Visite de la maison extravagante de la créatrice de bijoux Jasmien Witvrouwen
La créatrice de bijoux empreints d’humour Jasmien Witvrouwen célèbre aujourd’hui la vie, après avoir connu de nombreux pépins de santé. Sa maison est à son image: joviale et extravagante.
Que vous croyiez ou non aux anges gardiens, l’histoire de la créatrice de bijoux anversoise Jasmien Witvrouwen achèvera de vous convaincre. Pendant des années, elle a souffert de problèmes de santé, et les médecins soupçonnaient la maladie de Crohn. Peu avant son trentième anniversaire, son supplice était tel qu’elle arrivait à peine à rester éveillée trois heures par jour. «Je commençais presque à penser que c’était dans ma tête. Si je ne pouvais pas réaliser mes rêves, la vie ne valait plus la peine d’être vécue», confie-t-elle lors de notre rencontre. Mais le jour où elle a les documents d’euthanasie sous les yeux, une grave crise cardiaque la frappe, et il s’avère que la cause de sa souffrance physique est une malformation du cœur. «Après mon opération, plus rien n’était pareil: c’était une renaissance pour moi.» Ce nouveau départ a eu une incidence sur presque chaque aspect de la vie de Jasmien. Même la maison qu’elle avait achetée et transformée trois ans auparavant ne concordait plus avec son «nouveau moi». «Avant, mes choix étaient beaucoup plus sages que maintenant. Je suis quelqu’un d’extravagant, une «maximaliste», mais cela ne se reflétait pas du tout dans notre intérieur.»
Haut en couleurs
Comme dans de nombreux couples, c’est elle qui pense et son mari qui passe à l’action. «Presque tout ce qui m’entoure me stimule: chaque jour, mille et une idées se bousculent dans ma tête à une vitesse fulgurante, exactement comme du sucre dans une machine à barbe à papa. Les exprimer a un effet apaisant et thérapeutique ; il faut qu’elles sortent. C’est comme ça dans mon travail ainsi que dans ma vie privée», commente Jasmien en riant. Son compagnon aime son excentricité, bien qu’il lui arrive de la freiner de temps en temps. «Sinon, ça risquerait de devenir trop haut en couleurs.»
Un exemple de cette nouvelle créativité? Une terrasse couverte a été intégrée à la maison de manière à agrandir la cuisine. Grâce à une grande porte vitrée qui peut s’ouvrir complètement, cette pièce fait toujours office d’espace extérieur en été, mais le duo en profite également en hiver. Pour la concevoir, ils ont fait appel à Studio Boîte. «Du rose, du doré et des formes arrondies, tels étaient nos principaux souhaits. La teinte brune particulière des murs donne à l’endroit un look bizarre, mais funky. Ça me plaît.»
Après avoir étudié la flûte traversière au conservatoire, Jasmien Witvrouwen (32 ans) s’est inscrite à l’Académie de mode et a suivi des formations en orfèvrerie et design graphique.
En février dernier, elle a commercialisé sa collection capsule Happy Pills «Are u mine?» et une nouvelle série est prévue pour ce mois-ci.
Elle a imaginé les premiers Happy Pills en 2016.
Jasmien est également créatrice pour la marque Plum Plum, où elle dessine du linge de lit pour bébés et des chambres d’enfants. Son journal intime Iron Diary est publié sur son site Web. Elle y dévoile des chapitres au compte-gouttes, de manière à faire languir ses lecteurs.
jasmienwitvrouwen.com
Lorsqu’ils doivent lui offrir un cadeau, les amis de Jasmien lui achètent un bon d’achat dans un Kringwinkel, parce qu’elle adore se rendre dans ces magasins de seconde main et en revient rarement bredouille. Elle pare ensuite bon nombre de ses trouvailles d’une couleur vive, comme le bleu Yves Klein et le vert gazon. «J’ai vendu mes éléments d’intérieur pastel et noirs, car ils ne me correspondaient plus.» Initialement, l’escalier devait être entièrement peint en vert. Ce genre de travail doit être réalisé en deux étapes, de manière à ce qu’on puisse monter et descendre pendant le séchage. Le lendemain, lorsque la jeune femme a baissé la tête, elle a trouvé que l’effet zébré était réussi et a décidé de le laisser dans l’état. Le fait que le séjour et le hall d’entrée forment un ensemble accroît la sensation d’espace au rez-de-chaussée.
En revanche, assis dans leur canapé, l’habitante et son mari étaient incommodés par les courants d’air. «Nous voulions faire poser une paroi vitrée avec une structure en acier. A cause de la pandémie de Covid, le prix du fournisseur a triplé, et comme nous venions de payer la cuisine, nous ne pouvions pas ajouter ce poste-là. J’ai soudain eu l’idée de poser un rideau lilas et mordoré. Mais je ne trouvais nulle part le tissu adapté. Puis, je suis tombée sur une petite boutique orientale où j’ai déniché des tissus moirés de toutes les couleurs. Dans des moments comme ça, je suis en extase et j’entends mon mari me dire «ne t’éparpille pas, Jasmien», comme c’est souvent le cas.»
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Un côté rebelle
A chaque meuble ou objet de sa maison sont liés une histoire ou un souvenir, et c’est exactement ce que notre hôte tente de faire avec ses bijoux: elle crée des talismans. «Lorsque mes «Happy Pills» ont vu le jour, en 2016, j’étais encore en proie à des frustrations et à de la colère parce qu’on ne savait pas ce que j’avais. Ce poids s’est effacé, mais le petit côté rebelle caractérisera toujours mon travail. Je trouve qu’il est amusant de se préparer à une réunion à laquelle on n’a pas envie d’aller et d’afficher des messages comme «Kiss my Ass» à ses oreilles. Alors, les choses deviennent tout de suite beaucoup plus légères. Le style de mes créations est identifiable: ce sont des boucles d’oreilles asymétriques avec des breloques d’un côté et des petits messages pimentés de l’autre.» Après son opération, un deuxième projet a vu le jour: Iron Diary, un journal intime dans lequel Jasmien exprimait ses sentiments et la progression dans son processus de revalidation en dessinant des bijoux. Elle a d’autres idées un peu folles, mais les garde encore secrètes à ce stade.
«Mes rêves ne connaissent pas de limites: je voudrais réaliser une collection de lampes ouvragées et une ligne de lunettes, construire une tiny house dans les Ardennes et publier un livre. Comme je ne peux pas concrétiser toutes mes idées sous la forme de bijoux, j’ai créé une «agence». Ainsi, mon cerveau et mes propos grivois peuvent servir à toutes sortes de concepts créatifs. Par ailleurs, la métamorphose de cette maison n’est pas achevée. Je suis vraiment l’incarnation de Disneyland: beaucoup d’informations, une bonne dose d’adrénaline, jouer chaque jour et m’affaler chaque soir dans le canapé.»
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