Le collagène à boire, nouvel élixir de jouvence?

© ANTONIO TERRON / TRUNK ARCHIVE

Cette tendance venue des Etats-Unis débarque chez nous, promettant aux beautystas de retrouver leurs 20 ans en quelques gorgées journalières. Un produit « miracle »… ou pas.

C’est quoi?

C’est vêtue d’une nuisette parme que l’influenceuse Kourtney Kardashian a lancé récemment en ligne une poudre à dissoudre à base de collagène, brandée à son nom. « Chaque jour, après avoir dit ma prière, je reste dans un mood positif en buvant cette boisson, peut-on lire sur Poosh, son blog lifestyle. Cela fait des années que j’en consomme tous les matins et les changements sur mon corps sont saisissants. »

A en croire la starlette aux 84 millions de followers, l’ingestion quotidienne de ce composant majeur de nombreux tissus du corps humain rendrait sa peau plus lumineuse, ses cheveux plus sains et ses ongles plus forts. Mieux encore? Grâce à des os et des articulations renforcés, la pratique du sport en serait même plus aisée. Peu importe que cet élixir miracle soit fabriqué à partir de carcasses de bovins issues de l’élevage industriel, la jeunesse éternelle est à ce prix…

1.0Collagen has been an important part of my wellness and self-care routine for years. So it only seemed natural to have @poosh’s first collab be a collagen powder (and I’ve added some extra favorites of mine like hyaluronic acid, amla fruit and ashwagandha). I’ve worked so hard on this to make it perfect – from the taste, to the ingredients. I hope you guys love it as much as I do! Go to shop.poosh.com to get some and tag me and tell me what you think!kourtneykardashhttps://www.instagram.com/kourtneykardash1458212372034297570483603267_145821237Instagramhttps://www.instagram.comrich658

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Ça vient d’où?

Initié en Asie où la beauté se consomme autant en shaker qu’en pots de crème, le business des cosmétiques comestibles devrait atteindre les 190 milliards d’euros à l’échelle mondiale d’ici 2022, selon le quotidien britannique The Telegraph. Aux Etats-Unis, la tendance est déjà bien installée et les « Drinkable Collagen Parties » font le buzz outre-Atlantique depuis 2013. Le genre de fêtes entre copines – car oui, le phénomène est presque exclusivement féminin – où l’on papote en mangeant des petits fours avant de terminer par un shot de molécules miracles. Le plus souvent dissoutes dans un smoothy, elles peuvent aussi être infusées dans l’alcool – comme le bien nommé… Collagin! – pour les plus audacieuses pressées d’oublier que ce dernier n’est pas vraiment doté de vertus anti-âge…

Désormais, plusieurs marques spécialisées dans les compléments alimentaires proposent aujourd’hui, en Belgique, du collagène en poudre à diluer. C’est notamment le cas d’Oenobiol, Therascience ou Biocyte dont les produits sont disponibles en (para)pharmacies.

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Ça fonctionne comment?

A la base de cette nouvelle routine anti-âge, un constat sans appel: le collagène responsable de l’élasticité de la peau disparaît au fil du temps. Dès l’âge de 20 ans, sa production naturelle se ralentit chaque année. On estime ainsi qu’à 50 ans, la moitié des molécules de collagène auraient déserté le derme. Déjà utilisé en injection pour combler les rides mais également de manière topique dans de nombreuses crèmes cosmétiques, il peut donc aussi être ingéré à condition toutefois d’avoir subi au préalable le traitement adéquat. « Telle quelle, la molécule est trop grosse pour être assimilée convenablement par la paroi intestinale, rappelle Hélène Binet, dermatologue spécialisée dans les traitements esthétiques innovants. Elle doit avoir été hydrolysée sous forme de peptides de faible poids moléculaire pour être digestible et donc absorbée par l’organisme. »

De la qualité de ce traitement dépend aussi la garantie d’innocuité d’un produit dérivé de carcasses d’animaux morts… « Pour obtenir ces hydrolysats, il faut passer par des très hautes températures, ce qui détruit potentiellement les éléments pathogènes redoutés comme le fameux prion responsable de la maladie de la vache folle », rassure le toxicologue Alfred Bernard, professeur à l’UCLouvain. Une fois assimilés, ces peptides ne viennent pas remplacer le collagène manquant dans le derme mais ils en encouragent la synthèse naturelle. « Avec le temps, cette synthèse spontanée se ralentit, poursuit le directeur de recherches. Lorsque le collagène naturel se dégrade, il prend aussi la forme de peptides. Quand le corps en détecte la présence, il relance donc la production. »

Ils en pensent quoi?

Ce coup de bluff a clairement ses limites et nécessite aussi de choisir le produit présentant une quantité de collagène suffisante et surtout de nature semblable à celui que l’on retrouve dans la peau si c’est là que l’on veut qu’il agisse. « Les études sérieuses s’accordent pour voir une amélioration de la qualité de la peau si l’on consomme 10 grammes de collagène hydrolysé chaque jour, pointe Hélène Binet. Encore faut-il pouvoir les avaler car ces poudres ne sont pas toujours faciles à dissoudre et rarement plaisantes à boire. »

Pour nos deux spécialistes, mieux vaut en tout cas toujours se fournir en pharmacie et demander si possible l’avis d’un médecin capable de détecter sur les promesses de l’emballage les allégations pas toujours scientifiquement fondées. Il est aussi préférable d’acheter des marques se pliant aux normes en vigueur dans l’Union européenne, souvent plus strictes que celles qui existent en la matière aux Etats-Unis. « De là à imaginer que cela fera disparaître les rides et vous rendra votre peau de 20 ans, il ne faut pas rêver, conclut Hélène Binet. Mais une stimulation des fibroblastes ne peut pas faire de tort. » Comme la petite prière de Kourtney Kardashian…

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