Visite d’une maison seventies, décor digne d’un James Bond

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L’habitante a composé son intérieur à l’aide de trouvailles d’un marché aux puces et de pièces dont elle a hérité. Au mur, une œuvre de l’artiste belge Guy Degobert. Le canapé et la table de salon viennent de Das Nice, une boutique vintage à Anvers. © Jan Verlinde

Cette villa des années 70 pourrait assurément servir de repaire à l’agent 007. Si la façade est plutôt sobre, le mélange béton-bois et l’escalier flottant dans l’entrée séduisent au premier regard.

«Ma première impression? Qu’est-ce que cette maison est laide! Je n’étais pas du tout attirée, confie l’habitante, Ellen Van Antwerpen. La façade était sobre, modeste, en briques rouges. Elle ne laissait rien paraître du charme de l’intérieur. Mais quand je suis entrée, impossible de faire demi-tour.» L’escalier flottant et le grand espace vitré donnant sur le jardin d’inspiration japonaise l’ont immédiatement séduite. «J’ai filmé et envoyé la vidéo à mon compagnon et je lui ai dit: c’est pour nous.»

Une recherche compliquée

Cette villa, à Schilde, près d’Anvers, était pourtant à l’opposé de ce que le couple recherchait. «Je voulais retrouver l’atmosphère des années 30 de la maison de mon enfance. Mon mari préférait une habitation moderne, vide et masculine.»

C’est d’ailleurs cette solution qu’ils ont choisie lorsque leur famille s’est agrandie. Ils ont vécu un temps dans un grand morceau de sucre blanc, raconte Ellen. Une quatre-façades qui avait des airs de Miami Vice et dont le jardin donnait sur des prairies. «C’était magnifique, mais j’étais malheureuse. Il n’y avait pas d’angles, pas de recoins. Tout avait l’air si parfait que le moindre désordre était amplifié. Avec trois enfants, c’était simplement invivable.»

Elle s’est alors mise en quête d’un nid un peu plus douillet, et a trouvé une demeure de l’entre-deux-guerres, qui lui est passée sous le nez. «J’étais très déçue. La plupart des constructions des environs datent des années 80 et 90. Les pépites de la sorte sont donc très rares par ici.»

Mais lorsque l’agent immobilier derrière ce rêve brisé s’est avéré être une vieille connaissance, Ellen a retrouvé espoir. «Elle était amie avec ma sœur. Elle m’a appelée et m’a proposé une maison qui n’était pas encore sur le marché.»

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Le conversation pit avec vue sur le jardin est typique des années 70. A l’avant-plan, on reconnaît une lampe Pipistrello de Gae Aulenti. © Photos Jan Verlinde

Un hall surprenant

Contrairement à Ellen Van Antwerpen, lors de notre visite, nous n’avons pas particulièrement été choqués par cette façade, qui nous a même plutôt plu, ne serait-ce que parce qu’elle est différente des villas aux toits nus et pointus ou des nouvelles constructions qui l’entourent.

Le hall d’entrée met lui tout le monde d’accord. Le béton, le bois, le verre, l’escalier flottant. Il ne manque plus que quelques palmiers dans le jardin et on se croirait dans un appartement de James Bond, quelque part dans les collines de Los Angeles. Cette maison des seventies est l’œuvre d’Etienne De Pessemier, qui l’a conçue en 1979.

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Baigné de lumière, le hall d’entrée avec son escalier flottant. © Photos Jan Verlinde

On lui doit notamment le bâtiment brutaliste des douanes anversois qui a été démoli pour laisser place à Cadiz, une petite ville dans la ville, dont les 40 000 m2 accueillent logements, bureaux, maison de retraite, restaurants et boutiques dans une construction monumentale signée Polo Architects. Etienne De Pessemier a également construit d’autres maisons dans la région.

Toujours spacieuses et baignées de lumière, elles sont souvent composées de plusieurs volumes sur un seul étage. Sa touche personnelle se retrouve dans des détails ingénieux comme le numéro de maison lumineux suspendu dans le hall d’entrée, qui sert par la même occasion d’applique murale, ou la paroi en cuir que l’on peut rabattre entre la salle à manger et la cuisine.

Magie en cuisine

«Nous n’avons pas touché à la structure de la maison. Tout était fonctionnel. Seule la cuisine nous déplaisait.»

Les anciens propriétaires avaient opté pour des meubles blancs sur des sols en marbre blanc. Tout casser n’avait aucun sens: l’espace ne permettait pas de modifier l’agencement. Et tout rénover comportait également son lot de défis. «Nous ne voulions pas ajouter de bois en plus dans la maison, parce que trouver le même type avec une patine semblable à celle du reste du salon nous aurait demandé beaucoup de temps et d’argent. Le Formica étant difficile à repeindre, nous l’avons recouvert.»

Le couple a eu recours à une technique utilisée principalement sur les voitures. Au lieu de peindre la carrosserie, on la recouvre d’un film. Ellen a opté pour du similicuir. «C’était une expérience amusante, et nous savions que nous pouvions faire marche arrière sans trop de problèmes si le résultat venait à être décevant.»

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Ne pouvant être repeintes, les portes des meubles de la cuisine en Formica ont été recouvertes d’un film. © Photos Jan Verlinde

Heureusement, cela n’a pas été le cas. Les travaux ont été rapides, abordables et très concluants. «Même si je remarque quelques éraflures çà et là. Mais ces portes peuvent être refaites si nécessaire. Ou alors, elles me serviront d’excuse pour refaire l’ensemble dans un autre modèle», ajoute-t-elle en riant.

Une maison seventies pleine d’histoires

Ellen et son compagnon ne partagent pas les mêmes goûts en matière d’aménagement. Pour lui, tout pourrait être un peu plus vide et plus sobre. «S’il vivait seul ici, il y aurait deux fois moins d’objets. Il appelle cela des «dustables», des attrape-poussières, plaisante-t-elle. Mais il me laisse faire. Et il admet que je suis meilleure que lui en décoration.»

Elle doit ce talent à une carrière en tant que visual merchandiser pour une chaîne de magasins de mode, avant d’ouvrir son propre concept store de puériculture, Babyluff, à Schilde. «J’aime créer des histoires», dit-elle. Elle nous montre un bol rempli de billes, un tableau acheté sur un marché aux puces lorsqu’elle avait 18 ans, une lampe perroquet kitsch, une vieille affiche de film de Gene Kelly, un meuble radio ayant appartenu à sa grand-tante, le vase de sa grand-mère, etc.

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La maison a été conçue par l’architecte Etienne De Pessemier. On remarque sa touche personnelle dans des détails ingénieux comme la paroi en cuir que l’on peut rabattre entre la salle à manger et la cuisine. © Photos Jan Verlinde

Mais aussi des œuvres de l’artiste pop art belge Guy Degobert et un daybed vintage signé Cees Braakman pour Pastoe, en bleu parce que cette couleur l’apaise. «Mes voisins me disent que je suis la seule personne qu’ils connaissent à pouvoir se débrouiller aussi bien en décoration. C’est peut-être parce que je n’ajoute un objet à mon intérieur que lorsque j’en suis totalement amoureuse. Tout est tellement en accord avec ce que je suis, que cela ne peut qu’être juste.»

Elle est née et a grandi à Schilde, où elle travaille et vit avec son mari et ses trois enfants.

Elle a été visual merchandiser pendant des années.

Elle a ouvert son propre magasin de puériculture, Babyluff, à Schilde, il y a six ans. Elle s’y concentre principalement sur les petites marques européennes responsables et issues du commerce équitable. Sa boutique remporte un franc succès dans la région.

babyluff.be

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