Les conseils d’une adepte du « slow living » pour retrouver le temps de vivre

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Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Géraldine Lethenet est professeure de yoga et experte en développement personnel. Dans son ouvrage « 50 exercices pour ralentir », celle qui se définit comme ‘artisane nomade de la connaissance de soi’ nous enjoint à adopter la ‘slow life’ et à retrouver le temps de vivre. Comment y arriver dans un monde hyper connecté où tout va toujours trop vite ? Géraldine nous montre la voie.

Que signifie vraiment « ralentir » pour vous ?

Ralentir, c’est avant tout redonner sa place à sa sensibilité et avoir le courage de re questionner ce qui nous semble « normal » pour vérifier qu’on est bien « en accord » avec ce que l’on fait. Il est urgent de prendre conscience de deux choses:

– que nous sommes en interdépendance avec le vivant et que nos actes ont un retentissement sur notre écosystème,

– que nous sommes profondément conditionnées et qu’il est impératif de retrouver notre libre arbitre d’être vivant.

Sans tout diaboliser ou aller dans des pensées extrêmes, juste poser un regard mature sur soi, ses croyances et ses actes. Décider ce que l’on fait de – et dans – sa vie permet de se sentir puissant, fort, à sa place, fier de soi, heureux et libre, car c’est prendre ses responsabilités et donner une cohérence à ce que l’on fait chaque jour!

Pourquoi est-ce si important de ralentir à l’heure actuelle ?

Ralentir permet de se rencontrer. L’idée est de prendre le temps de s’écouter pour rétablir la connexion entre soi et soi. Souvent, nous sommes connectés au monde mais ni à notre corps, ni à nos émotions. De plus en plus de personnes craquent, font des burn out, s’effondrent sous la pression. Alors qu’elles sont bien insérées socialement et affichent les signes « classiques » de la réussite, elles cherchent le sens de leur existence…

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En quoi l’hyperconnectivité est-elle néfaste ?

Nous avons tellement pris l’habitude de faire « comme il faut » que nous avons perdu la liberté d’écouter notre sensibilité et d’aller à contre-courant. Le mode de vie occidental, la ville, le monde du travail, les smartphones… déconnectent l’humain de ses besoins naturels et nous placent dans un flux, une vitesse qui n’est pas notre rythme organique. Nous n’adaptons pas nos contraintes quotidiennes à nos capacités du jour, n’écoutons pas notre sensibilité, nous sommes bombardés d’infos à toute heure, esclaves de la vitesse, convaincus qu’il faut être efficace, présent, « branché » et cela, non-stop. Or, tout dans la nature a des moments on et des moments off. Sauf l’humain!

Selon vous, pourquoi l’humain a-t-il peur d’actionner le mode off ?

Nous avons tellement été formatés à cette vitesse-là, que cela apparaît normal au point qu’on ait peur de « louper » quelque chose si on se déconnecte, voire même de se mettre en danger si on s’éloigne de notre téléphone. Ces croyances se sont infiltrées si profondément en nous qu’on les considère comme des normes. L’inconscient collectif dicte qu’il faut produire pour exister, gagner notre pain à la sueur de notre front, qu’il faut être reconnu par le monde extérieur pour avoir de la valeur. Cela met l’individu sous pression, en le déconnectant de son libre arbitre et de son ressenti, mais c’est la normalité… Nous exigeons de notre corps une résistance et un niveau d’attention qui sont au-delà de ses capacités naturelles, mais c’est normal… Vu de l’extérieur, le tableau pourrait paraître grotesque ou inquiétant… mais de l’intérieur, comme la plupart de la population accepte de jouer le jeu sans le remettre en question, c’est devenu « normal »… Et c’est sortir de cette routine habituelle qui est excentrique ou utopiste!

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Lire aussi : Eloge du slow living ou ralentir pour vivre mieux

Pourtant, en y regardant objectivement, ce sont des croyances auxquelles on adhère, et on CROIT souvent qu’il est impossible de créer autre chose. Faire « autrement » c’est « marginal » voire « rebelle »! Pourtant il suffit de passer une frontière pour que certaines normalités soient autres, ou d’observer ceux qui ont fait des choix de vie « différents » pour voir que vivre autrement c’est possible, qu’on est libre de sortir du moule si on s’y sent à l’étroit ou mal à l’aise. C’est difficile parce que l’inconnu fait peur, on manque de confiance en soi pour oser la différence! Pourtant, c’est possible de suivre ses rêves et ce n’est qu’une succession concrète de petits pas!

Comment peut-on lever le pied ?

Nous avons besoin de revenir à un rythme plus naturel, plus personnel, plus sensible. Cela ne veut pas dire sortir de la société ou cesser d’agir. La nature est créatrice, elle répond à un système « parfaitement intelligent », à son rythme propre. Et nous en faisons partie intégrante. Nier que nous avons un rythme et des besoins vitaux, c’est devenir des robots… Et cela nous a amenés à détruire ce dont nous avons besoin pour vivre: notre milieu naturel! Il serait temps de faire évoluer cette façon d’agir, pas seulement en « surface » ou parce que c’est la mode, mais parce que nous écoutons ce qu’il se dit à l’intérieur.

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Si vous deviez nous donner 3 conseils faciles à appliquer au quotidien pour adopter un mode de vie plus « slow », quels seraient-ils ?

Méditer 3 minutes le matin et 3 minutes le soir

Prendre 3 minutes assis dans la solitude, même dans le métro ou le bus, fermer les yeux, relâcher les épaules et les traits du visage, et observer les pensées qui passent. Les regarder défiler, les rencontrer, observer si ce sont des peurs, des souvenirs, des projections… Se regarder de l’extérieur, prendre un peu de recul sur soi… 6 petites minutes par jour.

Prendre un temps de solitude par semaine, même 30 ou 40 minutes, à ne rien faire. Seul, sans téléphone. Regarder le ciel, se détendre, se promener dans la nature, s’adosser à un arbre, regarder la rivière couler, respirer…

Tous les jours répondre à ces 3 questions :

Comment je sens mon corps (mes sensations physiques, mes tensions, ma digestion, mon sommeil),

Comment je sens mon coeur (mes émotions, mes sentiments, mon affectif)

Comment je me sens dans ma tête (mon état, mes choix de vie, mes rêves, mes aspirations sont-elles nourries?)

50 exercices pour ralentir, aux éditions Eyrolles (136 p. 12 €). Géraldine Lethenet a un site spécialisé en yoga, connaissance de Soi par le mouvement et la créativité : www.yogaya.fr et une chaîne YouTube Yogaya/Géraldine Lethenet avec les exercices du livre guidés en vidéo.

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