Guide de 5 quartiers alternatifs à Istanbul, le Berlin du Bosphore qu’on ne se lasse pas de (re)découvrir

Guide des quartiers qui font d'Istanbul le Berlin du Bosphore - Unsplash (Joao Marcelo Martins)
Guide des quartiers qui font d'Istanbul le Berlin du Bosphore - Unsplash (Joao Marcelo Martins)

Istanbul – tout juste couronnée Gold Award de la “Most Desirable City of Europe” lors des prestigieux Wanderlust Reader Travel Awards 2025 – ne se limite pas aux abords de Sainte-Sophie, de la Mosquée bleue et du palais de Topkapi. Notre journaliste a listé pour vous cinq quartiers alternatifs à visiter à Istanbul.

1. Balat

De toutes les métropoles du monde, Istanbul est peut-être ma préférée. Car la ville est tout à la fois : chaotique et séduisante, bruyante et lyrique, usée et raffinée, conservatrice et avant-gardiste. Elle peut sembler incroyablement dense – surtout dans le quartier de Sultanahmet, où l’on coche les grands incontournables – et en même temps délicieusement paisible, comme le matin dans le quartier coloré de Balat, au bord de la Corne d’Or.

Balat

Ici, la nostalgie flotte dans l’air, mêlée au parfum du simit (un pain turc au sésame), et les ruelles escarpées racontent l’histoire de migrations anciennes. Là où autrefois des familles juives célébraient le sabbat et où des enfants grecs jouaient dans la rue, on croise aujourd’hui de jeunes designers, des photographes et des touristes branchés en quête d’authenticité. Et cette authenticité est facile à trouver dans Balat, avec ses façades pastel, ses cafés chaleureux et ses anciens ateliers.

Naftalin K
Naftalin K

Ce n’est pas un lieu pour se presser ou pour exécuter un programme trop ambitieux ; on vient à Balat pour siroter un çay dans l’une des nombreuses maisons de thé, avec un chat ronronnant sur un coussin à côté de soi. Ou pour flâner dans les ruelles à la recherche d’antiquités, d’art ou d’un souvenir singulier (ou pour immortaliser la fameuse photo sur l’escalier arc-en-ciel).

Les amateurs de culture et d’histoire y trouveront des vestiges des anciennes murailles de Constantinople, la magnifique église Pammakaristos et l’imposante église Saint-Stéphane, dite “en fer”, un édifice unique du XIXᵉ siècle entièrement construit en fonte préfabriquée.

Hotspot

Naftalin K est un café extrêmement convivial, à la décoration éclectique remplie de bibelots vintage et de chats profondément endormis sur les tables. On y sert un excellent café turc et de délicieux gâteaux.

2. Kuzguncuk

De l’autre côté du Bosphore, dans la partie asiatique d’Istanbul, se niche un petit quartier presque secret, qui semble davantage murmurer que parler, encore moins crier.

Autrefois refuge pour les communautés juives et arméniennes, Kuzguncuk porte encore cette histoire dans ses pierres : synagogue, église et mosquée se trouvent littéralement dans la même rue.

İcadiye Caddesi
İcadiye Caddesi

On y découvre aussi de splendides maisons ottomanes en bois, notamment dans İcadiye Caddesi, l’artère principale du quartier, où les rez-de-chaussée accueillent de petites boutiques de quartier et des boulangeries. Ici, la journée ne commence pas avec le vacarme et les gaz d’échappement du trafic, mais avec le tintement du vendeur de thé poussant sa carriole, et les parfums mêlés de mer, d’épices et de pain chaud.

Metet Közde Döner

À Kuzguncuk, Istanbul semble retenir son souffle un instant. C’est donc le refuge idéal pour les visiteurs qui viennent de passer des heures dans les files de Sultanahmet. Installez-vous dans l’un des petits cafés aux chaises en bois, commandez une limonade à la menthe et observez les ferries qui s’évanouissent lentement dans la lumière du soleil

Hotspots

Nail Kitabevi & Café est une librairie-café installée dans une maison en bois aux planches de travers, où l’on savoure des tartes fraîches en écoutant du jazz.

Metet Közde Döner sert, selon les initiés, le meilleur döner kebab d’Istanbul. Préparez-vous à faire la file pendant une demi-heure ou plus pour y obtenir une place. L’attente en vaut largement la peine.

3. Kadıköy

Toujours sur la rive asiatique, abondamment desservie par les ferries et le métro, se trouve le très décontracté Kadıköy, un quartier où l’on se rend sans attentes particulières… et où l’on finit souvent par rester toute la journée.

