Les Alpes du Sud regorgent de paysages grandioses, idéals pour les amoureux de grands espaces et de liberté, randonneurs ou juste flâneurs. Pour eux, nous avons exploré deux terres d’aventures, le Val d’Allos et le Champsaur-Valgaudemar.

Vous rêviez de trouver pour l’été un coin de paradis où s’unissent harmonieusement le massif alpin et le climat méditerranéen, des paysages d’altitude et une végétation aux accents du Midi ? En voici un premier aux confins nord-est des Alpes de Haute-Provence, le Val d’Allos. Dans cette vallée de haute montagne où naît le fougueux Verdon, sportifs et poètes, amateurs de randonnées et passionnés de vieilles pierres trouvent main dans la main leur bonheur. Arrivant de Grenoble ou de Marseille, une seule route y mène. Elle longe le fin ruban d’argent d’un Verdon estival sautillant et enclavé par de profondes gorges que l’on nomme ici des clues. Aux portes du Val d’Allos, elle traverse Colmars-les-Alpes, une ancienne ville frontière entre la France et le duché de Savoie. Le Fort de France surgit, sur son promontoire au détour de la route qui longe ensuite des tours pentagonales bastionnées, des remparts puis contourne encore le Fort de Savoie. Erigé selon les plans de Vauban, il invite à la découverte… Tout comme l’écrin vert tendre qui l’entoure et débouche, de vallées encaissées en petits canyons, au village d’Allos.

Privé de son manteau blanc hivernal, on apprécie mieux encore le charme de son unité architecturale, les chalets et masures de bois aux balcons fleuris. La vallée située à 1 400 mètres abrite quelques perles d’architecture comme une adorable église du xxie siècle au toit couvert de mélèze, Notre-Dame de Valvert.

Allos est reliée depuis plus de dix ans avec les stations de montagne toutes proches qui s’étendent, plus au nord, jusqu’au pied des pistes. Reliée symboliquement pour former le val d’Allos et proposer ensemble, avec Seignus (1 500 m) et La Foux (1 800 m), un ensemble séduisant d’infrastructures d’hébergements et de loisirs. De sapins en mélèzes, de prairies en alpages, des dizaines de kilomètres balisés s’adressent aux amateurs de VTT. Tout le plaisir de la petite reine en pleine nature grâce aux remontées mécaniques ouvertes spécialement l’été permettant autant les paisibles balades que les descentes endiablées. Un parc de loisirs autour d’un plan d’eau de 15 000 m2 offre aussi une multitude d’activités : toboggan aquatique, pédalos, canoës, mur d’escalade, tir à l’arc, tennis, skate park…

Au départ d’Allos, une autre route part à l’ouest et monte au c£ur du parc national du Mercantour. Ce vaste site naturel protégé depuis 1979 s’étend le long de la frontière avec l’Italie où culmine d’ailleurs son sommet à 3 290 m. Il se compose de deux zones, l’une centrale de 685 km2 consacrée à la nature, la seconde périphérique de 1 463 km2 englobant de nombreux villages dont le Val d’Allos. Partout le patrimoine naturel et culturel est mis en valeur et le tourisme axé sur le respect de l’environnement. Flore et faune de toute beauté y sont très protégées. La zone centrale surtout, très réglementée, est un véritable éden du randonneur ouvert à tous, grands comme petits, grâce à un réseau de 600 km de sentiers entretenus et balisés. S’il est interdit de s’y balader avec un chien (même en laisse), d’allumer des feux, d’y camper ou d’y emporter VTT, véhicules ou transistor, c’est pour mieux la préserver mais aussi pour en savourer toute la magie. Au c£ur du parc, en chemin vers les eaux turquoise du lac d’Allos û à 2 230 m, c’est le plus grand lac d’altitude d’Europe û, il n’est pas rare de croiser des marmottes se dorant au soleil sur un rocher ou de surprendre un chamois ou un mouflon broutant sur le bord d’un sentier ou encore, d’apercevoir un gypaète barbu en plein vol. Ce superbe rapace marron et blanc, réintroduit dans les Alpes en 1987, se nourrit exclusivement de carcasses et participe à l’équilibre naturel du parc. Il faut s’offrir aussi les services d’un(e) guide-accompagnateur de montagne pour partir assister au lever de soleil du haut du mont Pelat, un des rares sommets (3 050 m) accessible par un simple sentier de randonnée pédestre (6/7 h aller-retour). Ces passionnés partagent leur savoir et vous font rêver comme nulle autre, même sur de plus courtes ou plus modestes balades à la rencontre de la vie cachée des torrents ou de celle des bergers en alpage…

