Visite d’une rénovation pas à pas, dans un esprit seventies, à Anvers
Eva et Jef n’ont pas été épargnés par les (désagréables) surprises lors de la rénovation de cette maison, à Anvers. Mais ils ne regrettent rien, persuadés «d’avoir sauvé le bien de la disparition totale». Aujourd’hui, leurs meubles vintage s’y pavanent joliment.
Dans le couple, Eva est la plus enthousiaste et spontanée. Son compagnon Jef est plus réfléchi. Lorsqu’elle tombe un jour sur la story Instagram sponsorisée d’un agent immobilier, proposant ce bien à vendre, elle demande à son partenaire s’ils pourraient «juste y jeter un œil». De bonne grâce, il accepte, sans trop d’attentes. «Je savais que, de toutes façons, nous ne pourrions jamais nous permettre d’acheter cette propriété», raconte-t-il.
Il faut dire que l’un et l’autre en sont au point d’avoir abandonné tout espoir de trouver l’habitation de leurs rêves, à savoir une maison de caractère des années 60 ou 70, à Anvers, rénovable et correspondant à leur budget. Ils s’accommodent à l’époque de leur petit appartement à Berchem et d’une vitrine au coin de la rue pour Daddy Deco, la boutique de design vintage qu’ils gèrent parallèlement à leur travail.
Le coup de foudre
Une visite ne coûtant rien, ils s’inscrivent quand même. Et ils ne sont pas les seuls. Toutes les dix minutes, de potentiels acheteurs sonnent à la porte. «Nous avons été immédiatement impressionnés. Au premier coup d’œil, il était évident que certaines choses avaient besoin d’être améliorées, mais l’ambiance était au rendez-vous», se remémore Eva.
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Ce qui leur plaît alors: les plafonds brut en béton, le parquet en bois de wengé, le coin salon, les grandes fenêtres et un magnifique jardin bien entretenu. «Nous sommes restés là sans vraiment regarder avec un regard d’acheteur, se souvient la jeune femme. Nous étions naïvement tombés amoureux du lieu. Et rétrospectivement, cela nous a coûté cher.»
De catastrophe en catastrophe
Le duo fait alors l’offre d’une vie, sachant qu’il devra vendre son appartement et son magasin. Et c’est la délivrance: elle est acceptée. Mais l’euphorie est de courte durée. Le vendeur rencontre des problèmes de santé inattendus, ce qui retarde la signature des documents. Entre-temps, les taux d’intérêt doublent à la banque. «Ils étaient dans une tragédie émotionnelle, et nous une tragédie financière», résume Jef.
Néanmoins, une fois les clés en main, le tandem planifie la rénovation dans la bonne humeur. Il ponce et recolore le parquet, donne un coup de peinture, abat une cloison et un escalier. Il ne semble pas en falloir plus… jusqu’à ce qu’il trouve des chauves-souris mortes et desséchées éparpillées dans le logis. Et ce alors même que ce dernier est censé avoir été habité sans interruptions. Les ennuis commencent: fuite de gaz, amiante dans la cuisine, odeur âcre…
Les aléas de la rénovation
Et ce n’est pas tout. «Pendant tout l’été, pas une goutte n’était tombée alors que nous bricolions avec mes parents. Lorsqu’il s’est mis à pleuvoir abondamment, nous nous sommes dit que nous allions bien voir si cela tenait le coup… Mais nous entendions déjà goutter l’eau, poursuit Eva. Le grenier était inondé, la salle de bains en dessous aussi. Dans le salon, il pleuvait à l’intérieur par la fenêtre coulissante. Le toit était une passoire. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment commencé à pleurer.»
Eva et Jef ne regrettent toutefois rien. Ils ont plutôt l’impression d’être arrivés juste à temps pour sauver la maison de sa disparition totale. Car, en soi, cette demeure de 1974 correspond tout à fait à ce qu’ils recherchaient, même si la rénovation a été beaucoup moins idyllique qu’ils ne l’avaient imaginée. «Et puis, quand on parle de tous ces incidents, on a l’impression que tout le monde vit des choses comme ça. Pourquoi ne nous l’a-t-on pas dit plus tôt?» s’interrogent-ils.
Des meubles en mouvement
Mais tout est bien qui finit bien. En l’absence d’une boutique physique, l’intérieur des deux trentenaires sert aujourd’hui de vitrine aux trésors du design des années 70, principalement italien et français, qu’ils vendent avec Daddy Deco. La plupart des objets qui les entourent sont ainsi à acheter. «Bien qu’il y en ait quelques-uns que je préférerais ne pas céder», tempère Eva.
Comme la chaise Fratina du sculpteur-designer Mario Ceroli qui ressemble un peu à un trône, la bibliothèque Rodier en acrylique de Valérie Doubroucinskis, les appliques de Raak dans la chambre à coucher ou le Ventaglio de Giovanni Pasotto pour Tarzia. Immédiatement, Eva se lève pour faire une démonstration. On peut l’ouvrir et le refermer comme un éventail, mais il sert aussi de portemanteau. La passionnée de vintage s’attache à des pièces qu’elle sait difficiles à retrouver.
«Chaque vente laisse un trou, mais c’est grâce à cela que nous avons un intérieur qui change constamment, concède-t-elle. C’est ce qui rend les choses amusantes.» 80% de ce que le couple commercialise l’est par ordinateur, la plupart des produits partant à l’étranger. «L’article est-il bien arrivé? Les gens sont-ils satisfaits? Souvent, nous n’en avons aucune idée, déplore Eva. C’est dommage, parce que nous acquérons cet objet au départ parce que nous l’imaginons dans un certain cadre et nous aimerions savoir ce qu’il en est quand il arrive en Amérique ou en Corée.»
D’ailleurs, eux-mêmes n’achètent pratiquement pas sur le Web. «Nous avons choisi un canapé en ligne à nos débuts. Sur les photos, un journal était posé dessus nonchalamment. A la livraison, il s’est avéré que le «parfait état» comprenait un énorme trou à cet endroit», rigole Jef. Des leçons de vie qui coûtent mais qui leur ont aussi appris une chose importante: «Tout peut être résolu, d’une manière ou d’une autre.»
Eva De Brouwer (30 ans) et Jef Vogels (32 ans)
Elle est de Vilvorde, lui de Kalmthout.
Ils se sont connus sur les bancs de l’université.
Eva travaille comme Business Developper pour la marque d’interrupteurs Niko. Jef est Data Analyst chez Argenta.
Ensemble, ils dirigent l’e-boutique vintage Daddy Deco. Ils sont spécialisés dans la vente à l’international de produits français, italiens et parfois néerlandais, difficiles à trouver.
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