Kadıköy

Ce n’est peut-être pas le plus beau quartier d’Istanbul, mais c’est certainement l’un des plus vivants. On y trouve ainsi un marché vibrant où les pêcheurs annoncent leur prise à grand renfort de cris. C’est aussi le QG des chats qui se faufilent entre les sacs d’épices, des habitants à la recherche de vinyles rares ou de guitares, et des fresques murales qui apportent une explosion de couleurs.

On peut sans hésiter qualifier Kadıköy de “Berlin du Bosphore”: jeune, branché, brut, énergique et volontiers hédoniste. Le soir, le quartier s’anime complètement. Groupes indie sur de petites scènes, bières artisanales qui coulent à flots, salons de tatouage pris d’assaut…

Walter’s Coffee Roastery
Walter’s Coffee Roastery

Kadıköy incarne l’Istanbul des habitants progressistes. Le quartier attire d’ailleurs de plus en plus de visiteurs. Après avoir arpenté les musées à ciel ouvert de la rive européenne, ils viennent ici chercher l’âme alternative de la ville.

Hotspots

Moda est le cœur bohème du quartier. Ce mini-univers du jeune Istanbul branché se compose de ruelles étroites, de maisons art nouveau, de concept stores et de cafés parfumés au café fraîchement moulu et à l’aventure.

Adresse singulière: Walter’s Coffee Roastery, un temple conceptuel du café inspiré de la série Breaking Bad. Les baristas y portent des blouses de laboratoire et préparent l’espresso avec une précision quasi scientifique. Tout Kadıköy résumé en un lieu : intelligent, créatif, un rien rebelle.

4. Karaköy

Là où la Corne d’Or rejoint le Bosphore, juste sous le pont du même nom, Karaköy, l’un des plus anciens quartiers d’Istanbul, attire le regard. Avec son street art et ses rues pleines de bars et restaurants tendance, mais aussi ses hôtels stylés aménagés dans d’anciens entrepôts industriels. Sans oublier sa promenade animée et son musée d’art moderne.

Karaköy

Autrefois quartier chaud, puis zone totalement délaissée, Karaköy a connu une renaissance spectaculaire grâce à l’arrivée en 2004 d’Istanbul Modern. Ou le tout premier musée turc consacré à l’art moderne et contemporain.

Les entrepôts, hangars et vieux ateliers sont toujours là, mais ils abritent désormais de jeunes entrepreneurs inspirés. Qui y ont ouvert boutiques de design, torréfacteurs de café et galeries d’art.

Umbrella Street Istanboel

Karaköy conserve une délicieuse rugosité, mais n’est plus un secret bien gardé. Pour la plupart des touristes, une soirée ici est devenue incontournable.

Hotspots

Istanbul Modern occupe un superbe bâtiment signé Renzo Piano, qui évoque par certains aspects le Centre Pompidou. La collection permanente impressionne, du moins les amateurs d’art moderne, avec des œuvres majoritairement turques.

Karaköy Lokantası, brasserie légendaire, est l’adresse idéale pour ceux qui souhaitent découvrir la cuisine turque dans toute sa pureté : mezze traditionnels, poisson frais, aubergines braisées et yaourt à la menthe.

5. Cihangir

Le charmant quartier de Cihangir se déploie comme un balcon élégant au-dessus du Bosphore. La vue depuis ce “Montmartre d’Istanbul” est donc immanquable. Mais le quartier lui-même, avec ses façades art nouveau qui s’écaillent au soleil, ses boutiques d’antiquités et ses librairies, est tout aussi séduisant.

Cihangir

Depuis les années 1960, artistes, écrivains, acteurs et intellectuels s’y installent, attirés par l’esprit de liberté, la nonchalance et le relatif calme des lieux. À Cihangir, il ne se passe toujours rien « d’important ». Aucune grande attraction touristique à l’horizon, mais la magie réside dans les détails. Soit les façades du XIXᵉ siècle, l’évidente créativité – le quartier regorge de petites studios de design, de galeries et de boutiques vintage. Et puis les chats, presque vénérés ici.

Smyrna Istanboel
Smyrna

Cihangir laisse de la place à la lenteur, au repos et à la douceur. Dans une ville comme Istanbul, c’est précieux. Pourtant, le quartier propose aussi une vie nocturne remarquable. Au coucher du soleil, l’air se remplit de musique. Les cafés se remplissent, les terrasses bourdonnent d’activité. Au loin, on entend l’appel à la prière, mais ici, à Cihangir, ce sont les verres qui s’entrechoquent.

Hotspots

Kiki est une gastropub ultra-cool, réputée pour ses cocktails maison à base de vodka et pour sa piste de danse qui se remplit dès minuit.

Smyrna, un café plein d’atmosphère installé dans une ancienne boutique d’antiquités avec parquets de bois, éclairage doux, jazz en fond sonore et petites tables tournées vers la rue, a tout d’un salon.

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