Au sud du Pérou, ArEquipa offre une séduisante combinaison d’inspiration indienne et créole. Un lieu privilégié où se mêlent l’Europe et l’Amérique Latine. Le sillar, une pierre volcanique blanche, donne une lumière particulière à l’architecture baroque de la ville au charme irrésistible.

Son nom,  » Arequipa « , vient de l’inca Qechua Ari-que pay qui signifie  » je reste « . Pour la petite histoire, un monarque inca, Mayta Capac, revenait de combat. Avant de repartir au nord pour Cusco, la Rome des Incas, il décide de passer par la côte. C’est là qu’il découvre les vallées d’Arequipa, leur climat tempéré, leurs terres fertiles, avec en prime un panorama époustouflant sur l’océan Pacifique.  » Ari Quepay « , je reste. Aujourd’hui, à l’attrait touristique indéniable de la ville s’ajoute l’accueil chaleureux de ses habitants. Des journées chaudes, des nuits fraîches, un ciel d’un bleu limpide, 300 jours de soleil par an, une température qui oscille entre 25 et 10 degrés avec un vent doux et sec… Arequipa, la ville blanche, située à 2 325 m d’altitude au pied du volcan Misti (5 822 m), dégage une extraordinaire énergie. Sa lumière intense valorise la blancheur de sa pierre, le sillar, et éclaire les montagnes couvertes de neige.

Ancienne petite cité coloniale, la voilà devenue aujourd’hui, avec ses 830 000 habitants, la seconde ville du Pérou. Le 15 août 2003, la ville a fêté ses 463 ans avec un défilé en musique et danse de toutes les communautés en costumes. Pendant trois jours, la ville fondée en 1540 par Garcí Manuel de Carvajal, un mandataire de Pizarro, s’est souvenue de son histoire.

L’Aréquipénien est tout à la fois romantique, passionné, impulsif avec un tempérament volcanique. Tout comme le Misti dont la  » nevada  » (l’enneigement), rare, influence l’humeur des autochtones, prétendent certains. Comme Mariano Melgar, un écrivain arequipénien du XIXe siècle, au travers de ses poèmes et de Yaravis, des chants intimes et mélancoliques qui s’accompagnent d’une guitare.

Au c£ur du centre historique d’Arequipa, la vue sur les volcans et les montagnes qui surplombent la ville est impressionnante. On admire le Misti, mais aussi le Chachani (6 075 m) et le Pichu-Pichu (5 665 m) autant de dieux, les Apus, vénérés et sollicités pour obtenir de bonnes récoltes.

Arequipa a su préserver la beauté de son architecture coloniale. Ainsi les deux tours de style néoclassique du XVIIe siècle de la cathédrale situé sur la plaza de Armas. Tout comme la multitude d’églises baroques construites en sillar de la même époque, comme l’église de la  » compañía « , flanquée du cloître de l’ancien couvent jésuite ( » la compañía de Jesús « ) converti en centre commercial touristique. A ne pas manquer non plus, en plein centre historique, le monastère de Santa Catalina, le plus beau et le plus imposant complexe architectural d’Arequipa fondé en 1579 par Doña Maria de Guzman, veuve de Hidalgo Diego Hernandez de Mendoza. Son labyrinthe de rues de couleurs vives tranche avec bonheur sur le blanc de la ville.

Face au monastère, le musée sanctuaire andin, érigé à la même époque, protège la fameuse Juanita, la princesse des glaces, le corps en réalité d’une petite fille inca congelée, exceptionnellement bien conservée retrouvée au sommet de l’Ampato (6 380 m) en 1995, par une expédition scientifique menée par Johan Reinhard. Agée d’environ 14 ans, elle aurait été offerte en sacrifice aux dieux il y a plus de 500 ans pour calmer leur courroux.

