On retrouve dans cet intérieur des créations d’Edouard Vermeulen lui-même, telles que le tapis XXL et le canapé arrondi rose pâle. © Marthe Hoet

En images: à Bruxelles, l’appartement d’Edouard Vermeulen, le créateur de Natan

Stijn De Wandeleer

L’appartement lumineux d’Edouard Vermeulen à Ixelles a fait l’objet de deux ans de rénovations approfondies. Aujourd’hui, c’est l’endroit où le créateur de Natan trouve la tranquillité après des journées de travail bien remplies.

Si l’on entre par l’ascenseur dans l’appartement d’Edouard Vermeulen, situé au premier étage d’une grande maison de maître à Ixelles, il suffit de faire le tour du salon pour découvrir l’atout de la propriété: la vue. Les fenêtres, qui montent presque jusqu’au plafond et s’étendent sur toute la largeur de la pièce, donnent sur le Bois de La Cambre.

Les cimes des arbres s’ébrouent paisiblement sous une douce brise d’été. C’est dans ce cadre que le créateur de la maison Natan fait sa promenade matinale tous les jours, avant de partir pour ses bureaux, situés à quelques minutes de là.

Edouard Vermeulen dans son havre de paix, près de la forêt. © Marthe Hoet

Depuis quinze ans, le Bruxellois vit dans cet endroit magnifique, où règne une sérénité qu’il est difficile de trouver en ville. Mais lorsqu’il a visité l’habitation pour la première fois, l’atmosphère était bien différente. «Le bâtiment était vide depuis vingt ans et cela se voyait, raconte-t-il. Il n’y avait plus rien à l’intérieur. Même les radiateurs avaient été enlevés, et au sol, il n’y avait pas de parquet, juste du béton.»

Une passion pour la rénovation

Depuis, le logement a bien changé sous la houlette d’Edouard Vermeulen. Pas étonnant quand on sait que bien qu’il soit aux manettes de la griffe Natan depuis plus de quarante ans, ses racines sont dans l’art de bâtir. Après avoir obtenu un diplôme d’architecte d’intérieur, l’homme s’est retrouvé «par hasard» dans la mode.

Aujourd’hui, il considère la rénovation comme son hobby. «Tous les dix ans, il me semble que j’ai besoin d’un nouveau projet, dit-il en riant. A 40 ans, j’ai acheté mon petit château à Sint-Katelijne-Waver. A 50 ans, j’ai misé sur cet appartement parce que j’en avais assez des longs trajets pour me rendre au travail. Et à 60 ans, j’ai construit une maison à Knokke, où j’ai passé beaucoup de temps pendant ma jeunesse.»

Des lambris en bois ont été ajoutés aux murs, redonnant au bâtiment son aspect d’origine. © Marthe Hoet

Deux années de lifting ont toutefois été nécessaires pour redonner vie à ce logement ixellois. La structure de la bâtisse n’a pas été fortement modifiée. C’était d’ailleurs difficile, dans un bâtiment historique dont la moitié de la façade extérieure est en verre. Seul le grand espace situé à droite de la construction a été divisé en une chambre d’amis et une cuisine compacte. Le concepteur de Natan a géré les travaux lui-même, sans l’aide d’un architecte. Il a été assisté par un entrepreneur qui s’est également occupé de l’appartement du dessus, et par de bons artisans.

Une ambiance d’hôtel

Intérieurement, presque tout était à refaire: toutes les fenêtres ont été remplacées, ainsi que les finitions. Des boiseries ont été ajoutées aux parois, redonnant aux espaces leur grandeur d’origine et beaucoup de chaleur. Et dans la salle à manger, des moulures Art déco ont été fixées au plafond.

