La parisienne Bambi Sloan, propulsée à la tête du Harry’s Social Club, est aujourd’hui l’égérie des branchés londoniens. Elle nous ouvre les portes de son appartement : un petit monde plein à craquer de cours, de bouches, de couleurs vives, de tissus en simili panthère et de montagnes d’objets délicieusement kitsch.

Comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, Bambi Sloan, qui est attachée de presse dans le monde de la mode, fait de la décoration.  » Je ne m’étais jamais rendu compte que cela pouvait relever d’un métier, confie-t-elle. Ma maison est un endroit qui m’amuse. Je n’ai jamais pris au sérieux ce que j’y ai réalisé pour la rendre agréable.  » A son actif ? Une mine d’objets sans la moindre valeur, chinés à droite et à gauche, dans les humbles brocantes et les vide-greniers, chez Emmaüs et dans les marchés aux puces. Bambi est devenue, malgré elle, une spécialiste de la récupération. Elle trouve un vieux meuble, le retape, le peint de couleurs vives, et cela devient un objet de décoration. Pour ses anniversaires, ses meilleurs amis û ce qui est un hommage à ses talents û lui offrent régulièrement des guides de bricolages et des outils…

Son appartement parisien, à deux pas des grands magasins, est devenu un empilement coloré de tout ce que Bambi a déniché depuis vingt ans.  » Je n’ai jamais l’impression de choisir un objet, explique-t-elle, ce sont les objets qui m’appellent. Tout s’est toujours fait au hasard.  » Et de souligner, ce que l’on croit volontiers, qu’elle n’a jamais suivi un projet rigoureux, réfléchi, construit. Elle s’est bornée à être elle-même, se fiant, tout au plus, à quelques marottes poursuivies depuis l’adolescence. Bambi adore les bouches (celles du moins, très sensuelles, qui sont impeccablement rouges), les c£urs (quelle que soit leur matière et leur taille) et, naturellement, les faons, dont elle a une impressionnante collection : des Bambis de toutes les tailles, de toutes les matières, et toutes les provenances. Un autre motif la passionne : la panthère.  » J’ai toujours aimé la panthère, s’enthousiasme Bambi ! Je crois que ce goût me vient de Christian Dior. C’est très difficile, car il y a de la belle panthère, et de la panthère moche… Cela étant, je trouve que la panthère va avec tout ; c’est un classique, comme un tweed.  »

Bambi qui, enfant, voulait être danseuse (un accident l’a obligée à abandonner ce projet), a d’abord suivi les cours de l’Ecole des Beaux-Arts. De cette formation, elle a conservé le goût du dessin, et s’est divertie, chez elle, à orner murs et portes de ses créations. Pour maquiller les traces d’un dégât des eaux, elle a composé, sur le plâtre de sa chambre, une fresque qu’elle a voulu pareille à une peinture ancienne qui aurait été découverte par hasard… C’est à ses talents de dessinatrice que les plafonds de sa maison affichent un ciel clair et nuageux dans le salon, et un ciel étoilé, dans sa chambre.

Bambi a amassé tous ces objets amusants et colorés pour son seul plaisir, jusqu’à ce qu’un de ses copains, découvrant son univers intime, lui propose d’ouvrir un bar-restaurant dans un pavillon londonien. Inauguré en juillet 2001, le Harry’s Social Club, traité avec les mêmes principes que l’appartement de Bambi, a notamment reçu la visite de Mick Jagger, Madonna, Ron Wood ou Stella McCartney. Bambi est ainsi devenue l’égérie des branchés de la capitale britannique. Cette brutale notoriété a transformé la décoratrice amateur en simili professionnelle : le nombre de ses proches qui la supplient de refaire leur appartement ne cesse d’augmenter…

Robert Colonna d’Istria

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