Dilettante, Marseille ? Pas vraiment ! Il suffit de voir la fièvre qui s’empare de son bord de mer. Partout, des grues et des gratte-ciel qui n’ont qu’une envie : tutoyer les anges. Vite, vite… Il faut être prêt pour 2013 ! La belle Phocéenne sera alors Capitale européenne de la Culture. En attendant, enfilez vos baskets et votre jeans (marseillais) pour partir à la redécouverte de cette ville magnétique.

Si vous voulez redécouvrir Marseille avec un £il neuf, sautez dans le métro et poussez jusqu’à la Belle de Mai. Dans ce quartier formidablement vivant, on sent battre comme nulle part ailleurs le pouls de la ville. En tendant bien l’oreille, vous y entendrez peut-être parler espagnol, italien, arabe ou arménien. Et vous surprendrez, derrière un rideau, l’odeur de ce café chicorée qui appelle les souvenirs et le pain beurré ! Mais ce que vous verrez surtout, c’est la jeune scène artistique. Scénaristes, vidéastes, musiciens et plasticiens ont investi en force l’ancienne manufacture de tabac, faisant de cette friche l’un des plus grands pôles culturels d’Europe. De la Belle de Mai, gagnez à pied l’ancien port marchand de la Joliette, qui poursuit sa mue spectaculaire entre logements neufs, skyscrapers et coulée verte. Réhabilités il y a dix ans déjà par l’architecte Eric Castaldi, les docks sont devenus the place to be seen. Ils prennent d’ailleurs un petit air londonien, ces anciens entrepôts dans lesquels on stockait tabac, céréales et métaux. Même le bas de la Canebière semble gagné par ce vent de nouveauté. Rhabillé de pied en cap, l’hôtel La Résidence du Vieux-Port joue la carte vintage avec des chambres fifties et des salles de bains très  » motel américain « . Scènes d’intérieur mais aussi scènes de mode, avec des marques comme American Vintage, la griffe de jeans marseillaise devenue une success story… La Belle Phocéenne semble décidément bien partie pour affronter le grand large.

1. VISITER LA CITÉ RADIEUSE DE LE CORBUSIER

Certains Marseillais l’appellent  » la Cité du Fada « . Mais pour les amateurs d’architecture, la Cité Radieuse (1945-1952) de Le Corbusier est une icône. Toute l’architecture moderne est contenue là, dans cette façade en béton à l’allure de paquebot. Rouge, jaune, vert : les loggias (repeintes de frais) rappellent la palette de Mondrian. Si la plupart des commerces ont disparu, il reste toujours les 337 appartements ainsi que l’école, le ciné-club et le gymnase. On peut prolonger la visite par une nuit à l’hôtel. Il faut être très amoureux pour dormir dans les chambres cabines inspirées des cellules monacales ! Mais les suites sont parfaites, avec leur mobilier et leurs luminaires d’origine signés Charlotte Perriand et Le Corbusier. La bonne idée ? Déjeuner au restaurant le Ventre de l’Architecte au 3e étage.

280, boulevard Michelet, 13008.

www.marseille-citeradieuse.org

Hôtel Le Corbusier (à partir de 69 euros la chambre). Tél. : +33 4 91 16 78 00.

www.hotellecorbusier.com

2. SHOPPER DANS LE QUARTIER DES ANTIQUAIRES

Si vous ne rêvez que des années Courrèges, la rue Edmond-Rostand et ses alentours sont faits pour vous ! L’Uniq Galerie de Magali Terzian métisse joliment mobilier 60 et petits tailleurs so chic. Vous pourrez y dénicher en vrac une lampe Arco (originale), une chauffeuse de Giancarlo Pirretti et des escarpins d’Ugo Rossetti. Pas sûr en revanche que Magali consente à se séparer pour vous de son porte-manteau Ferraud ! Déjà implanté dans le quartier des antiquaires, Studio 19 a créé une annexe dédiée au mobilier scandinave et au linge de maison. Adresse vintage à épingler : le Cabanon Design (photo).

Studio 19. 27, rue Saint-Jacques

et 3, rue Edmond-Rostand, 13006.

Tél. : +33 4 91 53 35 67.

www.studio19.fr

Uniq Galerie. 18, rue Edmond-Rostand, 13006. Tél. : +33 4 84 26 12 72.

