Delphine Kindermans
L’art de préparer les fêtes: trouver le concept séduisant sans être banal
Pour les fêtes comme pour le reste, l’important est bien souvent de viser juste. La liste des cadeaux, le menu de réveillon… tout l’art consiste à trouver le concept qui plaira à coup sûr sans pour autant céder à la banalité.
Pour les fêtes comme pour le reste, l’important est bien souvent de viser juste. La liste des cadeaux, le menu de réveillon… tout l’art consiste à trouver le concept qui plaira à coup sûr sans pour autant céder à la banalité. Et la déco n’échappe pas à la règle ; Paul McCarthy ne démentirait sans doute pas, lui qui a vu son sapin arty dégonflé 24 heures à peine après son arrivée dans la Ville lumière. C’est que ce Tree monumental avait subi les assauts rageurs du Printemps Français – mouvement proche des idées de la Manif pour tous – dont les membres s’étaient dits outrés que l’on puisse installer une oeuvre à connotation sexuelle place Vendôme. Exit donc le symbole de Noël aux allures de plug anal, malgré les molles protestations de François Hollande qui déclarait à l’AFP que le pays dont il assure la présidence « sera toujours aux côtés des artistes comme je le suis aux côtés de Paul McCarthy ».
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Fin 2012, notre capitale avait déjà eu droit à son arbre de la discorde. Rien de salace à l’origine de la polémique dans ce cas-ci puisque ce sont plutôt les propos d’une députée bruxelloise qui avaient fait des étincelles. Bianca Debaets avait en effet sous-entendu que le choix de remplacer le conifère géant campant sur la Grand Place par une composition électronique se justifiait par la volonté d’effacer toute référence chrétienne pour ne pas froisser d’autres cultures. S’en étaient suivis une volée de propos racistes sur le Net et même une pétition en ligne, rassemblant plus de 10 000 signatures en deux jours à peine. Si les élus qui avaient fait ce choix audacieux l’avaient assumé crânement, la structure litigieuse n’en avait pas moins été démontée dès le 28 décembre, histoire de ne pas traîner le débat en longueur. Et l’an suivant, un bon vieux résineux trônait à nouveau…
Entre volonté de plaire à une large majorité et indispensable effet de surprise, les grands magasins ont eux aussi saisi tout l’enjeu de cette période festive, cruciale en termes de chiffre d’affaires. Selfridges, l’enseigne londonienne culte, a donc retenu pour ses vitrines de fin d’année le thème des contes de fée mais twistés par « une touche de modernité » – notamment un flash mob. Chez nous, Galeria Inno accorde une importance toute particulière « à l’ambiance » – en bleu et argent pour 2014 – même si « cela reste toutefois assez classique ». Quant aux très parisiennes Galeries Lafayette, elles n’ont pas dérogé au sapin tradi mais l’ont placé… cime en bas, dans un univers graphique évoquant celui d’un opéra baroque. A en croire l’équipe de quinze personnes chargée de plancher, un an à l’avance, sur ce moment phare « on est dans l’excès tout en restant subtil ». Lumineux, non ?
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