Barbara Witkowska Journaliste

Les jeunes créatrices de maillots de bain ont le goût du voyage. Voyage dans l’espace avec des collections inspirées par des destinations de rêve. Voyage dans le temps avec un esprit vintage tout droit sorti des années 1940, 1950 et 1980. Irrésistiblement fashion.

Entre coquetterie glamoureuse et épure minimaliste, le c£ur de Valentina Vox balance. La collection la plus pétillante de la saison s’autorise des déclinaisons nombreuses : incursions nostalgiques dans l’ambiance musicale et cinématographique des années 1980, évocations subtiles de l’architecture rigoureuse du Bauhaus ou de l’architecture contemporaine belge, hédonisme extraverti des plages brésiliennes… Les bikinis jouent la carte du  » small is beautifull  » avec des lignes redessinées, épurées et très actuelles. Parfois, une jupette amovible, avec un système de clips, se pose sur les hanches, tel un mini-paréo. Ailleurs, des galets et des perles en bois, des bouts de raphia ou des fils de cuir ajoutent une touche hippie chic. Certains modèles s’emparent d’ornements cloutés, d’effets  » transfert « , de motifs de broderie anglaise. Tout le charme des grands classiques.

Les faux  » une pièce  » osent des découpes audacieuses, s’amusent avec des brides, lanières et volants. Omniprésent sur les podiums des défilés prêt-à-porter 2006, le blanc comble également nos envies de pureté. Mat, satiné, brillant ou laqué, c’est l’instant zen de cet été. La gourmandise acidulée, selon Valentina Vox, est ainsi exploitée dans tous les tons de l’arc-en-ciel et mise en lumière par des matières toujours plus sophistiquées, des polyamides stretch au toucher glissant ou des cotons soyeux. Le noir continue à s’imposer, mais par touches, contrasté par un lurex sophistiqué et lumineux. En début de soirée, quand la fraîcheur s’installe sur la plage, on enfile une tunique en mousseline de soie ou une robe en jersey vieilli. De la sophistication encore et toujours…

Derrière Valentina Vox se cachent non pas une seule créatrice mais deux jolies s£urs, Stéphanie et Vanessa Kula. Filles d’Edouard Kula, footballeur star des années 1970, elles grandissent dans le Midi, entre Aix-en-Provence et Marseille. Après le bac, leurs chemins se séparent. Vanessa se tourne vers la comédie, travaille comme mannequin, décore des boutiques. Stéphanie décroche de son côté une licence en Sciences économiques, puis complète sa formation à l’école Mod Spe (école de la Fédération du prêt-à-porter à Paris). Son objectif ? Faire carrière dans la mode et monter sa propre société.

Pour commencer, elle assiste Barbara Bui, puis devient le bras droit de Fayçal Amor, chez Plein Sud, pour la collection Femme. Au bout de quatre ans, elle connaît l’entreprise sur le bout des doigts, tant sur le plan commercial que sur le plan créatif. Il est donc temps, selon elle, de se lancer à son propre compte. L’idée d’une ligne de maillots s’impose d’emblée. Grande voyageuse, Stéphanie connaît bien les hôtels chics et les plages branchées. Mais le domaine des maillots de luxe présente, à ses yeux, quelques lacunes. Lacunes qu’elle ambitionne de combler avec sa griffe glam’rock chic, née en été 2005 et baptisée Valentina Vox.

Séduite par l’aventure, Vanessa rejoint sa s£ur et une synergie atypique s’installe alors entre les demoiselles Kula. Vanessa, avec ses  » idées frivoles  » éloignées du contexte de la mode, pousse en effet Stéphanie à sortir des sentiers battus et à imaginer des collections particulières qui n’existent nulle part ailleurs. La distribution suit le même chemin original. On trouve les maillots Valentina Vox dans des boutiques de créateurs à Saint-Tropez, à Los Angeles, en Israël, ou encore dans des hôtels chics et branchés au bord des plages. Stéphanie, avec sa jolie tête bien faite, voit déjà plus loin et planche désormais sur une boutique entièrement dédiée au beachwear : vêtements, chaussures, sacs, accessoires, bref toute une panoplie chic et glamour pour passer des vacances réussies à la mer.