Dans la salle à manger, des moulures Art déco ornent le plafond. © Marthe Hoet

Pour l’aménagement, Edouard Vermeulen a tout de suite eu une vision claire en tête. «Mon rêve a toujours été de vivre un jour dans la suite d’un grand hôtel, explique-t-il. Je voulais donc des tapis et des rideaux épais, ainsi qu’un éclairage chaud et subtil. Le mobilier devait également correspondre à l’atmosphère des années 30.» L’homme met en effet un point d’honneur à meubler ses bâtiments en fonction de l’époque à laquelle ils ont été construits.

« Mon rêve a toujours été de vivre un jour dans la suite d’un grand hôtel. Je voulais donc des tapis et des rideaux épais, ainsi qu’un éclairage chaud et subtil. »

On retrouve donc ici beaucoup de meubles en bois foncé. «Toutes ces pièces viennent d’un peu partout, poursuit notre hôte. Les deux fauteuils au tissu noir et blanc, je les ai chinés à la Brafa Art Fair; la salle à manger, je l’ai achetée à un antiquaire du Sablon, et un peu plus loin, dans un coin, il y a un canapé de Jules Wabbes, un designer génial.»

Il y a quinze ans, Edouard Vermeulen s’est fait aider par Gert Voorjans pour la décoration, mais il y a un an, il a revu l’ameublement. Seul un grand vase sculptural au milieu du salon rappelle encore cette collaboration, le reste étant plus personnel désormais.

Ton sur ton

D’ailleurs, on aperçoit aussi çà et là certaines de ses propres créations. Comme l’immense tapis du salon et le canapé rose pâle arrondi. «Mais en fait, il n’y a pas beaucoup de meubles ici, nous fait-il remarquer. Je veux que l’on puisse se déplacer sans trébucher ou se cogner. Je trouve cette fluidité très importante.» Les portes qui relient les quatre grands volumes de l’appartement ne sont dès lors jamais fermées: «Je veux pouvoir regarder d’un espace à l’autre. J’aime cette perspective», conclut-il.

Les portes ne sont jamais fermées car Edouard Vermeulen souhaite voir d’un espace à l’autre. © Marthe Hoet

Le propriétaire a aussi pris le parti de ne pas mettre de couleur aux murs, un peu à l’opposé de ses collections colorées. «Je pense que les pièces sont plus belles dans des tons clairs et neutres, nous confie-t-il. C’est l’art qui apporte des nuances. Dans le salon, par exemple, il y a un grand tableau de l’arrière-grand-père de mon père, datant des années 1880.

Juste à côté, il y a une œuvre contemporaine de Jennifer Rochlin.» Le créateur aime jouer avec les contrastes. Mais il privilégie plus encore la lumière et l’espace.

Un lumière douce et diffuse

L’éclairage est également un des points forts de ce projet. «Dès la tombée de la nuit, l’appartement est animé par des dizaines de petites lampes qui diffusent une douce lueur, décrit l’habitant. Pendant la journée, je ne suis jamais plus d’une heure ici. Mais le soir, quand je rentre, il m’importe de trouver la paix. Je mets alors de la musique classique et j’essaie consciemment de ralentir.»

Les matériaux choisis apporte beaucoup de chaleur à la rénovation. © Marthe Hoet

A 67 ans, le Bruxellois ne pense cependant pas encore à quitter Natan: «Aujourd’hui, je suis un peu moins impliqué dans les activités quotidiennes, mais mon travail est ma passion. J’ai toujours dit: le jour où je ne le sentirai plus, j’arrêterai immédiatement. Mais ce moment n’est pas encore arrivé. Alors tant que je continue à travailler à Bruxelles, je ne me vois pas non plus quitter cet appartement. Ce serait fou!»

Edouard Vermeulen en bref

– Il est né le 4 mars 1957 à Ypres et a étudié l‘architecture d’intérieur à Bruxelles, à Sint-Lukas.

– En 1983, il reprend la maison de couture Natan et se consacre depuis lors à la mode.

– Il habille depuis des années plusieurs membres de la famille royale.

– En 2002, il est nommé Fournisseur breveté de la Cour de Belgique par le roi Albert II.

– En 2023, il célèbre le 40e anniversaire de Natan par une exposition et un livre.

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