Écrivain et éditeur de livres d’art, ce séducteur raffiné est l’une des stars de cet automne. Son roman conte la liaison sulfureuse entre un rêveur et une femme de pouvoir. Dévorante et charnelle, leur histoire d’amour, subtil mélange d’érotisme et de manipulation, fait des étincelles. Un roman sensuel, passionnel et obsédant.

Quelle est  » la biographie de votre visage  » ?

Petit, j’avais de longs cheveux blonds, alors on me prenait pour une fille. Mes livres ne dissimulent pas cette part féminine. Puis, j’ai été un ado ingrat, laid et timide. Je préfère mon visage d’aujourd’hui, il a davantage de densité.

Qu’est-ce qui vous a façonné ?

L’amour, mes enfants, mes livres et l’amitié. Je craignais que ma vie ne soit pas à la hauteur de mes rêves, mais quelque chose d’embryonnaire s’est réalisé avec le temps.

Que rêviez-vous de devenir ?

Mon père ayant été pilote à l’armée, j’ai hérité de sa passion. L’aviation est dans l’envol et la libération du réel. J’avais envie d’une autre vie que celle de mes parents, alors je me suis rêvé écrivain.

Ce roman retrace-t-il la rencontre de deux mondes ?

À travers cette histoire d’amour et de passion, j’oppose l’ancien et le nouveau monde. D’une part, l’ultralibéralisme pernicieux et d’autre part, le refus de la mondialisation. J’aime raconter la réalité à partir de l’intimité. David est un humaniste, attaché à l’intérêt collectif. Victoria, une individualiste à la réussite professionnelle éclatante.

Quelle femme vous fascine ?

La mienne, je lui dois ma confiance. Et les femmes de pouvoir ultracontemporaines à la Victoria, qui se réalisent et s’affranchissent de la domination masculine. Elle assume sa sexualité, tout en s’arrangeant avec la vérité. C’est génial d’être plusieurs personnages en même temps !

Qu’est-ce qui vous procure  » une ivresse irraisonnée  » ?

Beaucoup de choses (sourire énigmatique). Des morceaux de Schumann, manger un poisson grillé avec la femme aimée dans un resto surplombant la mer… et certaines cambrures de pieds dans des escarpins Louboutin.

La plus grande tentation ?

(Rougissant) Je la garde pour moi…

À quoi êtes-vous fidèle ?

À mes rêves purs de jeunesse. Il est important de ne pas trahir l’ado qui rêvait sa vie.

Avoir 40 ans, c’est…

Un âge particulier qui révèle ce qu’on a fait de sa vie. On peut être triste ou dans la plénitude de ses moyens. Les femmes de cet âge sont très belles. Lors de ma crise de la quarantaine, j’ai décidé de faire un énorme livre pour ne pas sombrer dans l’insatisfaction chronique. C’était Cendrillon.

Qu’est-ce qui vous rend invulnérable ?

Je suis indestructible dans l’écriture, mais tout ce qui me touche peut m’assombrir. Ce cocktail, à la fois fragile et énergétique, est compliqué à gérer.

Vous ne pourriez pas vivre sans…

Le travail qui conduit à l’écriture d’un livre. Il me mobilise complètement tant je me sens vivant. Chaque roman est une expérience de vie, qui interagit avec mes peurs, mes dégoûts, mes révoltes et mes rêves.

Le système Victoria, par Éric Reinhardt, Stock, 525 pages.

KERENN ELKAÏM

J’AIME RACONTER LA RÉALITÉ À PARTIR DE L’INTIMITÉ.

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