Traqueurs pacifistes, ils scrutent la rue et le Web pour révéler les tendances du moment. Ce sont les  » cool hunters « , chasseurs modernes de nouvelles sensations.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

Sale temps pour les trendsetters professionnels. Comprenez : les bureaux de style qui éditent, chaque saison, des cahiers de tendances fouillés à l’usage des grandes marques de luxe et autres directeurs de marketing ( lire, à ce propos,  » Les stratèges du futur  » dans Weekend Le Vif/L’Express du 7 septembre 2001). Car, aujourd’hui, la toute-puissance de ces renifleurs d’avenir institutionnalisés est tout bonnement menacée. La faute à Internet, aux blogs, aux  » cameraphones  » et à toutes ces maudites trouvailles technologiques qui ont redistribué les cartes du jeu. Explication : il y a dix ans à peine, les bureaux de tendances détenaient, en effet, le monopole du futur imminent. Forts de leur réseau d’espions éparpillés aux quatre coins du planisphère, ils dictaient alors les règles de ce qui serait bientôt  » in  » et  » out  » dans les trois années à venir. Or, depuis l’éclosion de la génération  » tout, tout de suite «  et surtout l’avènement de la mondialisation de l’information, le désir de connaître rapidement les courants émergents s’est fait de plus en plus pressant. D’autant plus que de nouvelles armes existent désormais pour partir facilement à l’assaut des tendances en gestation. Une photo prise dans la rue avec son téléphone portable à New York, Bombay ou Sydney et hop, le tour est joué ! Car il suffit ensuite de mettre simplement cette image sur son blog pour que la disponibilité de l’info en question soit globale et immédiate. D’ailleurs, aujourd’hui, une flopée de sites Internet s’amuse à épingler les tendances vestimentaires capturées, en pleine ville, sur des silhouettes anonymes. Que ce soit sur le bitume de Londres ( www.catwalkcity.com), de Séoul (www.seoulstyle.com), de Helsinki ( www.hel-looks.com) ou de Tokyo ( www.japanesestreets.com), chacun peut donc s’imprégner de l’air du temps  » exotique  » pour constituer sa propre garde-robe  » modeuse  » sans aucun frais de consultance ! Une variante virtuelle de ce fameux  » effet vitrine «  qui pousse la plupart des fashionistas à admirer l’inaccessible, sans pour autant le consommer sur place, afin de mieux le réinterpréter ensuite sous une forme inédite. Ce phénomène de mise à disposition mondiale est tel qu’une nouvelle race de trendsetters non professionnels est même en train d’émerger sur le Web. Baptisés  » cool hunters « , ces chasseurs de nouveautés en tout genre jouent désormais les trublions dans l’univers des tendanceurs, étant donné la totale gratuité de leurs services. De fait, comme les consommateurs sont de plus en plus friands d’informations mises en ligne par leurs  » semblables  » et non plus seulement par les marques commerciales, la panique gagne tout doucement les bureaux de style traditionnels. Du site danois www.joshspear.com à l’adresse www.charlesandmarie.com en passant par www.jcreport.com et le très logique www.thecoolhunter.net, on ne compte plus aujourd’hui les nouveaux tendanceurs amateurs qui s’imposent doucement sur la Toile. Leur approche est inédite ; leur décryptage des courants émergents, immédiat et pertinent. Chose amusante : sur le dernier site en question, on apprend d’ailleurs que Peter Weir, réalisateur entre autres de  » The Truman Show  » (1998), signera bientôt un film mettant précisément en scène une  » cool hunter  » ! Comme quoi la profession n’aura bientôt plus rien de mystérieux aux yeux du grand public…

Frédéric Brébant

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