Cabanon Design. 32, rue Saint-Jacques, 13006. Tél. : +33 4 91 48 12 15.

www.lecabanondesign.com

3. FERMER LES PAUPIÈRES AU NEW HOTEL

Installé dans l’ancien Institut-Pasteur, à quelques pas du Vieux-Port, le New Hotel of Marseille, 4-étoiles, a tout pour séduire. Première (bonne) surprise : le mini-potager planté de poivrons, piments et tomates accueille le visiteur. Le reste est à l’avenant. Pas d’uniforme guindé, mais une tenue très  » base-ball  » (casquette et chemisette avec numéro fluo) pour l’ensemble du personnel. Le temps de poser ses bagages dans la chambre black & white et on plonge dans la piscine. Entre chien et loup, on jette un coup d’£il aux tableaux de l’artiste marseillais Cabanne. Puis, quand les lumières de la ville clignotent, on s’installe au Victor Café pour déguster un b£uf façon Kobé (le must !) ou un risotto crémeux au mascarpone sous le regard du mannequin Twiggy, épinglé sur les murs. Le dimanche, on zappe le petit déjeuner pour profiter directement du brunch au champagne !

New Hotel of Marseille. 71, boulevard Charles Livon, 13007. Tél. : +33 4 91 31 53 15. www.new-hotel.com

4. FLÂNER DANS LE QUARTIER EUROMÉDITERRANÉE

Depuis le temps que les Marseillais en rêvaient, c’est (presque) chose faite. Du Vieux-Port aux quais d’Arenc, la ville poursuit sa mue à grandes enjambées. Dessinée par Zaha Hadid, la tour CMA dresse ses 147 mètres dans le ciel. Du jamais vu ! Parmi les autres spots à ne pas manquer : les Docks et le Silo, le  » nouvel Olympia  » comme on le surnomme ici. Visiter, drinker et dormir… Le quartier Euroméditerranée est à consommer sans modération, nuit et jour. Très bien situé, le Suite Hôtel est la bonne adresse du quartier. Les prix sont plus que sages et on y déguste un petit déjeuner formidable avec un succulent pain perdu à la rhubarbe et des verrines au mascarpone-citron confit autour du bar en Corian.

Centre d’informations Euroméditerranée. 10, place de la Joliette, 13002. Tél. : +33 4 91 14 45 00.

Suite Hotel. 33, boulevard de Dunkerque, 13002.

Tél. : +33 4 91 01 56 50. Forfait Grand week-end (3 nuits) à partir de 77 euros la nuit, petit déjeuner inclus. www.accorhotels.com

5. S’OFFRIR UN SOIN AU SOFITEL VIEUX-PORT

Marc Hertrich et Nicolas Adnet ont redonné une seconde vie au Sofitel Vieux-Port en lui insufflant le supplément d’âme qui lui manquait. Résultat : l’hôtel, auréolé d’une cinquième étoile, est devenu l’un des plus beaux spots marseillais. Tout habillé de soie blanche, le couloir menant au spa semble flotter entre terre et mer. Le long de ce chemin initiatique, de grands coraux métalliques (dessinés par Géraud de Torsiac) dressent leurs branches stylisées. Des photophores et des bocaux argentés invitent à s’alléger toujours davantage. Pour un peu, on s’attendrait à voir surgir le sublime visage d’Isabella Rossellini dans cette forêt éthérée… Parmi les soins, optez pour l’Ethnic Fusion, qui mixe massages balinais, thaï, oriental et shiatsu. Puis allez grignoter au bar un macaron bleu et blanc (aux couleurs de l’OM !). Avec un peu de chance, vous apercevrez Steve Mandanda ou le bel Argentin Lucho Gonzalez !

Sofitel Vieux-Port. 36, boulevard Charles Livon, 13007. Tél. : +33 4 91 15 59 00. www.sofitel.com

6. RÉSERVER UNE TABLE CHEZ PERON

Boiseries acajou, portes-hublots et lignes strictes : la table du restaurant Peron joue la carte  » Paquebot « , avec un style très années 40 qui se décline jusque dans la coursive. Seul un panneau corail tendu au-dessus du buffet Art déco bouscule un peu ce vocabulaire volontairement masculin. Aux beaux jours, les maquereaux en escabèche se dégustent sur la terrasse ouverte sur la mer et les îles du Frioul. On poursuit avec un filet de rascasse à la plancha, riz noir au safran, pour finir sur des accords audacieux, glace au fenouil et à la betterave par exemple. Quand le fond de l’air est doux, on n’a qu’une envie : ôter ses stilettos pour faire quelques pas sur la plage des Catalans, en se promettant de revenir très vite dîner dans cet endroit magique. Cette fois, c’est sûr, on goûtera la bouillabaisse revisitée par Yannis Lisseri et Jérémy Bigou !

