Le CIVA, à Bruxelles, consacre une expo biographique à cet architecte australien qui navigue à contre-courant des tendances et se refuse à travailler à l’ordinateur.

1. C’EST L’ANTI-STARCHITECTE

Aujourd’hui, l’architecture, ou du moins ce qui en est médiatisé, se résume de plus en plus souvent à de belles images léchées de bâtiments plus m’as-tu-vu les uns que les autres, complètement utopiques même parfois. Quelques grands noms de l’art de bâtir se disputent le haut de l’affiche et cachent tous les créatifs, de par le monde, qui tentent de faire entendre sans esbroufe leur façon de concevoir nos lieux de vie. Glenn Murcutt n’est pas de ces stars de la brique. Même s’il a reçu, en 2002, le prix Pritzker, l’équivalent du Nobel dans cette discipline, le septuagénaire se la joue low profile. Il est certes membre du jury du Pritzker justement, donne des cours dans des universités aux quatre coins de la planète et ses maisons – il en a construit plus de 500 ! – sont des modèles pour nombre de ses confrères. Mais l’homme garde la tête froide, n’a jamais cherché à ce qu’on publie ou réalise une expo sur lui et se contente de faire son job, en toute simplicité.

2. C’EST L’ANTI-MONDIALISATION

Le 19 novembre dernier, Glenn Murcutt était à Bruxelles pour une conférence qui a fait salle comble dans un auditoire de l’ULB… Et pour cause, cette rencontre était un événement, l’homme ne quittant l’Australie que lorsqu’il le faut vraiment, refusant d’aggraver inutilement son empreinte carbone.  » J’avais dans un premier temps décliné l’invitation… Mais j’ai appris que je devais aller à Londres et je me suis donc permis ce détour par la Belgique. Sinon, je n’y serais pas venu !  » confesse-t-il. Résultat : à l’heure où l’architecture est devenue planétaire et où Zaha Hadid, Jean Nouvel et consorts se targuent de bâtir sur tous les continents, lui n’a jamais construit ailleurs que dans sa patrie, estimant qu’il est déjà assez complexe comme cela de connaître parfaitement la réalité d’un seul lieu, d’une seule nation.

3. C’EST L’ANTI-GASPI

Peu enclin à gaspiller le kérosène, Glenn Murcutt est également un fervent défenseur du développement durable et de l’écologie sous tous ses aspects. Ses bâtiments sont de véritables manifestes en matière d’économie d’énergie et ce depuis les années 60, époque où ces préoccupations green étaient bien loin de faire vibrer les foules. Pour lui, chaque ouvrage doit entrer en symbiose avec son environnement et c’est cette implantation judicieuse, doublée de techniques de ventilation naturelle, d’isolation intelligente, d’exploitation parfaite des ressources… qui généreront un building en accord avec le site, et où les habitants se sentiront bien.

4. C’EST L’ANTI-TECHNOLOGIE

Quand on lui demande s’il a un GSM, il répond :  » juste pour la famille…  » C’est dire ! L’architecte australien n’est certes pas contre la technologie – il en respecte les progrès et en saisit les enjeux – mais estime qu’elle n’est qu’un outil et que pour créer, il peut s’en passer. Pour lui, le dessin manuel est incontournable car  » la main aboutit souvent à des solutions avant même que l’esprit ne soit capable de les comprendre « . Dès lors, il reste le dernier survivant ou presque d’une époque où l’on grattait des croquis sur calques jusqu’à obtenir l’épure finale, dessinée avec une précision experte mais artisanale dans les détails techniques.

5. MAIS C’EST SURTOUT UN HOMME DE TALENT

L’exposition Architecture For Place rend compte,au travers de photos, dessins et vidéos,du talent incroyable de ce créateur hors pair. Au fil du parcours, on comprend ses méthodes de travail et on ne peut qu’approuver quand il prône un retour aux valeurs qui font sens, à la nature et à l’homme.

Architecture For Place, Glenn Murcutt, CIVA hors les murs,

Espace architecture La Cambre Horta ULB, 19bis, place Flagey, à 1050 Bruxelles. Tél. : 02 642 24 50. www.civa.be

Jusqu’au 20 janvier prochain.

PAR FANNY BOUVRY

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