Avec érudition et drôlerie, Juliette Nothomb nous livre chaque semaine ses recettes, tours de main et réflexions culinaires. Tout un art, brodé à petits points avec un humour bien de famille …

Le glögg

Durant leur premier séjour au Japon entre la fin des années 1960 et le début de la décennie suivante, mes parents s’étaient liés d’amitié avec une famille finlandaise qui habitait notre quartier. Outre qu’il s’agissait de gens charmants et, comme tous les Finnois, brillants, diserts et rigolards, ces derniers nous ont appris quelques traits de leur pays. Rassurez-vous, Ô lecteur respectable, je ne vais pas vous raconter des histoires de séances de sauna que – là-bas – les représentants des deux sexes, très peu vêtus, entrecoupent de galipettes dans la neige fraîche. Je resterai sagement dans la délicieuse sphère des images d’Epinal en vous évoquant l’une ou l’autre coutume de Noël de ce pays si attaché à ce type de traditions.

Leur sapin, par exemple, était décoré exclusivement de biscuits faits maison où la pâtissière avait ménagé un trou pour y passer le ruban qui les attachait à l’arbre, ainsi que de mandarines fixées de la même façon ; durant toute la période de Noël, les enfants ont le droit de déguster les décorations et, lorsqu’il est temps de jeter le sapin, celui-ci est vide. Pratique pour le rangement !

La deuxième coutume, c’est le  » Glögg « .

Eh là, interlude !

Pourquoi diable, me direz-vous, aller parler de traditions de Noël alors qu’à ce jour nous finissons à peine de ranger les boules et balayer les épines de nos sapins ? Notre chroniqueuse a-t-elle perdu le nord, ou est-elle plutôt restée congelée en ces terres froides ?

Attendez donc, lecteur interloqué : vous verrez ci-dessous et ci-contre que la tradition et la recette qui vont suivre se savourent tout l’hiver, et là nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge !

Les Finlandais concoctent en cette froide saison un équivalent de notre vin chaud, qu’ils appellent le  » Glögg « . Un breuvage à réveiller un mort ou à endormir un vivant, comme vous préférez. Seul impératif avant de déguster cet élixir détonant : ne pas devoir prendre le volant aprèsà d’ailleurs vous en serez franchement incapable. Quant à l’adage  » à savourer avec modération « , inutile de vous le seriner, car vous vous endormirez après un seul verre…

Last but not least, les marmots adorent… éloignez-les du breuvage ou donnez-leur- en une petite dose qui les enverra aux plumes, si vous désirez avoir la paix…

Voici donc cette recette qui, bien que décapante, est un délice riche de parfums .

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