Déjà toute petite, vous pensiez être actrice et rien qu’actrice ?

Je pense que oui. Lors de mes humanités dans une école de soeurs, j’avais choisi l’orientation théâtre. Puis je l’avoue, j’ai hésité: allais-je devenir avocate? La rencontre de Jean-Michel Frère, professeur d’art dramatique, a été déterminante. Il a mis en scène « SC 35 C », un spectacle de danse-théâtre auquel j’ai participé. C’est lui qui,croyant en mes possibilités, m’a dit:  » Essaie au moins à Paris; ça vaut le coup. »

On n’a tout de même pas dû vous embarquer de force dans le train de Paris…

Oh non, mais j’ai débarqué en gare du Nord sans connaître personne. J’ai cherché l’équivalent d’un centre Infor Jeunes. Une petite annonce proposait un emploi de jeune fille au pair dans une famille du XVIe arrondissement. On m’a engagée au salaire de 1 500 F/mois (environ 10 000 F). J’étais logée et  » nourrie  » si l’on peut dire car j’ai découvert, à mon grand étonnement, que là-bas les gens mangent 2 à 3 fois moins qu’en Belgique.

Cela mis à part, c’était le Pérou ?

La cata! Le cours d’art dramatique auquel je me suis inscrite coûtait chaque mois 1 200 F (environ 7 500 F). Je broyais du noir, car cela se passait plutôt mal avec la famille d’emploi. Je m’ennuyais à mourir et je m’empiffrais véritablement. Dès que j’avais trois sous, je prenais le train pour retrouver Namur.

Votre famille était-elle contre ces ambitions ?

Pas du tout, mais mes parents n’étaient pas en mesure de m’aider financièrement. Heureusement, j’ai pu bénéficier d’une des bourses que la Province de Namur offre à de jeunes artistes, grâce au  » Fonds Thirionet « . Cela m’a permis de disposer du minimum vital.

Ce n’est qu’un début.

J’ai participé à plusieurs castings. Richard Berry ( NDLR: le comédien devenu réalisateur signe  » L’Art délicat de la séduction  » actuellement à l’affiche) a d’abord pensé à moi pour un rôle – mineur – de prostituée. J’ai fait un essai. Le directeur de production m’a proposé de le rencontrer pour évoquer le personnage. Berry et moi avons parlé assez longuement. Au bout d’un moment, il m’a déclaré:  » Je te verrais bien jouer le premier rôle. Tu pourrais lire le scénario ?  » J’ai accepté.

Quels sont vos projets ?

Deux films: un très bientôt sous la direction de Luc Pagès, puis un autre de Cédric Klapisch, le réalisateur avec lequel j’avais depuis longtemps envie de travailler. Le tournage aura lieu à Barcelone et la distribution est très internationale .

Vous avez deux amours, mon Namur et Paris

Je les apprécie c’est sûr, mais je ne suis pas rivée à mon petit arpent. Le théâtre m’a déjà menée à Prague et à Amsterdam et j’entends bien découvrir d’autres endroits. Je suis curieuse des autres.

Actrice jouant le rôle vedette d’un film sur la séduction, vous êtes forcément une séductrice accomplie…

Demandez donc à Guillaume, mon copain: je pensais le séduire et pendant trois semaines il n’a rien remarqué. Il était charmé. Le charme est plutôt passif; la séduction est active. Moi, je suis plus souvent dans le charme. La séduction? Il me semble que je ne sais pas trop actionner cette vraie machinerie. Puis on ne séduit pas que dans l’amour.

Propos recueillis par Marc Emile Baronheid

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