La comédienne, révélée par des films de kung-fu, est stupéfiante dans The Lady, de Luc Besson, où elle incarne Aung San Suu Kyi, la militante birmane Prix Nobel de la paix en 1991.

A ung San Suu Kyi, c’est vraiment elle. Et c’est un pur défi pour l’héroïne de Tigre et dragon, la James Bond girl de Demain ne meurt jamais… Des films où cette  » Jackie Chan au féminin  » se battait avec sabres et poings, loin, très loin donc, de la philosophie de Gandhi chère à Aung San Suu Kyi. Dans The Lady, Michelle Yeoh est crédible de bout en bout. Et sa ressemblance avec la militante est troublante. Sur le plateau du tournage, en Thaïlande, les 200 figurants birmans en sont restés interdits.  » Certains me serraient la main et me félicitaient comme si j’étais elle.  » En septembre dernier, lorsque le film est présenté au festival de Toronto (*), des spectateurs lui tendent même des photos du Prix Nobel à dédicacer. C’est Michelle Yeoh qui a initié le projet de The Lady, et contacté Luc Besson, un ami de son mari, Jean Todt (président de la Fédération internationale de l’automobile).

Elle a préparé le rôle comme jamais.  » Avant même le tournage, Michelle était habitée par le personnage « , assure Besson. La comédienne malaisienne a perdu 6 kilos pour le rôle, visionné deux cents heures de rushes consacrés à Suu Kyi, lu ses livres. Elle découvre aussi la tragédie personnelle, plus méconnue, de la militante birmane. Assignée à résidence à Rangoon mais libre de rejoindre sa famille en Angleterre sans espoir de retour, l’opposante n’abandonna jamais son combat pour veiller son mari condamné par un cancer.  » Alors que son âme s£ur mourait, s’émeut la comédienne, et que ses deux enfants étaient scolarisés en Grande-Bretagne, Suu Kyi a tenu bon en rappelant que le peuple birman souffrait davantage qu’elle.  » Michelle Yeoh a rencontré son modèle en Birmanie.  » Aung San Suu Kyi m’a d’abord remerciée de veiller sur ses enfants, présents sur le plateau du film, dit-elle. Puis on a évoqué ma famille, la Malaisie, la méditation… C’est une personne très à l’écoute des autres, qui n’essaie pas de vous enseigner quelque chose. Il émane d’elle une force incroyable. Comprendre la vérité intérieure de cette pacifiste passionnée et engagée a été pour moi une « illumination ».  » Depuis le 13 novembre 2010, Aung San Suu Kyi est libre. Mais Michelle, désormais interdite de séjour en Birmanie, n’a pu la revoir.

Elle nous épate depuis longtemps. Née en Malaisie, Michelle Yeoh a suivi une formation de ballerine à la Royal Academy de Londres avant de s’initier aux arts martiaux. Et de s’imposer  » en reine du cinéma d’action asiatique, catégorie poupée flingueuse « , comme on la qualifie. C’est à l’époque une casse-cou, une casse-bras, une casse-jambes jamais doublée pour les scènes de cascades. Après une série de succès à Hongkong, puis le fameux James Bond où elle joue un agent secret chinois, elle s’impose dans Tigre et dragon, d’Ang Lee, puis Mémoires d’une geisha, de Rob Marshall, deux succès internationaux.  » Je choisis mes rôles lorsque je vois des étincelles dans les yeux du réalisateur. Ang Lee, par exemple, me parlait de Tigre et dragon à la manière d’un peintre « , raconte-t-elle avec admiration. Dans un éclat de rire, elle imite alors le cinéaste taïwanais. Puis vous demande de lui recommander les films du moment. Et note illico les conseils.

Dans la vie, c’est aussi une lady.  » Michelle n’est surtout pas une diva « , confie David Thewlis, qui interprète son mari dans The Lady. L’actrice, douce, simple, naturelle, choisie récemment comme ambassadrice de la marque Guerlain, est le contraire d’une star.  » Mon secret, c’est ma famille, qui me permet de garder les pieds sur terre. Et mes lectures.  » Michelle Yeoh, nourrie de philosophie bouddhiste, prêche le bien-être de son prochain. Elle s’est investie dans le programme Road Safety de l’ONU, soit une décennie d’actions pour la sécurité routière.  » 1,3 million de personnes meurent chaque année dans le monde. Notre but est de sauver 5 millions de vies les dix prochaines années.  » Son mari, Jean Todt, lui a soufflé l’idée de cette mission.  » Il révèle le meilleur de moi-même.  » Michelle Yeoh, une lady, altruiste et accomplie.

(*) Sortie en Belgique : ce 21 décembre.

PAR JULIEN WELTER

 » COMPRENDRE LA VÉRITÉ INTÉRIEURE D’AUNG SAN SUU KYI A ÉTÉ POUR MOI UNE « ILLUMINATION » . « 

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