Barbara Witkowska Journaliste

Ni or ni pierres précieuses, mais enrevanche de la créativité, du spectaculaire etde la fantaisie. Les bijoux des couturiers ontle vent en poupe. Avantages ? Des prix relativement doux et des logos à gogo. Tout pour plaire.

Dans les défilés, leur présence se remarque de plus en plus. Ils s’affichent aussi en boutiques et sur Internet, sans oublier certaines salles de vente où l’on s’arrache les  » collectors « . Au poignet, au cou ou aux doigts, les bijoux de couturiers sont désormais le nouvel accessoire à surveiller. Les maisons de mode l’ont bien compris et on repère de plus en plus de collections chez Yves Saint Laurent, Jean Paul Gaultier, Sonia Rykiel, Louis Vuitton, Kenzo et Chanel.

Le style haute couture

C’est Coco Chanel qui, en 1934, a lancé, la première, les bijoux de fantaisie et a mis à la mode les mélanges de gemmes de couleur et les longs sautoirs en métal doré. Un scandale, à l’époque… Dont Mademoiselle se moque éperdument, en lançant aux grincheux :  » Dans la mode on sait que l’on a réussi quand quelque chose dérange « . Aujourd’hui, la maison nous régale avec plusieurs lignes de bijoux, très éclectiques, qui interprètent inlassablement le  » style Chanel « , fait de simplicité et de ton juste, le tout pimenté d’une pointe d’insolence. Dans la collection de prêt-à-porter, la broche joue incontestablement la vedette. Sophistiquée et colorée, elle s’accroche en toute liberté sur des vestes en laine ou des gilets en tweed. Le bracelet ? Il prend la forme de manchette, très tendance, mixe géométries et volumes Art déco, joue admirablement avec les turquoises, les violets et les rouges et affiche sans complexes le logo XXL. Les sautoirs, très présents dans la collection, multiplient perles, boutons, fleurs multicolores et se portent, aussi… sur la tête, retenus par un n£ud ou par une barrette aux couleurs de la maison. On remarque aussi quelques références animales symboliques, telles ces deux têtes de lions (signe astrologique de Coco Chanel) réunies dans un bracelet en turquoises ou encore l’aigle (bracelet et collier), travaillé à la façon des bijoux byzantins, tellement chers à Mademoiselle. La prestigieuse collection  » Paris-Monte-Carlo  » propose, elle, une parure en métal, Plexiglas et résine, aux lignes à la fois souples et rigoureuses inspirées de l’Art déco (ceinture, bracelet et boîte en émail), déclinée en noir, vert et cognac.

L’art de la mise en scène

Yves Saint Laurent mise, lui, sur le duo le plus luxe de la couture : le noir et l’or. La collection, entre expressionnisme et abstraction, décline trois thèmes. Dans  » Gallery  » le métal doré se mêle à une profusion de pierres noires pour composer des manchettes spectaculaires et surchargées d’ornements. Le même esprit caractérise le thème  » Kilt  » où les chaînes, colliers et sautoirs noirs flirtent avec des disques ou des épingles de nourrice dorés.  » Ricochet  » affiche, lui, le total look noir. Les superbes colliers et boucles d’oreille sont réalisés avec de volumineuses pierres noires où les jeux de taille sont essentiels.

Les parures de Jean Paul Gaultier sont tour à tour baroques, romantiques et florales.  » Strass Cluster  » met en scène les cristaux de roche, montés sur du métal noir ou vieil argent. Les pierres, déclinées dans une ravissante palette aux couleurs d’automne, déploient des tonalités ambre, cognac, caramel et gris fumé. Colliers, tours de cou et boucles d’oreille, opulents et exubérants, jouent résolument la carte de la  » fantaisie « . Les bracelets, gros joncs massifs abondamment parés de pierres séduisent par des formes rondes, carrées ou triangulaires. Plus fin et plus précieux,  » Royal Explosion  » évoque les bijoux de princesse. Les pierres et les perles, montées avec délicatesse sur de fines structures en métal rigide, s’accompagnent de belles variations chromatiques autour du bleu saphir, du rose topaze et du jaune citrine.

Chez Sonia Rykiel, les bijoux font partie intégrante de l’esprit maison. Avec ses images fortes : les broches strassées, les fleurs, les n£uds, les c£urs, les bouches, les hirondelles et les étoiles, ils reflètent l’identité de la maison, parisienne, décontractée, ayant le sens du jeu plus que du sérieux. Très dans l’air du temps, les bracelets sont de joncs larges en résine, ornés de fleurs dessinées, tandis que les sautoirs boules déclinent les couleurs fashion de la saison, le rouge, le vert, le gris et le violet.

Chez Louis Vuitton, le bijou prolonge la collection de prêt-à-porter dont l’héroïne est une beauté sereine et délicate sortie tout droit d’un tableau de Vermeer. Le modèle phare ? Ce collier de plumes blanches ou bleues et de cristal de roche qui rehaussera d’une façon spectaculaire un simple haut en cachemire noir. Des manchettes en cuivre dotées d’une finition ruthénium ou or pâle véhiculent des influences exotiques plus marquées.

Chez Kenzo, le bijou se place également dans le contexte de la collection de prêt-à-porter, dédiée à l’Amérique latine, à l’Espagne et au tango. Les sautoirs, les manchettes et les bagues en Bakélite s’ornent de têtes de taureau ou de roses géantes, rythmés d’un trio chromatique fort et un brin dramatique de rouge ardent, de noir profond et d’écru. Un esprit plus délicat et lumineux souffle en revanche sur les colliers de chien en strass rouge, rose ou blanc.

Maroquinerie et bijouterie de fantaisie dans l’air du temps

La vogue des bijoux de  » fantaisie  » n’épargne pas les belles maisons de maroquinerie. Les collections deviennent de plus en plus accessoirisées et les femmes réclament une silhouette complète, bijoux inclus.

Hermès développe et élargit ainsi sa mini-collection en jouant la carte patrimoniale et le travail artisanal d’exception. Les bracelets, volumineux, s’inspirent des codes de la maison, en interprétant le mors de cheval ou la peau de crocodile reproduite sur l’or jaune. La corne blonde s’associe à l’alligator mat bordé d’une piqûre sellier dans ce collier  » éthnique chic  » d’une grande originalité. L’émail, matériau cher à Hermès, habille des bracelets joncs, décorés d’une ronde de  » H  » emblématiques. Incontournable, le cuir s’invite dans ce bracelet au tressage complexe qui se croise sur le poignet et se ferme par une simple boucle de métal.

Une mini-collection de bijoux, très réussie, fait également son apparition chez Delvaux. Des poignées de force en galuchat ou en alligator, des bracelets tressés en chèvre glacée ou en poisson affichent fièrement le  » D  » en argent, tandis que les colliers minimalistes à pendeloques ou à pompons s’inscrivent dans l’air du temps pour composer une allure branchée.

Barbara Witkowska

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