Peron. 56, promenade de la Corniche, 13007. Tél. : +33 4 91 52 15 22.

www.restaurant-peron.com

7. FAIRE UN TOUR AU CENTRE DU DESIGN

Jacqueline Régis a eu plusieurs vies : directrice d’un théâtre, elle a promu l’écriture contemporaine avant d’ouvrir des chocolateries puis, en 2000, ce Centre du Design. Une fois n’est pas coutume, l’entrée se fait par le magasin de chocolats ! Un coup d’£il aux étagères signées Pierre Juvigny et on glisse dans la grande salle immaculée. Créateurs reconnus et talents prometteurs issus de la scène marseillaise se partagent l’affiche. Pour les emplettes, on passe au sous-sol. Ici comme à l’étage, la jeune création est à l’honneur. Si la sélection compte quelques icônes, elle reste dans l’ensemble assez pointue avec, par exemple, les bols de Soren Thygessen (Kähler) ou les dernières créations des Danois de Muuto.

Centre du Design. 6, avenue de la Corse, 13007. Tél. : +33 4 91 54 08 88.

www.designmarseille.org

8. COLLECTIONNER DES PIÈCES SIGNÉES LN BOUL

Une jolie tête bien faite et l’envie de forcer le destin : formée aux beaux-arts de Marseille, Hélène Boularan croit en sa bonne étoile. Et elle a raison. Son paravent Swell, en lames de peuplier, est déjà diffusé par Ornithorynque et ses plats à sushis (dessinés avec Fabrice Koukoui) trônent sur les étagères de Un jour, une sardine. Mais pour dénicher son fauteuil O Seating, en fibre de verre, il faut se rendre chez MDBA, rue de Paradis, ou dans son atelier situé dans le quartier de la Belle de Mai. Vous pourrez y acquérir son soliflore (inspiré du Petit Prince) ou sa lampe en fils électriques.

L’Ornithorynque. 16, rue Lulli, 13001.

Tél. : +33 4 91 55 50 48.

Un jour, une sardine. 157, rue de Paradis, 13006. Tél. : +33 4 91 37 94 14.

MDBA. 163, rue de Paradis, 13006.

Tél. : +33 4 91 81 28 12.

LNBoul. 20, boulevard Leccia, 13003.

Tél. : + 33 4 84 26 79 39.

9. ADMIRER LES BELLES CYLINDRÉES DU MAC

L’art contemporain n’est pas encore la  » cup of tea  » des Marseillais. Dommage ! Les quartiers Sud abritent pourtant un musée important. Toutes pavées de marbre, les salles du MAC sont lumineuses et les pièces exposées pleines de gaieté. À voir : le Pouce géant de César et ses compressions en carton, la Cabane éclatée de Daniel Buren, la drôle de machine de Jean Tinguely et l’éclatant King of the Zulus de Jean-Michel Basquiat. Côté belles cylindrées, la DS de Gabriel Orozco et la Jaguar rouge de Jean-Luc Parant. Plébiscitée par les enfants, la table-miroir de Michelangelo Pistoletto et sa vingtaine de sièges symbolisant les pays de la Méditerranée alimente les conversations. Ensuite, on a le droit d’aller grignoter en terrasse un poisson grillé ou la pasta du chef !

MAC. 69, avenue de Haïfa, 13008. Tél. : +33 4 91 25 01 07. www.marseille.fr

10. DÉCOUVRIR UN SHOWROOM UNIQUE

Anne-Carole Vandenberghe aime les associations improbables. Son appartement-showroom, situé à quelques pas de sa boutique MDBA, en est la preuve. Dans le salon, la lampe-cheval de Front Design tutoie l’étrange table basse Bagdad d’Ezri Tarazi, tout en profilés d’aluminium. À proximité, le canapé Boa des frères Campana prend la pose sous une toile de maître. Si l’ensemble manque un peu de liant, ce showroom pas comme les autres mérite néanmoins le détour. On y déniche en effet quelques raretés. Si vous aimez les frères Campana, ruez-vous sur leur fauteuil Leatherworks (édité à 20 exemplaires seulement dans le monde). Si vous préférez Sottsass, le mobilier Memphis qui trône dans l’entrée et la cuisine est pour vous.  » L’idée de ce showroom, c’est de désacraliser le design en montrant qu’il s’accommode très bien du quotidien « , précise Anne-Carole. n

Rue E. Delanglade, 13006. Tél. : +33 4 91 81 28 12.

Uniquement sur rendez-vous.

PAR THÉRÈSE ROCHER

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