En à peine deux ans d’existence, le collectif Big-Game a réussi à imposer son style ludique et économe dans un monde pourtant saturé d’objets. Le tout jeune salon designbrussels lui offre une plate-forme d’exposition du 18 au 26 novembre.

Que vous regardiez les têtes d’élans en plaques de multiplis emboîtées, le tapis de laine vierge en forme de carton déplié ou le capuchon de stylo à bille Bic plaqué or, c’est le même sourire complice qui vous monte aux lèvres face à ces objets qui vous racontent tous une histoire. Le travail de Big-Game n’a pourtant rien d’anecdotique. Fondé en 2004 par trois anciens étudiants de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (Ecal), le collectif fier de son mantra –  » de la confrontation naît le progrès  » – n’a eu de cesse, depuis lors, de le mettre en pratique. Son  » studio  » est virtuel, la plus grande partie de l’année, car l’équipe qui réunit un Suisse, un Français et un Belge se partage entre Bruxelles et Lausanne.

Le groupe travaille en ce moment sur une quatrième collection énigmatiquement baptisée  » 716  » qui sera dévoilée au prochain Salon du meuble de Milan.  » Notre méthode est toujours la même, détaille Elric Petit, le Bruxellois de la bande. Nous passons une semaine ensemble pour établir un thème de recherches. Nous nous inspirons de petites choses anodines, nous puisons dans notre quotidien. Ensuite nous retournons chacun chez nous et nous peaufinons ces projets pour arriver, au bout du compte, à six objets très aboutis. « 

La première collection confrontait la notion d’héritage qui, par nature, présuppose une certaine durée, à notre mode de vie contemporain où le zapping est de rigueur. Remarquée par la presse internationale, la série  » Heritage in Progress  » a aussi séduit les éditeurs puisque deux produits de la première collection sont désormais en production. Ainsi, en misant sur les  » Animaux  » de bois, Vlaemsch s’est offert un best-seller.  » En un an, ce produit est devenu une icône du design « , reconnaît Casimir, patron et fondateur de cette jeune maison d’édition installée à Zolder qui vient de sortir des versions noires et dorées des célèbres trophées.

Refusant de surfer sur la vague rétro-moderne à laquelle il devait son premier succès, le collectif a totalement changé de registre pour ses deux autres collections. Ainsi,  » New Rich  » réalisé pour la marque de mode suisse + 41 s’interroge sur la définition qu’il faut donner au luxe aujourd’hui. Ici, l’or remplace le plastique par petite touche subtile et  » enrichit  » des objets populaires et fonctionnels, les rendant de ce fait exclusifs. A Milan, en avril dernier, Elric Petit, Augustin de Martinville et Grégoire Jeanmonod défrayaient la chronique en proposant des objets dérivés du packaging. Une fois encore, les éditeurs seront au rendez-vous. La célèbre galerie parisienne Kreo produit aujourd’hui leur tapis Flatpack, dont la forme reprend celle d’un emballage déployé.

 » Seul, aucun de nous ne serait arrivé au même résultat, insiste Elric Petit. Il y a une véritable émulation collective, une volonté d’aboutir ensemble.  » Comme beaucoup de designers débutants aujourd’hui, Elric Petit ne vit pas encore de son design. Il partage à Bruxelles son atelier avec cinq autres créateurs qui exposeront eux aussi leur travail à l’occasion de designbrussels. Bon nombre de jeunes talents profiteront de l’événement pour vendre leurs opus sur place. L’occasion d’acquérir un objet unique. Qui sera peut-être le collector de demain.

Internet : www.big-game.ch

Isabelle Willot

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