Oscar Coop-Phane est un vrai feu follet, saisissant les âmes esseulées. Le Prix de Flore 2012 sort un second roman écrit sur le fil du rasoir. Un shoot de mots, où un trio d’amis se noie dans Berlin by night.

La lecture, refuge ou nourriture ?

Les deux. Enfant unique, j’ai commencé à bouquiner par ennui. Une grosse claque à 15 ans : Flaubert, qui m’a donné envie d’écrire.

L’écrivain est-il  » l’aventurier qui fait arriver les aventures ou celui à qui les aventures arrivent  » ?

Je me perçois comme un observateur vampirique. Tout me sert, la moindre tristesse ou rupture amoureuse.

Qu’explorez-vous dans les portraits ?

J’essaie de savoir ce que les gens pensent ou ressentent. Mon souhait ? Comprendre les filles (rires).

Pourquoi aimez-vous les marginaux ?

Parce qu’ils me touchent. Les désaxés et les désoeuvrés sont terriblement poétiques. Aux héros, je préfère les êtres de la vie ordinaire. La question de la place m’obsède. J’aime me mettre à l’écart pour scruter ma génération : la génération Facebook, celle de l’immédiateté des rapports. A Berlin, on avait tous 20 ans, on dansait sur la musique techno en prenant les mêmes drogues. Notre époque nous permet de connaître celle d’hier et d’aujourd’hui. Côté mode, je reste vintage.

Vous publiez aujourd’hui Demain Berlin (1). Pour vous, cette ville rime avec…

La  » ville de la mort « . J’ai loupé un truc avec elle. Berlin est lié au mode de vie festif. Après en avoir bavé avec l’Histoire, les Berlinois ont besoin de se lâcher. Le monde de la nuit m’a appris à toucher le fond. Je suis parti pour me sauver.

L’amour, bouée ou brûlure ?

Un moment d’ancrage, même si ça finit mal pour mes héros. C’est rassurant de ne pas être seul, or on le reste toujours. Il est rare de tomber amoureux, certains n’en sont pas capables.

Votre héros Tobias  » n’aurait pu vivre sans béquilles « . Et vous ?

Il y a eu la drogue, l’envie de traîner dans les bars et de voir des copains. Bien qu’étant solitaire, j’ai besoin de tendresse. Et puis, il y a les bouquins et l’écriture.

Quand vous sentez-vous  » un homme nouveau  » ?

Je dois changer, tous les ans, de mode de vie. Que ce soit d’appart, de ville, de boulot, je n’avance que dans la rupture et la fuite.

Que symbolise pour vous le Prix de Flore décroché pour Zénith Hôtel(2) ?

Quelle chouette surprise ! Le bistrot de Sartre me faisait fantasmer et la liste des lauréats précédents, comme Houellebecq, m’encourage à continuer.

Votre plus grand trésor…

La liberté, or on peut se perdre en elle. Il est plus facile de mener une existence paisible. J’aime voir la vie comme une valse.

(1) Demain Berlin, par Oscar Coop-Phane, Finitude, 174 pages.

(2) Zénith Hôtel, par Oscar Coop-Phane, Finitude, 128 pages.

KERENN ELKAÏM

AUX HÉROS, JE PRÉFÈRE LES ÊTRES DE LA VIE ORDINAIRE.

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