Et Vivaldi alors?

« Les personnages sont agaçants, plus encore ceux qui participent à la construction d’un bon roman, et qui savent qu’on a besoin d’eux, et soudain se mettent à prendre leurs aises comme s’ils en étaient les véritables maîtres. » L’auteur, parti de tout et revenu de rien, dissimulé derrière un pseudonyme pour exciter les délires d’initié (serait-ce Beigbeder, Antoine de Caunes, un inédit de Marguerite D?), se la joue très désinvolte, fenouil de chez fenouil, pour brocarder les gogos qui se prennent pour des bobos et tirer à vue sur les auteurs, les lecteurs, les critiques, les jurés du Goncourt, les allergies au pollen, la télévision dont il serait parti l’accueil entre les jambes. La dernière phrase: « Je vous souhaite bien le bonsoir tout de même, et n’oubliez pas ce que je vous ai dit tantôt. »

M.E.B., « Mon frère est parti ce matin … », par Marcus Malte, Zulma, 61 pages.

Le diable et la pucelle.

Michel Ragon excelle à dire l’affrontement, les désirs croisés de deux êtres. Cette fois, il met en scène Jeanne d’Arc et Gilles de Rais, la déterminée Pucelle et le sulfureux Barbe Bleue. Deux êtres que tout oppose, mais dont les destins sont étrangement parallèles. Entre Gilles et Jeanne: une attirance mutuelle, ambiguë, presque une connivence. Après la mort de Jeanne sur le bûcher, Gilles va se défaire progressivement, jusqu’à sceller ce qui pourrait passer pour un pacte avec le diable. Une belle reconstitution de la fin du Moyen Age, au moment où le monde, terrorisé, hésite entre les flammes et le bénitier.

M.E.B., « Mon frère est parti ce matin … », par Marcus Malte, Zulma, 61 pages.

Vraie ou fausse, mais envoûtante.

L’histoire de Victorine Meurent, la mystérieuse rousse qui devint l’Olympia de Manet. Le roman lui donne deux rôles. Celui, imaginaire, que compose son « Journal », puis l’autre, taillé par la biographie qui achève le volume. Une curieuse juxtaposition organisée, peut-être, pour rappeler l’étrangeté du pas de deux qui unit si souvent fiction et réalité. Emporté par la syphilis, Manet n’eut pas le temps de témoigner à « Olympia » une gratitude tangible mais  » à deux, sans y penser, ils inventèrent la femme moderne ».

M.E.B., « Mon frère est parti ce matin … », par Marcus Malte, Zulma, 61 pages.

Un certain Charles B.

Un homme décide de s’enfermer chez lui et, définitivement, de ne plus y être pour personne. La rumeur va s’emballer: on n’a pas le droit de laisser les indiscrets sur leur faim. Le reclus devient un violeur, un salaud de gauchiste « car son silence est un silence hurlant ». De l’humour noir à consommer tout de suite.

M.E.B., « Mon frère est parti ce matin … », par Marcus Malte, Zulma, 61 pages.

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