Car les villages d’ici à longue tradition pastorale ont gardé leur rythme d’antant. Au début de l’été, la haute vallée du Verdon voit la transhumance d’immenses troupeaux de moutons qui viennent plusieurs mois en estive avant de regagner la plaine du Crau et la Provence. Si vous pensez que ce qui embellit une montagne, c’est le tintement de milliers de clochettes et les bêlements que le vent amène de loin, celles du Val d’Allos vont vous enchanter. Qu’on les survole en parapente, les sillonne à cheval, à pied ou en vélo (donc en zone périphérique), on croise souvent un berger et son chien toujours aux aguets, prêt à réunir les brebis.

Deuxième paradis

Changement de décor, mais pas d’atmosphère. Dans les Hautes-Alpes cette fois, un petit groupe de randonneurs s’aventure sur les contreforts de monts enlaçant la vallée de Champoléon. Rémy Pascal, leur guide, propose une halte sur un tapis de fleurs et sort de son sac à dos de quoi préparer thé et café ! Ses gestes et ses paroles en disent long sur la tendresse et l’amour qu’il porte à ces montagnes. Le groupe longe ensuite un torrent, traverse une cascade, puis découvre les ruines d’un ancien village, Méollion, et se rafraîchit à une fontaine. Tout à côté, une maisonnette tout confort avec panneau solaire pour l’eau chaude, c’est la maison du berger. Le guide invite cette fois à déjeuner au soleil, partageant ses vivres û toujours sorti de son sac à dos û avec son groupe et un amusant personnage, Dédé. Ce berger descendu des alpages pour casser la croûte en bonne compagnie se dévoile. Maçon à la retraite, il a réalisé sur le tard un vieux rêve, devenir berger…

Les vallées du Champsaur-Valgaudemar où partout le Parc national des Ecrins s’infiltre réservent plein de surprises. Nés autour du sommet du Sirac, Le Drac et la Séveraisse sont deux cours d’eau intrépides traversant les vallées et permettant de joyeuses aventures en eaux vives comme le canyoning, le raft, le canoë-kayak… Les fanas d’émotions fortes peuvent aussi s’essayer au parapente, à l’alpinisme, au via-ferrata (itinéraires aménagés) ou au parcours acrobatique en forêt. Les plus poètes préféreront les balades équestres, ou en VTT ou encore avec des ânes. Une foule d’itinéraires balisés traverse cette région riche en villages montagnards traditionnels comme Saint-Bonnet, Chaillol, Laye… Chacun recèle un charmant trésor hérité du passé comme un moulin, une chapelle, un lavoir, un four à pain ou une fontaine. La chapelle des Pétètes près du hameau de l’Auberie date du xviiie siècle et sa façade truffée de sculptures naïves étonne et fait courir mille légendes. La vallée du Champsaur séduit tout particulièrement les amoureux de la nature qui y trouve un paysage de bocage particulièrement insolite. A 1 000 mètres d’altitude, ces bocages à la façon normande témoignent d’une importante activité agricole qui persiste encore de nos jours. Un réseau de haies où le frêne est roi, protège les habitations, les troupeaux de vaches et les cultures des excès du vent. Elles ourlent joliment les prés, fournissent du bois de chauffage et un domicile de premier choix pour plus de 80 espèces d’oiseaux, mais aussi pour les lièvres, les perdrix, la grenouille rieuse et un petit crapaud qui chante. Un sentier plat formant une boucle de 3 kilomètres fait découvrir aux enfants et à leurs parents ce joyau agricole à l’aide de panneaux indicateurs. Le point de départ se situe en bordure de la D23, entre les Costes et Chauffayer. Un topo guide recense également 17 balades au c£ur du bocage serpentant sur les chemins ruraux et reliant à pied, en VTT ou à cheval, villages et hameaux.

Texte & photos : Sophie Dauwe / Pepite Photography

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