Alain Gilles, designer belge: « Le design, c’est ma vie, pas mon métier »

Alain Gilles designer
© Lydie Nesvadba

Alain Gilles participe au Salon du meuble de Milan qui se tient en ce moment. Le designer belge y présente des nouveautés pour Bonaldo et Hind Rabii ainsi qu’une collection de tables d’extérieur en alu chez Varaschin. Juste avant de s’y rendre, il a répondu à nos questions sur le vif.

La question qu’on vous pose le plus souvent?

« Quelles sont les couleurs de la saison ? » C’est la question qui revient tout le temps, surtout juste après les foires ou salons. Et je suis bien embêté car je ne sais jamais quoi répondre. Pour moi, ces événements sont plutôt l’occasion de rencontrer les gens et d’échanger avec d’autres créateurs. J’y vais surtout pour l’humain, pas tant pour ce qui est présenté (rires).

La personne qui vous influence le plus?

Je dirais ma femme, avec qui je partage énormément et dont le regard, les opinions et les manières de concevoir les choses m’influencent beaucoup. Tant dans mon travail que dans ma vie de tous les jours. Et en second, je dirais que mes enfants m’inspirent également terriblement.

Un métier que vous auriez pu exercer?

Architecte ! Mais je suis trop mauvais en mathématiques (rires). En réalité, avant d’être designer, j’ai exercé beaucoup d’autres métiers. J’ai été financier, j’ai aussi travaillé dans le marketing… Et puis le design s’est imposé à moi. C’est ma vie, pas mon métier.

Un meuble que vous ne pouvez plus voir?

Donc la vraie question, en filigrane, c’est qui vais-je me mettre à dos, en fait ? C’est difficile comme question. Je ne pense pas avoir un meuble précis en tête. Je dirais plutôt que je n’aime pas quand on achète des gammes complètes, où le buffet fait partie du même set que la table, les chaises et le vaisselier. Les intérieurs mix and match, où les meubles ont été dénichés à gauche, à droite, ça j’adore. Cela apporte un supplément d’âme. Et j’ai aussi horreur des « fausses » matières, lorsque par exemple l’objet en bois est en réalité fabriqué en aggloméré et recouvert d’une feuille « effet » bois.

La chose la plus folle que vous ayez faite?

Tout plaquer, changer de vie du tout au tout, et me lancer dans le design. J’ai quitté le monde de la finance pour entamer des études de design. Le gens, à l’époque, me trouvaient courageux de faire ça. Mais moi, je trouvais justement que c’était l’inverse. Il m’aurait fallu beaucoup de courage pour rester dans mon ancien job.

Ce qui vous saoule vraiment?

Les maths ! Et la compta – d’ailleurs je suis en retard, je dois boucler mes factures du mois. Mais ce n’est pas du tout mon truc.

Plutôt bois ou plastique?

Bois ! Le plastique, c’est merveilleux pour la liberté et l’accessibilité qu’il offre. Mais cela rend aussi le design plus jetable. Le bois, c’est plus ancré et ça impose un temps beaucoup plus long, un travail humain plus conséquent.

Sculptural, Alain Gilles pour Bonaldo © Alain Gilles

L’objet design que vous adorez?

Ça fluctue constamment ! Actuellement, je dirais la lampe à poser Taccia par Achille et Pier Giacomo Castiglioni pour Flos.

Porte-mine ou dessin numérique?

Facile, dessin numérique ! Je ne sais pas dessiner à main levée, c’est une vraie catastrophe. J’ai appris le design sur le tard, à un moment où les outils numériques étaient de plus en plus présents. Et comme j’ai pu sauter quelques années, je n’ai pas dû passer par la case dessin.

La création dont vous êtes le plus fier?

Quand on me pose cette question, je réponds souvent un truc de Normand du style « Et vous, lequel de vos enfants préférez-vous ? » Et c’est assez comique de voir la réaction de la personne. Finalement, je pourrais citer toutes mes créations. Mais si je devais en pointer une, je dirais peut-être une lampe que j’ai conçue en 2012. C’était un modèle portable et rechargeable, qui fonctionnait à l’énergie solaire. On l’amenait à des personnes en difficulté ou dans le tiers-monde et avec ce modèle j’avais vraiment l’impression de changer les choses à ma petite échelle.

Ce que vous voulez faire, là, tout de suite?

Là, si je ne devais pas absolument boucler ma compta, je partirais bien en vacances, au soleil si possible ! Mais avec Milan qui arrive, on va oublier.

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