Le repassage, cette tâche devenue désuète

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Le repassage, tâche ingrate par excellence, est de plus en plus délaissé. Aujourd’hui, on affiche sans plus trop de complexe ses plis.

« Repasser, c’est dépassé », affirmait Le Monde dès 2019. Il est vrai que nous sommes de plus en plus nombreux à rechigner à nous installer devant notre planche dédiée à cette tâche. Et pourtant : s’afficher froissé est plus vite dit que fait.

« Par exemple, il arrive encore trop péniblement souvent que ma belle-mère s’occupe de repasser nos chemises » avoue Jorik, journaliste à Knack Weekend. « Il n’est pas rare qu’après une visite, elle reparte avec un panier rempli de linge propre qui attendait depuis plusieurs semaines de se retrouver à nouveau sans pli. Quand le linge nous revient parfaitement repassé, mon amour et moi nous nous promettons qu’il n’y aura pas de prochaine fois. Jusqu’à ce que, rougissant de honte, on lui donne une nouvelle manne de linge. Pourtant, environ une fois par mois, je rassemble tout mon courage pour me lancer dans cette tâche ingrate. Pendant les deux heures de ce qui s’apparente à un repassage marathon, j’essaie de trouver du réconfort dans un verre de vin et une série Netflix de seconde zone. De celles dont, en cas de pli récalcitrant, il est possible de manquer la moitié sans rien perdre de l’intrigue. Mais le vrai problème, autant l’admettre, c’est que je déteste le repassage. »

Un repassage qui tombe en désuétude

Les chiffres montrent que Jorik n’est pas seul. Environ la moitié des Belges n’aiment pas repasser et 22% détestent même ça. Cette tâche ménagère est en tête de liste des activités les plus honnies, juste avant le ménage et la lessive. Un constat ancien, puisque « le repassage a toujours été la tâche domestique la plus contraignante avec le lavage de vitres. Car, contrairement à la préparation des repas, l’obligation de le faire reste floue et ce n’est pas très personnalisable », explique dans les colonnes du Monde Sébastien Dupont, psychologue et auteur de La Famille aujourd’hui.

Une étude réalisée par la Vrije Universiteit Brussel en 2013 montre que c’est le repassage dans son ensemble qui est en déclin. Alors qu’en 1999, 61,8 % des femmes sortaient encore la planche à repasser chaque semaine, moins de la moitié le font encore aujourd’hui. Et on ne peut pas compter sur les 7,2 %, d’hommes qui repassent, pour compenser cette baisse. Selon l’étude de Braun, 60% des hommes avouent ne jamais repasser.

Si cette activité domestique ne séduit guère dans son ensemble, le Belge y passe aussi moins de temps par semaine. En effet, d’après une étude menée par Braun, 37,7 % des Belges repassaient encore plus d’une heure par semaine en 2016 et ils ne sont plus que 31 % à le faire en 2018. La séance de repassage est aussi de plus en plus aléatoire. Toujours selon la même étude, en 2016, ils étaient 59 % des répondants à s’adonner au repassage « ponctuel », alors qu’en 2018 ce chiffre est monté à 79 %.

Le repassage, cette tâche devenue désuète
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De manière générale, nous sommes chaque jour plus nombreux à déléguer les tâches domestiques et à utiliser une aide ménagère, donc aussi pour le repassage. Ainsi 133 millions de titres-services ont été utilisés en 2018 en Belgique, soit 2,5% de plus qu’en 2017, selon des chiffres de la fédération sectorielle Federgon. En Flandre, 85,7 millions de titres-services ont été utilisés (+3,1%), 31,4 millions en Wallonie (+1,5%) et 15,9 millions dans la Région de Bruxelles-Capitale (+1%). Pour rappel un titre-service coûte neuf euros pour une heure, sans compter la déduction régionale.

Vivre froissé, c’est bon pour la planète

En abandonnant le repassage, nous économiserions non seulement du temps et de l’argent, mais nous apporterions également notre petite contribution à la protection de l’environnement. Le lavage, le séchage et le repassage représentent en effet 36% de l’impact environnemental de votre vêtement.

Le bonheur est-il dans le pli ?

Mais si nous avons tous une telle aversion pour le repassage, pourquoi n’abandonnons-nous pas purement cette habitude qui pour certain est presque obsolète ? Est-il encore absolument nécessaire d’assister à des funérailles ou à une réunion importante sans plis? Cela semble, quoi qu’il en soit, de moins en moins un impératif sociétal. Ainsi, toujours selon l’étude de Braun, seuls 35 % des répondants ont fait savoir qu’ils étaient dérangés par des vêtements non repassés.

« Je me rappelle le nombre de fois où ma mère, bien intentionnée, a remarqué un pli mal placé ou à ma belle-mère qui suggère son aide à chaque visite. La prochaine fois que j’aurais droit à une de leur tirade, je m’imagine lui rétorquer les paroles d’un ami qui affiche son dégout du repassage sans complexe: « Les gens qui ont réussi comme Steve Jobs portaient un pull à col roulé. Et nous savons tous pourquoi » » poursuit Jorik.

On pourrait, comme lui, songer sérieusement à afficher un style débraillé. D’autant plus qu’il passe, dans certains milieux, comme une forme de dandysme, un je-m’en-foutisme sublime qui s’autorise à porter légèrement froissées des chemises sur mesure.

L’art de l’étendage ou de l’auto repassage

Pour ceux que le fer rebute, mais qui ne se sentent pas le panache d’un Edouard Baer, il existe des techniques qui permettent de donner l’impression d’une certaine netteté.

La première méthode à la fois simplissime et magistrale a fait ses preuves. On l’appelle parfois la « méthode DSK » qui en était un grand adepte avant sa chute. Elle n’a rien de grivois et consiste à laisser couler l’eau chaude et à suspendre ses chemise ou costume au-dessus de la baignoire (en s’assurant bien entendu que l’eau n’asperge pas les vêtements). On veillera aussi à fermer la porte et les fenêtres pour que la vapeur ne puisse pas s’échapper. Si vous ne voulez pas gaspiller d’eau, vous pouvez prendre votre douche en même temps. Il faut compter environ 15 minutes pour obtenir l’effet désiré.

Une autre technique est de mettre un glaçon dans le sèche-linge (cela marche aussi avec une chaussette humide). On règle ce dernier sur chaleur moyenne et l’on fait sécher ses vêtements pendant environ 15 minutes. On veillera également à les suspendre juste après les avoir sortis. Il est également tout à fait possible de les porter si tôt sortis du séchoir. L’important étant ici de ne pas les laisser dans le sèche-linge, puisqu’ils se froisseront à nouveau.

Enfin, en étendant son linge d’une certaine façon, on se prémâche sérieusement le travail. Voici quelques techniques :

  • On étend le linge dès la fin de la machine
  • Avant de l’étendre, on le secoue sèchement
  • Les pantalons s’étendent vers le bas, le poids de la ceinture, des poches ou encore de la fermeture éclair va tendre le pantalon et l’aider à se défroisser. Même procédé pour les T-shirts, les pulls et les sweat-shirts (on voit aussi moins les traces de pinces à linge).
  • Les chemises et robes iront par contre sur des cintres.
  • Bien étendu, il suffit souvent d’un petit coup de « lissage » avec vos mains sur le linge avant de le plier. Il est d’ailleurs conseillé de plier directement dans la foulée pour éviter que le linge ne se chiffonne.
  • On évireta de placer le linge à cheval sur le fil.

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