C’est désormais un rituel. Chaque année, au cour du printemps, les fashion addicts se bousculent pour assister au Festival international de la mode et de la photographie à Hyères, dans le sud de la France. Et comme chaque année, Weekend y était, lui aussi. Récit…

Le Festival International de la mode et de la photographie à Hyères s’est donné pour mission de récompenser les jeunes talents de la planète mode. Un rendez-vous annuel marqué à l’encre rouge dans les agendas des fashionistas. Du 27 au 30 avril dernier, il célébrait sa 22e édition déjà et était présidé par le grand couturier Christian Lacroix. A chaque fois, les Belges s’y distinguent. Alors que lors de la 21e édition, Anthony Vaccarello (La Cambre) remportait le grand prix du jury et Julien Dossena (La Cambre) le prix 1.2.3 (attribué par la chaîne de boutiques éponyme), on notait, cette année, la présence de trois étudiants issus de l’école belge : Karin Schoenenberger (Académie d’Anvers), Emilie Beaumont (La Cambre) et Peter Bertsch (Académie d’Anvers), ce dernier repartant avec le prix 1.2.3.

Samedi 18 heures. On prend les mêmes et on recommence. Tour des Templiers, dans le centre de Hyères. Une myriade de journalistes de mode se retrouve sur la place du village pour célébrer le vernissage de l’exposition de la Française Estelle Hanania. Grand prix de photographie de l’édition 2006, celle qui avait aussi concouru l’année précédente en tant que styliste en duo avec sa s£ur jumelle Marion présente son travail issu d’une commande : les clichés des dix jeunes créateurs en compétition mettant en scène l’univers de chaque styliste dans un environnement naturel et végétal.

21 heures. Direction la plage de l’Ayguade où est traditionnellement dressé le chapiteau des défilés. Y sont conviés les journalistes de mode triés sur le volet ainsi qu’un public d’amateurs qui décernera lui aussi son prix. Les dix jeunes créateurs en compétition démontrent un style très créatif et très personnel.  » C’est un bon cru « , fera remarquer Christian Lacroix, le président du jury, lors de la remise des récompenses. On suit de près l’évolution de la Belge Emilie Beaumont issue de La Cambre (Bruxelles) qui n’a toutefois pas conquis le jury.

Parmi les autres Belges, Peter Bertsch, diplômé de l’Académie d’Anvers et lauréat du récent Lancôme Colour Design Awards, à Bruxelles (lire aussi Weekend du 27 avril dernier), rafle, lui, le prix 1.2.3 doté d’une bourse de 15 000 euros. Sa collection, dont la matière dominante est le PVC, et intitulée  » Bionic « , offre un univers très abouti, inspiré de la chirurgie esthétique. C’est à la fois poétique et conceptuel, comme le démontre l’association de cette jupe couleur vert d’eau à taille haute et ce chemisier en voile transparent rehaussé d’une collerette en PVC.

La Suédoise Sandra Backlund (31 ans), qui décroche le grand prix du jury d’un montant de 15 000 euros, fait sensation avec une collection très tonique, constituée de tops et de robes en maille aux volumes sculpturaux. Ses robes, toutes tricotées à la main sans dessin préalable, s’affichent, très sexy, sur des culottes bien couvrantes. Une collection ultraféminine qui fait l’unanimité parmi les festivaliers.

Epinglés eux aussi : la Danoise Mathilde Botfeld qui présente une collection mixte intitulée  » Traces  » sur le thème des marques laissées par les embrassades et autres signes d’affection ainsi que l’Allemand Peter Wiessman avec sa collection pour l’homme très nonchalante et moderne, jouant sur le vestiaire des pantalons larges, négligemment ceinturés et associés à de grosses chaussettes tricotées. Les deux créateurs d’Europe du Nord remportent une mention spéciale du jury  » pour leur univers qui va au-delà de la mode « , précisera Christian Lacroix. Le duo formé par les Japonaises Shiori Suzuki et Emi Sekiguchi, du Saint Martins College of Art and Design de Londres, décroche, quant à lui, le prix du public avec une collection tout en raffinement. Inspirée de la cathédrale Notre-Dame de Paris, celle-ci reproduit des rosaces sur des broderies à dominante noire et bleue.

22 heures. Julien Dossena (diplômé de La Cambre), vainqueur en 2006 du prix 1.2.3, fait défiler ses silhouettes qui ont été commercialisées par la grande chaîne de distribution, à base de zips et d’imprimés. En coulisses, il se murmure que, vu le succès engrangé, le Cambrien signerait à nouveau une mini-collection pour 1.2.3.

Minuit. Comme chaque année, la fête se poursuit à l’aéroport de Hyères.

Dimanche midi. A travers les dédales de la villa Noailles, on découvre l’exposition du Belge Christian Wijnants. Un superbe montage photos où des extensions de cheveux viennent prolonger des portraits de femmes. Poétique et plein de sensualité. Au premier étage, on est littéralement hypnotisés par l’installation baptisée  » Manque  » et signée Marc Turlan. Une performance qui tourne autour de l’absence et des visages masqués. Un étage plus haut, l’exposition du Belge Anthony Vaccarello, vainqueur de Hyères 2006 et aujourd’hui styliste chez Fendi, met en scène son travail sur la fourrure dans un environnement animalier et végétal.

Dans les caves voûtées de la villa, les expositions de photographies mettent en exergue l’£uvre du photographe néerlandais Popel Coumou, dont les clichés flirtent avec l’abstraction d’un peintre comme Edward Hopper, et ceux de l’Américaine Jessica Roberts, dont les adolescents au regard blasé et indolent attirent l’attention. Tous deux remportent le grand prix du jury.

Sur la terrasse de la villa, Christian Lacroix a installé ses propres créations d’une manière inattendue : corps renversés, visages masqués… constituent la base d’une scénographie hypermoderne.

Pour cette 22e édition, toutes les blogueuses de mode se sont donné rendez-vous. Tout particulièrement la britannique Suzy qui vient d’être désignée comme la meilleure bloggeuse de mode en Grande-Bretagne (www.stylebubble.typepad.com).

16 heures. Retour au chapiteau, histoire de se faire une deuxième opinion. Nous partageons le premier rang avec le Belge Anthony Vaccarello et Suzy la bloggeuse. La remise des prix en présence de Christian Lacroix mais aussi de Roy Genty, directeur artistique d’Issey Miyake, s’achève par un cocktail sur la plage, au coucher du soleil.

21 heures. En soirée, retour sur les hauteurs de la ville à la villa Noailles. On partage la pelouse avec Christian Lacroix. Les DJ du club parisien branché Le Baron assurent l’ambiance musicale. Histoire de ne pas être trop dépaysés. C’est ça aussi Hyères, c’est un peu Paris plage.

Agnès Trémoulet

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