Formidable machine à créer des souvenirs et moment privilégié pour les mamans qui adorent gâter leurs petits, le quatre-heures reprend du galon. Laissez-vous couler dans la nouvelle régression sucrée.

Brigitte voyage beaucoup. Quand ce n’est pas New York, c’est Londres ou Barcelone. Bizarrement, ses enfants ne lui en veulent pas. C’est que cette maman de 39 ans qui évolue dans la finance sait comment se faire pardonner. Pas un de ses déplacements sans qu’elle ne ramène l’un de ces cadeaux qui mettent du baume au coeur de Camille et Nicolas. Des jouets ? Non. Des gadgets électroniques ? Pas plus. Ce qui fait vibrer ses deux  » amours « , comme elle les appelle, se mange : des confiseries dénichées aux quatre coins du monde. A 12 et 8 ans, sa fille et son fils possèdent un impressionnant background de docteurs ès sucreries. Ne songez même pas à les apprivoiser si vos cupcakes ne viennent pas de chez Primrose Bakery, une boutique de Covent Garden, à Londres.  » C’est le meilleur glaçage que j’ai jamais goûté, explique Camille le plus sérieusement du monde. Il est à la fois fondant et très croquant.  » Pour les impressionner, Brigitte a plus d’un tour dans son sac. Cette dingue de douceurs est capable de faire un aller-retour en Thalys sur l’après-midi rien que pour ramener des pâtisseries algériennes de La Bague de Kenza, voire des macarons Ladurée. Quand elle se déplace à Marrakech, elle fourre ses valises de cornes de gazelle au suc d’agrume et de ktaiefs aux pistaches dénichés à la Pâtisserie des Princes. D’Istanbul, la businesswoman ne manque jamais de ramener du baklava, formidable mélange d’amandes, de pâte de pistache, de sirop, de noisettes et de noix.  » On adore quand maman ouvre sa valise à merveilles, zézaie Nicolas en repoussant du doigt ses lunettes sur son nez. Mais ce que je préfère, c’est quand on cuisine ensemble.  » C’est un rituel du samedi après-midi, du moins de ceux où elle n’est pas à l’étranger, auquel Brigitte ne se soustrairait pour rien au monde : la réalisation d’un gâteau ou d’une pâtisserie. Mille-feuille, Paris-Brest, Forêt-Noire, coulant, fondant, éclair… Tout y passe. A chaque fois,  » la cuisine est transformée en champ de bataille  » mais  » le résultat est toujours alléchant « , garantit la spécialiste du LBO – un mécanisme économique d’acquisition avec effet de levier.

NOUVEAU SOCLE GOURMAND

La folie du sucre qui anime Brigitte et ses enfants ne sort pas de nulle part. C’est au contraire l’engouement d’une époque tout entière qui s’exprime là. Après avoir longtemps végété au purgatoire de la gastronomie, les pâtissiers ont fait leur retour en force grâce à la cuisine moléculaire dont ils ont été les initiateurs avec leur sens inné du dosage au milligramme près. A titre d’exemple, on évoquera le rôle non négligeable du pâtissier Albert Adrià dans l’accession de son frère Ferran au titre de meilleur chef du monde. Mais il y a également le Français Pierre Hermé, géant du goût et champion du macaron, qui a joué les éclaireurs. Ce sont ces talents-là qui ont préparé l’avènement du sucré. Aujourd’hui, tout le monde glisse le pied dans la porte, tant le créneau crée d’émules. A ce titre, Paris fait figure de ville emblématique. Un délice comme le chou à la crème y voit son blason redoré par le biais d’une série de boutiques qui lui sont entièrement consacrées, de Popelini – où ils sont vendus à la pièce -, à Odette, en passant par La Maison du Chou, adresse ouverte par le chef Manuel Martinez dans le VIe arrondissement. Idem pour l’éclair qui est défendu bec et ongles par L’Eclair de Génie du pâtissier Christophe Adam.

Chez nous, le goûter peut également compter sur d’excellents fournisseurs. Parmi les pionniers, on pointe Les Tartes de Françoise, adresse imparable qui a démarré dans une minuscule cuisine, celle de Françoise et Olivier Laffut. Vingt ans plus tard, si l’image s’est polie à la faveur de belles boutiques, la qualité est toujours au rendez-vous des gourmands. Les stars maison sont la tarte fromage blanc spéculoos, qui séduit par sa fraîcheur et son biscuit à la cannelle très croquant, ainsi que celle aux fruits rouges meringués.

Outre les Pierre Marcolini, Charli ou Stoffels à Liège, que l’on ne présente plus, le pays peut également compter sur des artisans comme Yves Guns ou Stephen Vandeparre. Connu comme boulanger – il signe des pains d’exception pour le restaurant étoilé bruxellois Bon-Bon -, le premier est un spécialiste de la boule de Berlin, une pâtisserie d’origine austro-allemande qui fait un malheur en Belgique. Quant au second, chocolatier et glacier, il livre une intéressante version de l’éclair, fourrée à la vanille.

Les Tartes de Françoise, www.tartes.be

Stephen Vandeparre, www.chocolaterie-vandeparre.be

Yves Guns, 166, Mechelsesteenweg, à 1933 Sterrebeek. Tél. : 02 731 19 70. www.yvesguns.be

PAR MICHEL VERLINDEN

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