En images: la maison so british de Natalie Grosberg, la décoratrice d’Harry Styles
Une maison victorienne ornée de boiseries, de portes en arche et d’éléments gothiques. Nous sommes dans le logis londonien de Natalie Grosberg, la décoratrice britannique révélée par la pop star Harry Styles.
Avec Serena Fockschawer
Lorsqu’elle remarque une élégante rampe d’escalier dans une série culte telle que Killing Eve, elle met immédiatement l’image en pause pour mieux l’admirer. «Certaines personnes se concentrent sur les costumes, mais pour moi, ce sont toujours les décors qui comptent», s’amuse Natalie Grosberg, styliste et décoratrice d’intérieur britannique.
En vacances, dans les musées ou simplement en se promenant dans son quartier du nord de Londres, l’intéressée est attirée par les moindres détails. La courbe d’un luminaire au-dessus d’une porte d’entrée, la rainure d’une colonne… C’est ce genre d’éléments dont elle s’empare en douce et qu’elle intègre ensuite dans son travail.
Chasse aux objets
Et la maison mitoyenne du XIXe siècle que Natalie partage avec son mari, directeur de création, et leurs enfants âgés de 15, 16 et 10 ans, en est un parfait exemple. Le mélange de boiseries, d’arcs et de tons gothiques sombres avec des teintes pastel démontre son talent à combiner spontanément les styles et les époques. «Une maison ne doit pas ressembler à une page Instagram. Les intérieurs ne consistent pas à cocher une liste de courses, dit-elle. Il s’agit d’une chasse, d’objets qui font battre votre cœur plus vite.»
Son approche touche également une corde sensible chez ses clients, dont le plus célèbre, la pop star Harry Styles, ainsi que des marques de mode britanniques de niche telles que Desmond & Dempsey.
Rénovation nécessaire
Les anciens propriétaires, un couple de créatifs actifs dans le cinéma, avaient une vision similaire de l’aménagement. Ils avaient donc déjà laissé aux nouveaux occupants des cheminées, en faïence et en marbre, disséminées aux trois étages de la maison… mais aussi des fenêtres branlantes et un sol carrelé bombé dans le hall d’entrée. «Cela ne nous a pas tracassés. Nous sommes des romantiques, explique Natalie, qui a emménagé avec sa famille en 2018. Nous avons tout de suite aimé la façon dont cette maison les reflétait.»
Trois ans plus tard, Natalie et son mari avaient économisé suffisamment d’argent pour attaquer les rénovations de la maison à leur manière. L’extension de la cuisine a alors été confiée à Charles Tashima, un architecte londonien qui partage leur vision. «Nous avons aimé son approche: il préfère la préservation à la démolition. Il savait que nous ne voulions pas cuisiner dans une boîte moderne en verre.»
Comme une chapelle italienne
Charles a eu l’idée de concevoir un plafond légèrement incurvé et des colonnes noires. Cette combinaison allie l’aspect dramatique d’un immeuble new-yorkais à la sérénité d’une église. «L’espace devait ressembler à une chapelle italienne tout en fraîcheur dans laquelle on entre par une journée chaude», rappelle Natalie.
Les meubles muraux se seraient perdus dans cet espace haut et aéré. L’artisan Joel Bugg a donc fabriqué des meubles bas et un îlot en chêne «qui ressemble davantage à une commode ancienne».
Un jour, en se promenant dans Fitzrovia, un quartier animé du centre de Londres, Natalie est tombée sur Interlock, une version XXIe siècle d’une maison de maître classique conçue par le cabinet d’architectes Bureau de Change. La bâtisse noire l’a inspirée d’emblée pour la façade de l’extension de la cuisine. L’effet de grille est obtenu grâce à la méthode de pose des briques.
Un air de maison hantée
Natalie a imaginé elle-même le reste de la maison. Elle a choisi des détails – les salles de bains carrelées, un mur de verre – qui stimulent son imagination. Les portes en arche du salon sont le résultat d’une expérience. «Les éléments décoratifs des maisons victoriennes du XIXe siècle comme celle-ci sont toujours carrés. Je voulais quelque chose de différent», raconte-t-elle.
Elle a aussi peint l’escalier en noir et y a ajouté un finition surdimensionnée, trouvée sur eBay. Cela lui rappelle les maisons hantées d’American Horror Story. «Une partie de moi sera toujours gothique», plaisante-t-elle.
Lorsque le chantier de rénovation s’est achevé et a été nettoyé, la famille a néanmoins trouvé le résultat «terriblement parfait». C’est pourquoi la propriétaire a décidé de frotter les murs fraîchement peints avec de la cire pour atténuer un peu l’aspect neuf. Une astuce qu’elle a apprise de sa mère. Depuis, les empreintes digitales de ses enfants ornent les murs d’un blanc nacré et rappellent qu’il s’agit avant tout d’une maison familiale.
Shopping avec Harry Styles
Natalie Grosberg a d’abord étudié le droit à l’université de Leeds, mais une période d’invalidité l’a obligée à réfléchir à son avenir professionnel. «Je viens d’une famille d’artistes réprimés. J’ai compris que si je voulais faire quelque chose de créatif, je devais me lancer. Le stylisme correspondait bien à ma passion pour la narration et le théâtre.»
Lorsqu’un ami montre son travail à la pop star Harry Styles, celui-ci devient rapidement son premier client en 2012. Tous deux arpentent les marchés d’antiquités de Londres.
«Une seule personne a reconnu Harry à l’époque: il lui a acheté une guitare. Mais lorsqu’il a voulu s’offrir une table en forme de guitare, j’y ai mis le holà. Il avait des idées, mais il me faisait confiance. Cela m’a donné une grande confiance en moi, dit-elle en toute modestie. Si vous voulez que votre maison soit décorée rapidement, je ne suis pas la bonne personne. En revanche, si vous êtes prêt à attendre la perle rare dont vous ne vous lasserez jamais, je le suis.»
Des choix de mobilier audacieux
Dans sa quête de pépites, Natalie Grosberg ose parfois faire des choix audacieux. C‘est le cas des étagères en bois de cinq mètres de large, récupérées dans une ancienne pharmacie française. A l’époque, lorsqu’elles sont livrées, avec son mari, ils doivent retenir leur souffle pendant un moment.
«Elles ne tenaient que sur quelques millimètres!» C’est encore le cas de la paire d’ornements en zinc qui décore la cheminée du salon, qui ont été fabriqués à l‘origine pour le film Charlotte Gray, sorti en 2001. Les souvenirs du Jasperware de sa grand-mère inspirent à leur tour les murs bleu clair crayeux, une teinte qu’elle fait mélanger par le spécialiste Francesca’s Paints pour imiter la couleur de la célèbre poterie du XVIIIe siècle.
Natalie Grosberg a récemment commencé à fabriquer ses propres céramiques. Une collection de bols et de chandeliers classiques qu’elle a placés dans un décor gothique. Elle espère que cela «apportera une touche d’Edgar Allan Poe à la salle de bains blanche et soignée».
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