L’auteur se frotte à une légende vivante en se penchant sur l’enfance, l’errance et la renaissance de John Lennon après les Beatles. La mélodie d’une vie, dont les partitions nuancées sont parfaitement restituées.

Où allez-vous quand  » vous voyagez en enfance  » ?

Lennon et moi partageons les voyages dans l’ennui. Peut-être est-ce source d’imagination ? Il n’y avait pas de livres chez nous. Je suis sorti du désert.

Pour vous, écrire, c’est  » mettre des lunettes sur les émotions  » ?

C’est parce que je vois mal que je suis devenu écrivain ( rires). Le flou pousse à l’imaginaire. Ce livreest écrit à la première personne car il s’agit d’une biographie émotionnelle. Loin de mystifier John, il exprime sa beauté et ses contradictions.

Qu’incarnent pour vous les Beatles ?

Je suis si fanatique de leur musique. Elle berce ma vie quotidienne. Leurs chansons me touchent, me hantent par leur belle simplicité. Chez Lennon, j’aime ce mélange d’intelligence du c£ur et de paroles poétiques.

Si vous étiez l’une de leurs chansons…

Mind Games, pour le jeu d’esprit et la distorsion de la réalité.

Se mettre dans la peau de John Lennon, est-ce grisant ou effrayant ?

Les deux, puisque j’ai plongé entièrement dans son existence pendant un an. À force d’être une présence dans ma vie, il m’a rendu un peu fou, mais que de frissons !

Quelle était sa fragilité ?

Sa mère. Lennon est aimé par la terre entière. Or il ne peut pas se constituer normalement après un tel abandon ( NDLR : enfant, il sera confié à la garde de sa tante).

Et sa force ?

Le miracle d’avoir survécu. Lennon a su choisir celle qui le sauvera : Yoko Ono. Elle est la femme la plus homme qui soit.

Qu’y a-t-il d’ambivalent en vous ?

L’instabilité chronique. Tout comme Lennon, je fais des allers-retours entre l’ombre et la lumière. Notre sensibilité vient de la souffrance.

Quels  » démons vous chatouillent les pieds  » ?

Le démon de la fuite, de la liberté et de la multitude. Incapable de choisir, je suis toujours tenté de partir.

Avez-vous peur du bonheur ?

Ce thème figure dans tous mes livres. J’aime que le bonheur soit au rivage de la douleur, comme s’il annonçait une chose négative. Lennon est assassiné alors qu’il est réconcilié avec la vie.

L’amour c’est…

L’improbable.

Votre  » compagnon de création  » ?

Je suis solitaire, mais je travaille à l’adaptation cinématographique de mon roman, La Délicatesse, avec mon frère Stéphane.

Une drogue ?

L’imprévu, j’ai la chance de ne pas avoir une vie linéaire.

 » La vie n’aime pas les bons vivants.  » Vous aime-t-elle ?

Je suis très gâté, mais je ne suis guère un bon vivant. Mélancolique et angoissé, je ne vis pas sur un nuage rose !

Vous n’existeriez pas sans…

La maladie, les femmes, la sensualité des £uvres et mon fils, qui est au c£ur de ma vie.

Lennon, par David Foenkinos, Plon, 236 pages.

KERENN ELKAÏM

Incapable de choisir, je suis toujours tenté de partir.

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