Infortunes.

Les personnages de ces nouvelles partagent un même secret identitaire, aucun n’étant ce qu’il dit ou croit être. Non qu’ils soient des virtuoses de la dissimulation, mais parce que les convulsions de l’Histoire les ont contraints à se forger une nouvelle identité. De la rencontre fortuite d’une jeune femme et d’un juif en fuite qui lui propose de passer pour sa jeune épouse à une insolite variante de « Jules et Jim », ces portraits de déracinés sont des interprétations libres de la patrie, la fidélité à la cause perdue, la virtualité des certitudes.

Ch.P.

« La Fiancée d’Odessa », par Edgardo Cozarinsky, Actes Sud, 160 pages.

Par 37° de solitude nord.

Un homme dédoublé se raconte. Avocat le jour et psychanalyste le soir. Le premier adore écouter le visiteur qui déballe son misérable petit tas de contrariétés. « Je suis toujours ému quand je reçois un nouveau client. Avant chaque rencontre je suis puceau de ce contentieux naissant. Emoustillé presque. Autant le cher maître se délecte, autant son reflet « n’aime pas recevoir de nouveaux patients/…/ C’est toujours en désespoir de cause que l’on vient me voir ». Les sentiments: objets perdus ou objets trouvés?

Ch.P.

« Le Bureau des solitudes », par Anne Goscinny, Grasset, 177 pages.

Fabuleuses épices.

L’histoire des épices est fascinante à maints égards, liée à quelques figures éblouissantes tels Marco Polo et la Reine de Saba, autant qu’à d’importants enjeux politiques et financiers. Pelt les évoque, puis s’attache aux vertus pharmacologiques et culinaires de ces alliées du diable avec, en prime, des recettes savamment élaborées par un maître queux de l’est de la Belgique.

Ch.P.

« Les Epices », par Jean-Marie Pelt, Fayard, 215 pages.

Tradition ancestrale.

Priscilla, jeune Américaine de 24 ans, bénévole dans une association de planning familial, est retrouvée assassinée dans un temple abandonné lors d’une nuit de troubles opposant hindous et musulmans. Ses parents se rendent dans ce petit village de l’Uttar Pradesh en Inde pour comprendre les raisons de ce meurtre. Au travers de ses journaux intimes ou des interviews des responsables de la communauté locale, le film de sa vie se dévide. Tombée amoureuse de l’administrateur local, on en vient doucement à comprendre les pourquoi de sa véritable exécution. L’Histoire, le poids des traditions, les conflits religieux tissent la toile de ce roman d’amour absolument passionnant et savant.

Ch.P.

« L’Emeute » par Shashi Tharoor, Seuil, 300 pages.

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