Eva Ionesco en 5 mots
La prétendante au prix Renaudot 2017 trouve les mots pour raconter une enfance saccagée par une mère toxique. Une musique aussi innocente que violente.
Amour
» La vie à deux, c’est mieux. » Avec Simon Liberati, ils forment le couple littéraire le plus glamour de Paris. Impossible de les louper dans une soirée, d’autant qu’ils sortent leurs romans simultanément. » J’ai aimé son portrait de moi, en femme-enfant, dans Eva, car j’y vois une promesse de vie, d’amour, d’écriture et de partage. Après avoir été une bête de foire, à cause des photos de ma mère, je peux enfin renaître. » Son prochain film ? Une histoire d’amour, avec son fils et Isabelle Huppert.
Fêlure
Oscillant » entre Dickens et Lolita « , Eva Ionesco a connu une double blessure. L’absence de son père adoré, dont sa mère l’a privée. » Je regrette de ne pas l’avoir connu davantage. » Seule sa grand-mère la sauve du naufrage. » Nostalgique, je rêve qu’elle est toujours en vie. » Cette femme bienveillante croyait qu’elle évoluait dans un monde artistique, mais elle n’imaginait pas ce qui se passait dans » la chambre noire « .
Image
Eva étouffe dans la relation » mère-fille-photographie « . Irina Ionesco a fait poser son enfant, en l’érotisant à outrance. L’auteure se bat toujours pour récupérer les négatifs de sa nudité volée. Malgré ce traumatisme, elle cultive sa féminité et sa » joyeuse innocence. J’ai du mal à me voir dans un miroir, mais j’aime la coquetterie sophistiquée « . Il suffit pourtant d’un rien pour la fragiliser.
Rage
» L’écriture fait ressortir des choses lointaines et insoupçonnées… » Pour composer ce premier roman touchant, cette funambule s’est mise à hauteur d’enfant. » Toutes mes voix intérieures se sont tues » pour donner la parole à la petite fille enragée. » Ma mère m’a calcinée, or avec ce livre, j’ai pu m’affranchir et passer à l’âge adulte. «
Parisienne
Modèle, comédienne ou réalisatrice (My Little Princess, 2011), Eva Ionesco multiplie les vies et les visages. A l’image de Paris, dont elle apprécie les contrastes, allant des quartiers populaires à Saint-Germain-des-Près. » Je suis très branchée mode, surtout Margiela « , qui signe sa combinaison-pantalon noire. Elle a grandi entre Pigalle et Barbès, » où vivaient les strip-teaseuses et les truands « . Mais une ogresse la guettait : sa mère.
Innocence, par Eva Ionesco, Grasset, 428 pages.
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