À Stockholm

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MYRIAM LEROY vient de sortir son premier roman, Ariane. Une consécration pour cette plume belge qui aime se promener entre chroniques, articles ou même pièce de théâtre.

 » C’était il y a une dizaine d’années. Pour le boulot, on me propose d’aller couvrir un festival de musique à Stockholm. Mais à l’époque, je suis agoraphobe à un stade extrême : c’est tout juste si je ne dois pas demander à ma mère d’aller chercher du pain à ma place à l’épicerie, tellement je supporte mal les petits espaces et la foule. Mais voilà : je suis alors une jeune journaliste, et l’opportunité est difficile à refuser. Surtout qu’avant cela, j’avais très peu voyagé. J’étais terrorisée à l’idée de prendre un avion toute seule, d’atterrir dans un pays glacial – je déteste le froid et l’hiver – et de m’aventurer en terre inhospitalière.

Et puis, en arrivant à Stockholm, je ne sais pas pourquoi, mais je sens immédiatement que tout va bien se passer, que je n’aurai pas le moindre souci. Mon angoisse disparaît comme par magie. C’est difficile à expliquer, mais il y avait quelque chose qui respirait et qui rassurait. Il y a plusieurs petites villes dans la ville, toutes reliées entre elles par de l’eau. Et puis, ces éclairages de nuit, magnifiques, dégageaient une sorte de féerie, comme si des lucioles volaient dans l’air. A côté de cela, c’est un mélange de beaux bâtiments, d’excellents restos et d’adresses mode ou design remarquables. En fait, j’avais l’impression que les Suédois avaient tout inventé. Je me souviens notamment de leurs supermarchés, dont les pâtés en tube mériteraient à eux seuls une expo d’art contemporain ! Bref, ce fut comme une renaissance. Certes, je n’ai toujours pas guéri mon agoraphobie, mais cette expérience a été un déclic, le début d’une passion pour les destinations qui offrent des configurations touristiques peu banales. Je suis partie en Birmanie, alors ultrafermée au tourisme, puis en Albanie, qui n’intéresse pas grand-monde, ou encore en Israël et en Palestine. J’ai aussi fait la Malaisie ou le Cambodge en sac à dos… Et aujourd’hui, je suis devenue assez friande des contrées peu prisées. Grâce à Stockholm, j’ai développé un intérêt pour les choses qui, dans les villes, échappent aux yeux des visiteurs, comme les bâtiments à l’abandon où la nature reprend ses droits. Les trucs  » infra-ordinaires « . D’ailleurs, dans mon roman Ariane (éditions Don Quichotte), j’ai planté le décor dans le Brabant wallon qui, l’air de rien, possède aussi son esthétisme et, si on le regarde bien, son exotisme…  »

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