Destinations de rêve

Avec la collection IC Pearl, une autre marque balnéaire délicieusement branchée, on s’évade encore plus loin. Au Brésil, on croise des danseuses de samba. Dans les îles de Hawaï ou de Tahiti, on déambule entre palmiers et cocotiers. Dans les mers exotiques, on tombe sur des pirates. Plus près de nous, on s’amuse en Italie à coups de couleurs fun, de strass et de paillettes. Les modèles, impeccablement coupés, vont à l’essentiel. Le bikini se compose d’une culotte et d’un soutien-gorge triangle, tandis que les maillots  » une pièce « , chics et classiques, s’offrent juste une petite fantaisie coquine sous forme de découpes ovales au-dessus des hanches. Le tout est admirablement taillé dans un polyamide de top qualité. Les motifs sont découpés et assemblés à la main dans un esprit patchwork, tout comme les perles, strass, plumes et rubans. Le côté créateur et artisanal de IC Pearl est évident.

Derrière ce nom à consonance anglo-saxonne se cache pourtant une marque 100 % française. IC renvoie aux initiales de la créatrice, Isabelle Collomb. Amoureuse de perles et de coquillages, elle y a naturellement ajouté le mot Pearl et l’ensemble sonne vraiment bien. Dans sa vie antérieure, Isabelle était danseuse et chorégraphe. Elle avait même son club de fitness et une école de danse. Lorsqu’elle a décidé de changer de vie, en 2004, elle n’a pas hésité longtemps. La mode était une passion depuis toujours, alors pourquoi ne pas lancer sa propre ligne, plus précisément une ligne de lingerie et de balnéaire, tellement proches de l’univers de la danse et du fitness ? Le concept : s’amuser en concevant les dessous et les maillots comme un jeu.

Avec la complicité de Bénédicte Borrel, Isabelle dessine donc des modèles  » fun  » qui racontent  » des histoires de voyages, d’amour et de rencontres « . On les trouve, notamment, aux Galeries Lafayette, à Paris. Vite repérées par les professionnels, les deux jeunes créatrices sont aujourd’hui sollicitées pour des événements. Elles ont notamment créé une ligne pour le Lido de Paris, ont participé au Podium Brésil aux Galeries Lafayette et au Podium Argentine au Bijenkorf à Amsterdam, et enfin imaginé des modèles pour l’ouverture du magasin Victoria’s Secret à Las Vegas. Même Chantal Thomass, la reine des froufrous, leur a commandé une mini-ligne. C’est dire…

Voyage dans le temps

Une bonne dose de charme d’antan, une goutte de féminité, une pincée de frivolité et un coup de baguette magique : tel est le filtre de séduction signé Vanessa Schleimer. Formée à l’Atelier Chardon Savard et chez Stella Cadente, Torrente et Lagerfeld Gallery, la jeune femme a créé sa collection de lingerie et de balnéaire, joliment baptisée Bien Fée pour Toi. Conçue comme un conte pour enfants, elle a pour héroïne une femme romantique, sensuelle et un brin provocante qui s’invente son propre univers de séduction en mélangeant, au gré de ses envies, une panoplie de ravissantes petites pièces : soutien-gorge foulard, bandeau ou triangle, mini-boxer, culotte à n£uds ou à volants et, en prime, une mini-jupe paréo. Le tout décliné dans de beaux pastels pleins de fraîcheur : fuchsia, violine et bleu lagon. Une palette raffinée qui n’a pas fini de nous griser…

Derrière les collections de State of Undress (SOU), une autre ligne balnéaire tout aussi séduisante, se cachent deux Canadiennes formées au Central Saint Martins College of Art and Design de Londres. Alexandra Suhner dessine les modèles, tandis que Emma Cheevers  » mène la barque « . Le concept ? Une ligne de lingerie et une collection balnéaire très luxe, évoquant l’univers glamoureux des pin-up des années 1940. Des imprimés chatoyants, déclinés dans une palette de verts ou de roses, se posent en effet sur des mini-culottes, des soutiens-gorge foulard et des maillots  » une pièce « . Le n£ud, omniprésent, s’installe partout. Il souligne la pureté des lignes et l’esprit poétique de cette collection,  » so  » femme.

Enfin, signalons également la talentueuse Guia La Bruna qui baigne, depuis son enfance, dans l’univers chatoyant des dessous féminins. Après avoir longuement assisté sa mère, créatrice de lingerie et de balnéaire réputée à Turin, elle a lancé sa propre marque en 2004 en récupérant les patrons dans les ateliers familiaux pour les retravailler au goût du jour. Sa collection de balnéaire s’inspire des premiers concours de beauté italiens, dans les années 1950 et des grandes divas italiennes. Les bikinis sont conçus comme des patchworks de cotons imprimés Liberty. Les coupes, impeccables et épurées, ont un léger parfum rétro. Les volants s’invitent dans la collection. Ils virevoltent sur les hanches et taquinent le décolleté, dans la droite ligne de nos froufrous d’antan. A croquer…

Carnet d’adresses en page 68.

Barbara Witkowska

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