Constance Guisset, artiste : « La création n’est pas un mystère »
Constance Guisset, artiste polymorphe et multiprimée, a fondé son studio spécialisé en design, architecture d’intérieur et scénographie en 2009. Entre son solo show milanais Surprise Party et le concours pour meubler Notre-Dame de Paris, elle répond à nos questions sur le vif.
La question qu’on vous pose le plus souvent?
«D’où vient votre inspiration?» Cela correspond à une question que beaucoup se posent sur le mystère de la création, qui, en réalité, n’est pas un mystère… La réponse est assez facile: c’est un mélange d’observation, d’une pratique au quotidien, de regard qu’on porte sur le monde et en même temps de beaucoup de travail. On entretient un terreau en permanence, on absorbe, on essaie… Et puis un jour, sur ce terreau, la graine que vous avez semée il y a très longtemps en rencontre une autre, une alchimie se passe et quelque chose en sort.
Le sport que vous pratiquez… en pensée?
Je nage dans la mer froide, en fait, très exactement je rentre dans la mer froide. Je le fais en vrai et en pensée quand je n’y suis pas.
‘Adoucir les angles, c’est une profession de foi.’
L’endroit dont vous n’êtes jamais revenue?
Les voyages, on n’en revient jamais vraiment. J’ai eu la chance d’étudier en Inde durant quatre mois et de vivre au Japon pendant une année et demie. Mais j’ai été autant influencée par mes années de pension, par le lieu où j’étais, que par ces moments en Asie. Dans mon travail, on peut voir des liens avec des couleurs que j’ai vues en Inde… Mais beaucoup de choses sont aussi liées aux dessins animés que je regardais quand j’étais petite…
La personne qui vous influence le plus?
Mon entourage. Mes lectures et l’observation aussi.
Le plat qui vous ramène en enfance?
Les tomates farcies. Les escargots. Et le soufflé au fromage que mes enfants me réclament tout le temps, des plats de ménagère qui font leur effet.
La chose la plus folle que vous ayez faite?
Ouvrir mon agence de design. Et avant de devenir designer, à l’époque où je travaillais chez un député japonais, j’ai fait sa campagne pour la mairie de Tokyo, dans les rues pendant dix jours, déguisée en lapin rose.
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Un métier que vous auriez pu exercer?
Chirurgien. Dans ce métier humain, il y a une partie itérative: dans la chirurgie reconstructive, on tente, on ne sait comment le corps réagira, on essaie de trouver une solution, de voir si ça marche, cela ressemble à mon métier.
Ce qui vous saoule vraiment?
La mauvaise foi. Et la rupture de charge – en logistique, le temps de transbordement. Parce que ce sont des temps qui n’existent pas vraiment, ce moment où il faut sortir du train, attendre, marcher, aller vers le métro… Il y a une espèce de flou et on perd de longues minutes qui ne nous appartiennent pas, elles nous échappent. Il faut se lever de bonne heure pour habiter poétiquement la rupture de charge.
Un mot pour vous décrire?
Espiègle.
Votre achat le plus bizarre?
Un sapin de Noël qui projette des billes en polystyrène sur lui-même pour faire de la neige. Mon ancienne administratrice m’avait interdit de faire cet achat, mais quand Lucie, ma nouvelle administratrice est arrivée, je lui ai demandé l’autorisation. Franchement, j’adore cet objet. Chaque fois qu’il se met en route, j’ai envie de rire. Il m’enchante.
Une idée concrète pour un monde meilleur?
Adoucir les angles. Ce n’est pas du style, c’est une profession de foi.
Ce que vous aimeriez faire, là, tout de suite?
Plonger dans l’eau gelée de la Manche.
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