Mélange piquant de Louise Brooks et de Polly Magoo, Ada Rajszys (26 ans) parle vite et agit de même. Originaire du sud de la Pologne, Ada, fillette extravertie et dotée d’une forte personnalité –  » Adolescente, j’avais déjà un style vestimentaire assez explosif « , se souvient-elle -, affiche très tôt une remarquable sensibilité artistique. En toute logique, elle effectue ses humanités à l’académie des beaux-arts locale puis décide de partir à l’étranger afin de prolonger cette quête de l’esthétique.  » Ma future belle-soeur ( NDLR: à 17 ans, Ada a rencontré en Pologne un Belge qui allait devenir son mari et le père de Paul, son gamin de 6 ans) m’a vanté les qualités de l’école de La Cambre à Bruxelles « , raconte Ada. En 1995, elle se présente donc à Franc’Pairon, l’ancienne directrice du département mode de La Cambre, avec une gigantesque pile de dessins sous le bras.  » J’ai réussi sans problème l’examen d’entrée, poursuit Ada. Mais comme j’étais enceinte, j’ai pu décaler mon admission d’une année. C’est amusant, les hasards de la vie: je ne pensais pas, il y a quelques années, que j’axerais ma formation et ma carrière sur le vêtement, même si la mode m’a toujours captivée. Il est vrai que mon père consacre ses loisirs à la peinture et que ma mère est pourvue d’un sens aigu de l’élégance et des couleurs. » Bon sang ne peut donc mentir et Ada, au fil de ses cinq années d’études, se classe sans problème parmi les meilleurs talents en herbe de La Cambre. En juin 2000, elle obtient son diplôme avec la grande distinction: intitulée  » Je suis tombée amoureuse d’un point d’interrogation « , sa collection casse en effet la baraque.  » J’ai cherché à traduire en vêtements l’identité de femmes de tempérament comme le sculpteur Niki de Saint Phalle. Des femmes qui n’ont jamais cessé de s’interroger sur elles-mêmes et sur l’existence. Vous savez, je ne suis pas féministe mais j’adore les femmes qui expriment leur féminité à fond « , explique en souriant Ada Rajszys. Articulées autour du rouge, du blanc et du noir qu’elles entraînent dans de subtils jeux graphiques, les pièces aux lignes effilées comme une lame mettent le corps en valeur et jouent avec lui sans tomber dans l’excès. Consciente que sa mode ne s’adresse pas aux  » petites natures  » de l’allure, Ada n’oblige personne à porter ses créations.  » En mode comme dans la vie, il faut oser, il faut aller au bout de ses idées, affirme-t-elle. Moi, je crée des vêtements portables mais qui sortent de l’ordinaire.  » Véritable boule d’énergie, Ada nourrit divers projets qu’on lui souhaite voir se concrétiser. Actuellement, ses accessoires sont vendus à Paris tandis qu’elle travaille, à Bruxelles, chez K de Kan, aux côtés de Jean Philippe da Franca qui réinterprète superbement les basiques de notre vestiaire.  » Lui et son équipe débordent d’enthousiasme et moi, je les remercie de croire en moi. Parce que sans appui, tout le talent et le courage du monde ne suffisent pas.  »

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