable renaissance du textile s’opérait en Europe et aux États-Unis. Dans les rues des grandes villes, les femmes à la mode arboraient des robes droites aux motifs géométriques. Les mini-jupes se paraient de pois ou de motifs cachemire. Les pantalons à pattes d’éléphant se couvraient d’imprimés psychédéliques.

Les dirigeants d’Ikea ont rapidement perçu l’opportunité commerciale. Une nouvelle génération de créatrices textile — pour la plupart de jeunes femmes — telles que Bitten Højmark, Inger Nilsson et Vivianne Sjölin, fut recrutée pour forger une identité visuelle propre susceptible de séduire la clientèle.

Le résultat? Une explosion ludique de couleurs, d’imprimés et d’innovations techniques, qui coïncida avec l’expansion fulgurante de la marque. Dès 1970, les textiles représentaient environ un quart des ventes de l’entreprise.

180 tissus en dialogue avec l’histoire du design

L’exposition rassemble 180 tissus prêtés par le musée Ikea d’Älmhult. C’est la toute première fois que cette collection est présentée en dehors de la Suède. Vus ensemble, ces textiles offrent un véritable choc visuel fait d’imprimés graphiques et de couleurs éclatantes — les designs scandinaves minimalistes en noir et blanc y sont rares.

Parmi les pièces phares figurent les tissus rayés « Strix » et « Strax », dessinés par Inez Svensson en 1971 dans des tons de bleu, orange, vert, brun, jaune et blanc. Leur apparente simplicité cache une prouesse technique: il s’agissait des premières rayures horizontales imprimées sur tissu — auparavant, elles devaient être tissées, ce qui rendait les tissus plus coûteux.

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L’âge d’or (textile) d’Ikea

Les motifs « Strix » et « Strax » ont marqué le début de ce que l’on considère aujourd’hui comme l’âge d’or du design textile. Ikea a attiré dans son orbite des artisans influents ; les amateurs de design scandinave reconnaîtront les noms de Gota Trägårdh, Sven Fristedt ou encore le collectif 10-Gruppen (fondé en 1970, auquel appartenait Svensson). La marque a aussi collaboré avec Marimekko, l’illustre maison textile finlandaise, et la styliste britannique Zandra Rhodes, connue pour avoir habillé Freddie Mercury ou la princesse Diana. Quel que soit l’auteur du motif, le mot d’ordre restait: maximalisme et espièglerie.

Comme on pouvait s’y attendre d’une collection issue du musée de la marque, Magical Patterns révèle aussi l’image que souhaite renvoyer le g »ant suédois. Le titre même de l’exposition donne le ton: les imprimés les plus enchanteurs et saisissants des 60 dernières années sont à l’honneur. Outre les pois rouges sur fond rose, les motifs botaniques ou les chevrons, on y découvre des boutons multicolores, des fleurettes de brocoli dansant sur des rayures rose Pepto (« Anniken », 2014) ou encore « Randig Banan » (photo à l’appui), qui mêle rayures et bananes — un imprimé controversé lors de sa création en 1985, mais très apprécié aujourd’hui.

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Quand le tissu devient stratégie de marque

Vivianne Sjölin, qui dirigeait le département textile dans les années 1970 et 1980, a expliqué comment IKEA utilisait les tissus comme levier marketing. Les designs les plus percutants servaient à capter l’attention de la presse, orner les couvertures de catalogues et les vitrines, et faire parler de la marque. Si ces créations audacieuses sont celles dont on se souvient le plus, la réalité est plus sobre: ce sont les imprimés les plus discrets qui ont assuré, année après année, des chiffres de vente colossaux.

Cela dit, l’influence d’IKEA sur le design textile est incontestable. Des rayures « Strix » aux campagnes « chuck out your chintz » du milieu des années 1990, la marque suédoise a su imposer une esthétique jeune et contemporaine dans les intérieurs du monde entier — un torchon « Rinnig » à la fois.

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