Catherine Pleeck

Après l’homophobe raciste et antisémite Borat, c’est Brüno, journaliste fashion gay que le trublion britannique Sacha Baron Cohen incarne au cinéma. Humour graveleux et succès annoncé parce que …

1. àSacha Baron Cohen est schizophrène, mais ne se soigne pas. Il accumule les avatars comme d’autres collectionnent les escarpins Manolo Blahnik. Depuis la fin des années 1990, période durant laquelle le Britannique commence à se tailler une réputation dans la catégorie humoriste scabreux, il incarne régulièrement trois personnages déjantés dans des sketches télévisés. Selon son humeur, le voilà dans la peau du journaliste kazakh Borat Sagdiyev, arriéré et obsédé par Pamela Anderson ou en Brüno, présentateur fashion homo et raciste. Ou en Ali G., gangsta rappeur addict au bling-bling. Les deux premiers ont fait l’objet d’un filmà Jamais deux sans trois ?

2. àl’humoriste est un visionnaire. Quand Baron Cohen commence à revêtir le (rikiki) costume de Brüno, le politicien d’extrême droite Jörg Haider n’a pas encore réussi à faire entrer son parti au gouvernement autrichien. Lors de son intronisation, le personnage de Brüno prend une nouvelle dimension, lui qui est homo et raciste comme le président du Parti autrichien de la Liberté (FPÖ). Froid dans le dos.

3. àil bénéficie d’un capital sympathie infini. Comme pour la sortie ciné de Borat, l’acteur britannique se sert de YouTube pour faire le buzz. La bande-annonce de Brüno a été vue plus d’un million de fois en à peine trois semaines. Universal Pictures a bien perçu tout le potentiel du bonhomme et a déposé sur la table plus de 30,5 millions d’euros pour acquérir les droits du film.

4. àil nous donne un cours sur l’humour au 17e degré. Baron Cohen est un adepte de l’humour polémique, politiquement incorrect, scatologique et grinçant. Aller voir un de ses films, c’est aussi prendre le risque de vouloir quitter la salle après quelques minutes. Restez, juste pour l’expérience sociologique. Autour de vous, une masse de (post-)ados pleure de rire. Un spectacle qui finira (souvent) par vous contaminerà

5. àil nous tend un miroir sur le monde. Derrière cet humour potache, cet acteur juif orthodoxe pratiquant de 38 ans interroge le monde, ses travers, ses vérités pleines de préjugés et de raccourcis. La démarche salvatrice. En témoignent certaines réactions recueillies dans Borat, une fois que ses interlocuteurs – de vrais Américains non comédiens – ont laissé tomber leur garde. Exemple : quand le personnage demande à un armurier quelle est la meilleure arme pour tuer des juifs, on lui répond, sans ciller,  » un 9 mm ou un Glock Automatique « . Re-froid dans le dos.

6. àil secoue la planète fashion. Pour les besoins de son nouvel opus, Baron Cohen s’est incrusté dans les fashion weeks milanaise et parisienne, en septembre dernier. Tordant de rire de le voir  » party crasher  » les défilés d’Agatha Ruiz de la Prada, Stella McCartney, de Castelbajac et de quelques Belges, comme A.F. Vandevorst ou Bernhard Willhelm. Morceaux choisis dans le film.

7. àavec Brüno, Angelina et Madonna n’ont plus le monopole de la philanthropie. Brüno a reçu  » son  » orphelin africain dans une caisse en carton, directement livrée à l’aéroport, en échange d’un iPod. Seul problème, que l’Autrichien reconnaissait dans LibérationNext :  » que faire de ces kinder une fois qu’ils ne sont plus à la mode. Ce n’est pas comme avec ein caniche, on peut régler tout ça avec un sac Louis Vuitton et une poignée de pierres dans le Danube « . Politiquement incorrect, on vous disait.

8. àles conseils fashion de Brüno sont carrément inédits.  » Bien sûr que les hommes peuvent porter des hauts talons. Certains mecs sont magnifiques avec : regardez le chanteur américain Pink !  » confiait-il au magazine GQ. Concernant le look de Nicolas Sarkozy, par contre, Brüno n’est pas tendre :  » Il se trimballe sans cesse avec un accessoire nommé Bruni. Elle mesure trois pieds de plus que lui ! On dirait qu’il sort avec un transsexuel en phase post-op. S’il vous plaît, qu’il porte des chaussures plate-forme, la pousse dans un fauteuil roulant ou la renvoie à son agence !  »

Catherine Pleeck

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