A quoi ressemblera l’homme de l’été 2008 ?  » A une femme « , répondront les mauvaises langues. Et c’est vrai qu’on pouvait parfois se demander si les créateurs de mode ne s’étaient pas emmêlés les aiguilles à Milan lors des défilés printemps-été 2008. Les imprimés fleuris, les silhouettes graciles, les matières transparentes, les déclinaisons de rose, les sandales à lanières en cuir ou les éclats dorés trouveraient facilement leur place dans le vestiaire féminin… Pas d’erreur sur la marchandise cependant, Milan n’a fait que s’engouffrer dans la brèche de la féminisation rampante des us et coutumes. Et c’est tant mieux pour le spectacle. Les couturiers lâchent la bride et revisitent leurs classiques sous toutes les coutures, sans forcer sur le côté bling-bling comme ces dernières années. A part peut-être un Valentino, irréductible Gaulois du costume d’Epinal, les autres détournent, déstructurent, combinent à tout va, avec pour seule préoccupation, semble-t-il, d’inventer de nouveaux standards à l’élégance pétillante. Giorgio Armani explore les limites de la fluidité, Prada abat son as de carreaux, Burberry entonne le répertoire pop. Du coup, les podiums charrient un large éventail de profils, du néo-punk clouté (D&G ou Neil Barrett) au sosie de Corto Maltese (Gianni Versace ou Les Hommes) en passant par l’urbain décomplexé (Dries Van Noten) ou le flambeur excentrique (Roberto Cavalli, John Richmond…). Le message est clair : messieurs, faites vos jeux ! Prenez des risques ! Sous-entendu : jetez aux orties vos carapaces sans âme. D’humeur changeante, cette mode vagabonde navigue entre gaieté et sobriété, entre tradition et subversion soft. Si elle laisse parfois sur sa faim, rarement elle ennuie. L’homme raffiné, espiègle ou rebelle y trouvera son compte. Pour célébrer cet esprit festif qui puise abondamment à la source du passé (témoin le retour en force de la veste zippée), Milan avait convié à sa table un généreux soleil. Par contre, pour le défilé de stars, on repassera. De préférence en octobre lors des collections Femme, nettement plus people. Car hormis le petit-fils de Marlon Brando, Tuki, nouveau visage de Versace, et le fantôme de Gwyneth Paltrow, venue en coup de vent assister au lancement en petit comité du premier parfum masculin de Tom Ford, For Men, il faut bien dire que les chasseurs d’autographes n’ont pas eu grand-chose à se mettre sous la plume. Pour une fois, l’essentiel était ailleurs…

Laurent Raphaël

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