Irlandaise de naissance mais Londonienne d’adoption, l’auteure explore les mille et une facettes de la femme. Son nouveau roman aborde cette fois-ci les relations mère/fille. Du petit point tout en finesse et délicatesse.

D’après vous,  » un écrivain ne doit jamais perdre son état d’enfance « . C’est votre cas ?

J’espère l’avoir gardé. Il est important de cultiver l’émerveillement, aspect magique de l’enfance.

Votre rêve d’enfant ?

Mon ambition littéraire date de mon plus jeune âge. Je rêvais d’avoir des livres pour apprendre à écrire auprès de grands écrivains.

Quels écrivains vous touchent ?

Thomas Mann, Gogol ou Tolstoï qui nous éclairent sur la nature humaine et les ambiguïtés de l’amour. Mais c’est James Joyce qui me parle le plus intimement. Son langage extraordinaire, ses nouvelles émouvantes, sa sensibilité et sa façon de voir le monde sont très irlandais.

Pour vous l’Irlande évoque…

Quelque chose de féminin… La mère patrie, celle où je suis née et celle d’où je suis partie. Fruit de cette terre, j’y retourne physiquement et en pensée, tant elle me hante. J’adore ses paysages automnaux, qui sont comme un cadeau.

Le passé, prison ou inspiration ?

Indéniablement inspiration. La mélancolie nourrit les thèmes de mes livres. Longtemps, ils ont été interdits en Irlande. On m’accusait de dévoiler les secrets des femmes de ma génération et de trahir mon pays.

Ce roman est-il un hommage à votre mère ?

Je le portais depuis longtemps en moi. Mes gestations durent neuf ans ( rires) ! Ce roman comprend les lettres de ma mère, autant dire les profondeurs de son âme. Prolongeant notre lien, il m’aide à saisir cette femme, maternelle et protectrice, refusant de me laisser partir.

Si votre mère était un parfum ?

Celui de la nourriture qu’elle posait à table ou qu’elle donnait aux animaux de la ferme.

Quels sont les relations entre vos héroïnes Delly et Eleonor ?

Ici, mère et fille se ressemblent beaucoup, par leur solitude et leur désir d’attachement. Alors que la mère est liée à la terre, la fille est plus littéraire. Toutes les relations sont complexes car elles sont tissées d’amour, de secrets et de conflits.

Le monde est-il désenchanté ?

Le monde qui m’entoure baigne dans le sang et les guerres. Impuissante, je ne peux pas le changer, or cela me blesse.

Qu’est-ce qui vous enchante ?

La lumière de la vie, le ciel et le mystère des étoiles. Il y a des miracles que ni Dieu ni la science ne peuvent expliquer.

Le bonheur c’est…

Lire, boire un verre de vin, voir quelqu’un pour qui j’ai de l’affection, recevoir une belle lettre. Toutes les petites et grandes choses qui engendrent de la générosité ou de la créativité. Intensive et solitaire, j’ai un appétit robuste de la vie !

Crépuscule irlandais, par Edna O’Brien,

Sabine Wespieser,

445 pages.

KERENN ELKAÏM

La mélancolie nourrit les thèmes de mes livres.

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