On ne résiste pas, non plus, à un petit tour des maisons de style colonial. Ainsi l’une des plus célèbres  » la casa Moral « , qui doit son nom à un vieux mûrier. Construite en sillar, elle est décorée de détails d’influence Nazca, le plateau désertique où l’on a découvert d’immenses dessins géométriques d’origine mystérieuse. Sans oublier  » la casa Rickertts « , construite en 1738 et la  » casona Irriberry « , aux murs épais. Enfin, dans la calle la Merced,  » el Palacio Goyeneche « , un monument seigneurial, et la maison de  » Tristan del Pozo « . Autant de bâtiments qui ont souffert lors des divers tremblements de terre qu’a connus la ville, et qui ont été restaurés à plusieurs reprises. Tout comme les deux tours de la cathédrale et la plaza de Armas.

En s’éloignant du centre historique, on passe le pont  » Bolonesi « , le plus vieux d’Arequipa, ou le  » pont de fer « , dessiné par Gustave Eiffel (1882), pour gagner  » La recoleta de Yahuanara « , un ancien couvent construit en 1647 par les franciscains. Son toit, en bois naturel, est appuyé sur des arcs doriques. Aujourd’hui, il abrite une collection ethnographique, un musée d’archéologie et d’histoire naturelle. Un peu plus loin, l’église du même district accueille la statue de la  » Virgen de Chapi « , la patronne d’Arequipa, fêtée le 1er mai.

Les passionnés d’excursions pousseront plus loin encore dans le petit district de Cayma, surnommé aussi le balcon de la ville, qui a gardé toute son authenticité coloniale. A découvrir également à 9 kilomètres  » La Mansion del fundador « , la propriété de Garcí Manuel de Carvajal, construite en sillar et restaurée en 1783.

Régulièrement le dimanche, les Arequipéniens vont se promener et pique-niquer dans les plaines vertes qui entourent la ville. Ainsi Sabandia, la plus fréquentée, avec son moulin du XVIIIe siècle. Et aussi Tingo et son petit lac, Paucarpata, la colline Chilina, Carmen Alto à une trentaine de kilomètes, ou encore Yura et ses thermes d’eaux chaudes. Au passage, ils auront apprécié les combats de taureaux qui suscitent de nombreux paris.

Les amateurs d’archéologie seront contents, eux, de découvrir à quelques heures d’Arequipa, vers le nord- ouest, Toro Muerto, avec ses pétroglyphes étranges d’origine inconnue. Les amoureux de la nature gagneront un peu plus au nord, les impressionnants cañons du Colca et du Cotahuasi avec leurs paysages exceptionnels. Des condors, des lamas, des alpagas, des vigognes et bien d’autres animaux sauvages y vivent encore paisiblement. La flore est tout aussi riche. Et compte de multiples espèces de cactus dont le fameux San Pedro utilisé comme drogue par les chamanes. En revanche, les inconditionnels du farniente préféreront le sud, la côte, avec ses plages de Camana, de Mollendo et Mejia très fréquentées en été par les Arequipéniens.

Enfin, il ne faut pas quitter la ville sans avoir dégusté l’art culinaire arquipenien qui mêle les ingrédients de provenance inca (la pomme de terre, le maïs, le cochon d’Inde, le rocoto,…) et les aliments d’origine espagnole et arabe (le b£uf, le poulet, le porc, le lait, le fromage, l’oignon, l’ail, l’olive,…). Soit une vingtaine de spécialités, parmi lesquelles  » le rocoto farci « , un piment andin farci, le  » soltero « , une salade de fromage frais, de graines de maïs, de fèves, d’oignons, d’olive et de rocoto, le  » chupe de camarones « , une soupe à base de crevettes, d’£ufs, de pommes de terre, de lait et de maïs, le  » Cuy « , le cochon d’Inde,  » l’ocopa « , une sauce jaune pimentée qui se mange avec des pommes de terre,  » l’adobo « , une viande de porc macérée et cuisinée dans du vinaigre, et le  » chicha  » de maïs avec des oignons qui, selon la coutume, se mange au petit matin après avoir fait la bringue.

Reportage : Carole Stavart

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