Lors de la dernière cérémonie des Oscars, Natalie Portman a remercié son fiancé, Benjamin Millepied, de lui avoir offert  » son meilleur rôle « , celui de maman… Nouveau visage d’Yves Saint Laurent, le danseur étoile du New York City Ballet fourmille de projets. Rencontre exclusive à New York.

En pleine canicule, Benjamin Millepied arrive dans le grand hôtel de Big Apple où nous avons rendez-vous en jeans et tee-shirt, barbe de trois jours, casquette dissimulant de grands yeux vert-bleu, son ordinateur portable sous le bras. Avec son look simple et décontracté, il ressemble à n’importe quel jeune créatif new-yorkais.  » J’étais en train de travailler près de chez moi « , confie le frenchie de 34 ans qui habite le quartier branché de Tribeca avec sa fiancée, et bientôt épouse, l’actrice Natalie Portman. Chaleureux et attentionné, il commande un steak en s’excusant, félicite le chef et parle à c£ur ouvert de sa nouvelle vie. En pleine conversation, le jeune papa a soudainement les doigts qui fourmillent. Il ne peut s’empêcher de sortir son téléphone portable et vous met sous les yeux la frimousse coquine d’Aleph, né quelques semaines plus tôt. Scoop ! Le couple Portman-Millepied protège son intimité et aucune photo de leur bout de chou n’a percé dans la presse : le bambin semble prendre la pose, en marinière, ses petits bras potelés relevés derrière la tête, comme s’il profitait d’un rayon de soleil. Le portrait craché de ses parents ?  » Il a nos traits à tous les deux, mais ce qui est marrant c’est qu’on se ressemblait Natalie et moi, quand on était bébé. Il est adorable. C’est vraiment l’expérience la plus importante de ma vie, « , s’émeut Benjamin Millepied.

Le danseur étoile du New York City Ballet est un homme épanoui. Après Olivier Martinez pour L’Homme et Vincent Cassel pour Nuit de l’Homme, Benjamin Millepied a été choisi pour incarner le dernier parfum d’Yves Saint Laurent, l’Homme Libre. Une composition aux notes de violette qui lui plaît pour sa profondeur.  » C’est un jus étonnant sur la longueur. La violette peut parfois sembler superficielle et manquer de fond, mais ce n’est pas le cas ici. C’est un parfum avec une vraie complexité, une densité qui se révèle toute masculine, qui reste frais et que l’on peut porter toute la journée « , explique-t-il, convaincu.

La campagne de pub a été tournée par le grand photographe de mode Patrick Demarchelier dans les rues de Soho, où l’on voit le prodigieux danseur virevolter au-dessus des tables de café, sur Mercer Street.  » New York est un endroit qui me ressemble puisque j’y habite depuis dix-huit ans. J’étais assez heureux que l’on fasse le shooting ici car c’est une ville qui dégage une énergie folle. J’y ai commencé ma carrière, elle m’a énormément nourri et inspiré et continue à m’amener vers de nouvelles aventures. « 

L’ESPRIT DE TROUPE

Né à Bordeaux en 1977, le Français a un parcours atypique qui démarre au Sénégal, où il passe une partie de son enfance.  » J’ai commencé avec le rythme, la percussion, la danse africaine et la danse contemporaine, que ma mère enseignait.  » Ses rêves se tournaient déjà vers l’Amérique, inspiré par le style de l’étoile russo-américaine Mikhaïl Baryshnikov et de Jerome Robbins, qui signe la chorégraphie de la comédie musicale West Side Story, deux maîtres avec lesquels il aura l’occasion de travailler.  » J’étais un garçon sportif, je faisais de l’athlétisme. C’est en voyant les ballets de Baryshnikov que j’ai eu cette envie de me lancer dans la danse classique. Il y a chez lui une masculinité et une virtuosité. Je ne m’imaginais pas à l’Opéra de Paris, dans cet environnement rigide, car pour moi la danse doit être une source de plaisir.  »

En 1993, à l’âge de 16 ans, Benjamin Millepied intègre la School of American Ballet de New York grâce à une bourse. Son rêve se réalise quand il est choisi pour le rôle principal dans une création de Jerome Robbins 2 & 3 Part Inventions sur une musique de Bach, grâce auquel il remporte le Prix de Lausanne, un prestigieux concours international pour jeunes danseurs. Le style et l’influence de Robbins ne le quitteront plus.  » Contrairement à la danse classique, très rigide et tournée vers le public, la danse de Robbins est introvertie et intime. Avec lui, on ne danse pas forcément pour le public mais on danse pour soi, on est dans la relation spontanée avec ses partenaires sur scène et on peut vraiment s’envelopper dans un univers musical. On peut être soi-même.  »

Benjamin Millepied choisit de s’installer aux États-Unis, entre au prestigieux New York City Ballet en 1995, et en devient le danseur étoile en 2002. Une consécration qui ne met pas fin à son ambition. Très influencé par les arts en général et des compositeurs comme Steve Reich ou Philip Glass, il se met à créer ses propres chorégraphies.  » Ce qui m’intéresse dans ma démarche de chorégraphe c’est de faire vivre la musique d’aujourd’hui, de travailler uniquement avec des artistes contemporains.  » À 34 ans, il avoue être prêt à tourner la page de la danse classique.  » Ce monde-là, je le connais de A à Z. Je pense arrêter bientôt. Je prendrai une décision dans six mois environ, ce n’est pas encore officiel… Je me vois maintenant mener des projets en tant que chorégraphe, avoir mes danseurs, une petite compagnie, pas trop grosse, gérable, et faire vivre un répertoire. Ce serait une troupe très créative. J’adore m’absorber dans un environnement où je rencontre d’autres artistes qui questionnent mon travail, ça me stimule.  » Ce surdoué a signé plus de vingt-cinq créations depuis 2001 et présente très bientôt ses nouvelles pièces en Europe, au Grand Théâtre de Genève ( Les Sylphides et Le Spectre de la rose, du 11 au 16 octobre prochain) et à l’opéra de Lyon ( Sarabande et This Part of Darkness, du 17 au 23 décembre prochain).

LE COUP DE FOUDRE

La vie de Benjamin Millepied a pris un nouveau tournant en 2009, quand il est choisi par Darren Aronofsky, le réalisateur de Black Swan, pour transformer Natalie Portman en danseuse étoile. Coup de foudre sur le plateau. L’univers du ballet est-il vraiment impitoyable, comme le suggère ce drame psychologique à l’épilogue fatal ?  » C’est du cinéma qui est fait pour donner des sensations et des émotions, le scénario est forcément exagéré et manipulé. Mais il y a tout de même des vérités dans Black Swan. Pour les filles surtout, la relation avec le corps est difficile.  »

Passer des planches au tapis rouge de Hollywood au bras de Natalie Portman n’a pas été facile pour lui. Le jeune couple ultramédiatisé préserve le mieux possible sa vie privée, mais ce n’est vraiment pas simple tous les jours.  » Je suis célèbre dans le monde de la danse, mais qui est tout petit par rapport à celui du cinéma dans lequel évolue ma femme. J’ai eu besoin d’un temps d’adaptation quand j’ai été plongé dans ce tourbillon que je ne connaissais pas du tout. Il fallait apprendre à gérer de nouvelles situations et tout un tas de jalousies.  » Avec sa grâce naturelle, on lui fait confiance pour s’en sortir, ne fût-ce que sur une pirouette.

PAR ELODIE PERRODIL

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