Emmanuel Pierrat (1.) est un ténor du barreau de Paris, apprécié par de nombreuses personnalités. Manie cachée ? La  » collectionnite « , ou comment  » collectionner tout et n’importe quoi « . Visite dans l’antre d’un Ali Baba aux 40 bonheurs.

SALON À FOISON

Le moindre recoin de l’appartement parisien d’Emmanuel Pierrat est envahi par des £uvres tribales, des livres et des éléments inattendus, comme des pipes à opium.  » J’aime les objets qui ont une histoire.  » Ce mélange aussi hétéroclite (5.) qu’harmonieux  » ouvre le champ des possibles « . L’£il toujours alerte, le collectionneur avoue que sa boulimie relève de la pathologie.  » J’ai beau avoir vécu en Inde, je ne crois pas en la réincarnation. Aussi dois-je tout faire en une vie ! « 

VISAGES LETTRÉS

La cuisine fait cohabiter un portrait de Lénine, des dents de requins et une galerie d’écrivains.  » Elle m’évoque celle de mon Lycée Condorcet. Dire que Proust, Mallarmé ou les Goncourt ont fréquenté les mêmes bancs.  » Si le petit garçon collectionne les fèves, les plumes de stylo ou les bouchons de champagne, l’ado aime  » les gueules d’écrivains, rarement insipides « . Faute de moyens, il achète des cartes postales d’auteurs (4.). Son favori : Aveline,  » que nul ne lit, mais qui partage mon esprit polymorphe « .

L’ART DE L’ACCESSOIRE

Une enfance entre l’Afrique et la France éveille son amour pour les arts premiers et les bijoux tribaux.  » J’ai toujours porté des bracelets et des bagues volumineuses.  » Comme ce modèle inca en ivoire massif.  » Lorsque je plaide, j’aime mêler la rigueur de l’habit noir à l’aspect lourd et clinquant d’une bague. « 

GRIGRIS AU LIT

Le  » cabinet de curiosités  » se poursuit dans la chambre. Plusieurs créatures veillent, dont le boli (2.),  » animal mythologique sacré chez les Bambaras au Mali, qui permet de communiquer avec les esprits. Il est constitué de sang, d’excréments, de boue ou de plumes de poulets « . Sous ses airs de gendre idéal, Emmanuel Pierrat cache des failles assumées.  » Je suis un athée, ayant les pieds sur terre, or je possède une part d’irrationalité.  » Il parle à ses sculptures avant de s’endormir  » car ce sont des êtres vivants « . Son  » vaudou perso  » est assuré par des philtres d’amour ou de santé.

 » GODE  » MERCI !

Auteur, éditeur ou professeur, l’avocat a de multiples visages. Ses objets érotiques reflètent ce côté pile ou face. L’éventail d’Apollinaire (3.) se fait cachotier en dévoilant des femmes dénudées. Que dire du cadeau de Maurice Rheims,  » un saint Nicolas godemichet  » ?  » Entre collectionneurs, on se comprend. J’ai voyagé avec Claude Berry pour compléter nos collections ou aidé Robbe-Grillet à trouver un cactus. « 

La Collectionnite, par Emmanuel Pierrat, Le Passage, 153 pages.

KERENN ELKAÏM

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