La célèbre marque d’horlogerie suisse dote sa fameuse montre Link de nouvelles prouesses techniques. Démonstration du sens de l’innovation qui, depuis toujours, fait sa renommée.

Enfin… En avril dernier, au Salon international de l’horlogerie de Bâle, TAG Heuer était si fière de présenter une nouvelle avancée technique que la célèbre marque suisse avait poussé les murs de son nouveau building pour accueillir ses (nombreux) fidèles et leur faire découvrir les atouts de sa fameuse Link Calibre S. Dans l’histoire de l’horlogerie, cette montre hybride en technologies mécaniques et à quartz est une prouesse technique qui simplifie la lecture au 1/100 de seconde. Avec cinq aiguilles, contre huit pour des modèles de mêmes fonctions, elle parvient à indiquer la date et les heures, minutes, secondes, dixièmes et centièmes sur la montre et le chronographe. Sa mise au point a été réalisée dans les ateliers de TAG Heuer, qui se targue d’être  » à l’avant-garde de l’horlogerie suisse depuis 1860 « . Sauf que cela faisait plusieurs décennies que la maison de La Chaux-de-Fonds brillait plus sur le terrain de la communication que sur celui de l’innovation.

 » Ces dernières années, nous avions mis l’accent sur le design et le marketing, raconte Thomas Houlon, directeur innovation. Avec le lancement de la Link Calibre S sur le marché à la rentrée 2007, nous retrouvons notre rôle de précurseurs.  » Comme toute innovation en horlogerie, ce nouveau calibre a demandé des années de développement, parallèlement à une période de profond remaniement au sein de la maison. TAG Heuer est passée dans le giron du groupe LVMH en 1999 et, comme dans tout rachat, le nouveau propriétaire a eu besoin de temps pour prendre ses marques. Les ventes étaient au beau fixe. Et, côté publicité, les campagnes, avec un incroyable panel de célébrités – Uma Thurman et Brad Pitt pour le glamour, la tenniswoman Maria Sharapova, le golfeur Tiger Woods, et les pilotes Kimi Räikkönen et Juan Pablo Montoya pour le côté sport – constituaient une formidable machine à vendre, qu’il ne fallait pas stopper dans son élan. La trajectoire a donc été rectifiée en douceur, avec la nomination de Jean-Christophe Babin à la direction générale.  » Pour monter en gamme, TAG Heuer avait besoin de renforcer sa légitimité horlogère, explique ce dernier. Mais, à la différence de nos confrères, qui se sont tous rués sur la mode des tourbillons qui célèbrent le passé, nous avons cherché à intégrer des technologies du futur dans des modèles adaptés à la vie actuelle. « 

L’innovation dans la précision

La maison, créée en 1860 par Edouard Heuer à Saint-Imier, dans le Jura suisse, a toujours été tournée vers l’innovation dans la précision. Le fondateur et ses descendants ont mis au point plusieurs inventions, dont le pignon oscillant, toujours utilisé dans la mécanique des chronographes (1887), un cadran de pulsomètre pour le secteur médical (1908) et, surtout, le premier chronographe de bord pour avion et automobile (1911), qui, cinq ans plus tard, donne naissance à différents compteurs au 1/100 de seconde. Le décompte du temps devient alors la spécialité des établissements Heuer. Ses instruments sont d’ailleurs choisis par le comité olympique pour les Jeux d’Anvers en 1920, puis de Paris (1924) et d’Amsterdam (1928). Ainsi débute cette saga avec l’univers du sport. En 2004, la  » concept watch  » Chronograph Monaco V4 perpétue ces affinités électives à travers son design et ses rouages inspirés de mécaniques automobiles. Sa masse oscillante ne pivote pas sur elle-même comme il est d’usage, mais s’apparente à un piston mis en mouvement à l’aide d’une succession de mini-courroies de 7/100 de millimètre. C’est du jamais-vu dans l’horlogerie que TAG Heuer a enfermé dans le boîtier de sa célèbre montre Monaco, redessiné pour l’occasion. Lancé en 1969, ce premier chronographe étanche de format carré avait été immédiatement adopté par le pilote de F1 Joe Siffert et surtout par Steve McQueen dans le film Le Mans (1971). Si la marque devient le chronométreur de la Scuderia Ferrari la même année, c’est surtout l’acteur qui fera démarrer les ventes du modèle sur les chapeaux de roue. Plus tard, un autre pilote, beau gosse et tragiquement célèbre, sera associé au succès de la Link : le Brésilien Ayrton Senna.

L’atout design

En 1985, la société Heuer est vendue au groupe TAG (Techniques d’avant-garde), spécialisé dans l’aéronautique et propriétaire de l’écurie McLaren.  » Comme les autres maisons horlogères suisses, TAG Heuer avait souffert de l’arrivée des montres japonaises à quartz sur le marché « , souligne Stéphane Linder, directeur produit.  » Les nouveaux propriétaires ont alors tout misé sur le design et ont demandé de réfléchir à un nouveau modèle, radicalement différent.  » Une montre sportive et élégante, appelée S/el, est lancée en 1987. Elle se remarque à son bracelet, fait de maillons ergonomiques inspirés par la tendance biodesign de l’époque.  » Son confort au poignet était indéniable, mais elle a connu des débuts difficiles, comme tout ce qui sort de l’ordinaire, poursuit Stéphane Linder. En revanche, Ayrton Senna en était fou. Il nous appelait souvent pour nous mettre sur la piste d’autres déclinaisons.  » Avec sa montre S/el au poignet, le Fangio brésilien pulvérisera les chiffres de vente de TAG Heuer. En 1999, la montre S/el, devenue un véritable best-seller, adopte un bracelet avec des lignes plus tendues. Elle est rebaptisée Link (maillon) et s’illustre plus que jamais dans des publicités de type style de vie. En 2003, le lancement d’une troisième version de bracelet coïncide avec le recrutement du golfeur Tiger Woods comme ambassadeur. Pour la petite histoire, ce grand champion ne porte jamais de montre sur le green… mais il a la classe et c’est bien suffisant : les magazines spécialisés d’horlogerie ne tarissent pas d’éloges sur la nouvelle Link Calibre S. Décidément le maillon fort de TAG Heuer.

Eric Bertin

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content